Grève Education Nationale : forte mobilisation dans le 1er degré


Plus de 270 grévistes se sont retrouvés ce lundi, au vice-rectorat.
PAPEETE, le 12 novembre 2018 - Plus de 50 % des fonctionnaires du 1er degré ont suivi l'appel de leurs syndicats respectifs, ce lundi. Dans le second degré, la Direction générale de l'enseignement et des enseignements (DGEE) note une mobilisation de près de 20 %. Les leaders syndicaux se disent tout de même satisfaits, puisque leurs doléances ont été transmises aux autorités compétentes basées en Polynésie.

"Non à la suppression, oui à la création", le ton était donné ce lundi matin, au niveau du vice-rectorat, à Titioro. Plus de 270 grévistes étaient présents, en réponse à l'appel national. Leur principale revendication porte sur la suppression de postes envisagée par le gouvernement central, l'an prochain.

Deux points de rendez-vous étaient fixés, le premier devant le haut-commissariat avec le syndicat du second degré, le SNES-FSU et le SNETAA-FO, et le deuxième rassemblement s'est fait devant le vice-rectorat, où plus de 200 grévistes étaient présents.

À l'issue des différentes rencontres avec les autorités compétentes, chaque organisation syndicale est sortie plutôt confiante, mais tout le monde devra attendre le retour du vice-recteur et de la ministre de l’Éducation, Christelle Lehartel, début décembre de Paris. En effet, le 29 novembre, un dialogue de gestion se tiendra en Métropole entre la Polynésie, le vice-recteur et le Ministère de l’Éducation nationale. "On nous a annoncés le maintien des postes, et c'est ce qu'ils vont prôner en métropole (…) Donc, on devrait avoir ce qu'il faut pour la rentrée prochaine. Mais, on va rester vigilants, on n'a pas d'écrit", souligne Diana Yieng Kow, secrétaire générale de la fédération Unsa Éducation en Polynésie.

"C'est le ministre qui nous donnera les arbitrages. Je ne peux pas dire s'il y aura des suppressions de poste ou pas. Ce que je dis, c'est que sur les deux dernières années, il n'y a pas eu de suppression de postes", répond, pour sa part, Philippe Couturaud, vice-recteur en Polynésie.

Dans le 1er degré, la mobilisation était importante avec plus de 55 % des enseignants grévistes, contre un peu plus de 18 % dans le second degré. En ce qui concerne le personnel non-enseignant (conseillers d'éducation, directeurs…), la DGEE note une faible participation aussi bien dans le 1er degré (18,33 %) que dans le second degré (28,8 %).

Les cours reprendront ce mardi matin, aux heures habituelles.


La parole aux syndicalistes

Thierry Barrère
Secrétaire général de AI-UNSA (administrations et intendance d'UNSA)

"On a supprimé 4,5 postes, ce qui est énorme pour notre pays"


"La revendication principale est la suppression de postes chez les administratifs. Au niveau national, il y a 400 personnes et en Polynésie, à la rentrée, on a supprimé 4,5 postes, ce qui est énorme pour notre pays. Par exemple, au lycée du Taaone, ils ont perdu un poste, au collège de Huahine, ils ont perdu 0,5 poste, un poste au lycée de Taravao. Un poste aussi au lycée de Faa'a. Ce sont des postes qui sont mis à la disposition du gouvernement de la Polynésie française. Ce sont des personnels de catégorie C, des adjoints administratifs."

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Sylviana Thieme
Secrétaire générale de UNSA ITRF

"Près de 176 CAE ont été reconduits dans l’Éducation"


"Ces réformes que le gouvernement central veut mettre en place, nous les subissons déjà depuis quelques années. L'arrivée de ces CAE prouve qu'il nous manque du personnel. Les réformes qui seront acquises en 2019 vont envenimer cette situation que nous subissons dans les écoles, et cela touchera tous les services. Près de 176 CAE ont été reconduits dans l’Éducation, depuis le début de l'année scolaire. Nous sommes nés ici et nous sommes tous parents d'élèves, nous ne venons pas exiger une augmentation de salaire. Nous sommes en train de sensibiliser l'opinion publique sur les problématiques qu'engendrent ces réformes de politiciens."

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Renaud Lorenzo
Secrétaire adjoint du SNES-FSU

"On s'inquiète beaucoup aussi pour les REP+"


"On sait qu'il y a une façon déguisée aussi de supprimer des postes, par exemple, de ne pas renouveler les départs à la retraite. Cette année, on nous annonce qu'il n'y aura aucune suppression, mais je vous rappelle qu'il y en a eu 26, l'an passé, ce qui est quand même énorme pour la Polynésie. Avec cette politique, on arrive avec des effectifs dans les classes, qui sont largement au maximum. On est parfois à 30 au collège, avec des conditions qui sont catastrophiques.

Mais, ce n'est pas tout, on s'inquiète beaucoup aussi pour les REP+, ces éducations prioritaires qui doivent être normalement renégociées l'année prochaine, et qui vont être sûrement gelées. Il n'y aura peut-être pas d'extension de la REP+, et si on ne donne pas plus de moyens pour des milieux qui en ont vraiment besoin, ça va être un véritable problème.
"


La parole aux autorités

Philippe Couturaud
Vice-recteur en Polynésie

"Il y a les moyens de remplacer en interne"


"Nous avons des résultats qui ne sont pas à la hauteur de nos espérances, par rapport aux élèves. Pour améliorer ces résultats, nous avons mis en marche, plusieurs démarches pédagogiques, dont une particulière, qui est d'ouvrir des classes de 6ème dans les îles où il n'y a pas de collèges (…) Donc, pour faire le point, dans le 1er degré, nous perdons des élèves. Il y a des problèmes de remplacement et de brigades de remplacement, mais c'est un problème de gestion interne à la Polynésie française, et de réorganisation des moyens, parce qu'il y a moins de 1 400 classes en Polynésie et 1 800 enseignants. Donc, il y a les moyens de remplacer en interne."

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Manuel Sanquer
Directeur cabinet au ministère de l’Éducation

"On a dépassé le quota de moyens de remplacement"


"Le vice-recteur se base sur les enseignants qui sont hors de la classe. Chez nous, il y a un nombre de classes qui est de 1 350 classes pour 1 800 enseignants. Donc, il fait la différence et cela donne un nombre d'enseignants en dehors de la classe, ce sont des conseillers pédagogiques, des enseignants-animateurs en reo ou en anglais ou en numérique. On a démarré la rentrée scolaire avec 0,8 % de postes où il n'y avait pas de personnel. À partir d'aujourd'hui, tous les postes manquant ont été vaqués. Il y a bien eu des personnels qui ont répondu à ces appels à candidature. Mais comme ce sont des postes dans les îles, eh bien, il n'y avait plus personnes. Donc, on a pris des habitants de l'île avec un Master. Si aujourd'hui, on se retrouve avec des personnels non remplacés, c'est qu'on a dépassé le quota de moyens de remplacement."



Rédigé par Corinne Tehetia le Lundi 12 Novembre 2018 à 17:31 | Lu 1626 fois