Grand dépistage de la tuberculose à Mahina


Le dépistage va durer jusqu'à 19h30 ce mardi soir.
MAHINA, le 19/09/2017 - Près de 800 personnes ont été invitées à se faire dépister ce mardi dans l'annexe de la salle omnisports. Des infirmiers, aides-soignantes ou encore médecins étaient présents pour accueillir ces habitants des quartiers du Taharaa. Une initiative qui a été mise en place en collaboration avec la municipalité.

On se croirait à une élection électorale ce mardi dans l'annexe de la salle omnisports de Mahina, avec les différents box qui y ont été préparés pour ce grand dépistage de tuberculose. Plusieurs panneaux ont été installés pour départager les différents quartiers de Taharaa.

Et ils seraient en tout près de 800 personnes à avoir été conviées pour ce dépistage. "Il y a eu des cas déclarés à Mahina et qui ont été traités assez rapidement, sur le secteur de Taharaa", explique Damas Teuira, maire de Mahina. Selon nos informations, il y aurait eu 3 ou 4 cas détectés à Mahina. Du coup, l'équipe municipale a effectué plusieurs réunions sur le secteur concerné, "pour inviter ces familles à venir se faire dépister".

Et pour le bon déroulement de l'opération, chacun savait ce qu'il avait à faire. "Les personnes arrivent et remplissent leurs identités auprès des agents de la commune de Mahina", précise Taote Marine Giard, responsable du bureau de veille sanitaire à la direction de la santé. "Ensuite, il y a un questionnaire clinique pour voir quels sont les signes médicaux que la personne peut avoir. On leur remet, par la suite, une ordonnance pour une radiographie, puis on fait une piqûre que l'on appelle l'intradermo réaction (IDR). On injecte un produit qu'on appelle la tuberculine, et dans trois jours, on va lire le résultat de l'IDR", poursuit la professionnelle de la santé.

Et pour cette première journée, les habitants du secteur de Taharaa étaient nombreux à avoir fait le déplacement. Parmi eux, on retrouve Ioane et sa compagne enceinte de huit mois. "Je préfère être prudent pour éviter d'avoir des surprises plus tard", lâche-t-il.

Un discours qui a été répété par toutes les personnes que nous avons rencontré. Ce qui est plutôt rassurant, surtout que la tuberculose est une maladie qui peut être traitée efficacement, même si le traitement est parfois dur à supporter. "Il dure au moins six mois, c'est un traitement par antibiotiques. Parfois, il y a plusieurs molécules dans un même comprimé. Mais au total, on dit qu'il y a quatre molécules pendant deux mois, puis deux molécules pendant quatre mois", détaille Taote Marine Giard (lire son interview ci-dessous).

Et pour cette journée, une quarantaine d'infirmiers, de médecins et d'aides-soignantes ont fait le déplacement.

Vendredi, place à la lecture des résultats. Les personnes reviendront pour voir si oui ou non, ils ont contracté la bactérie.

Chaque année, il y a 50 à 60 nouveaux cas de tuberculose en Polynésie française. "Aujourd'hui, nous en sommes à 40 depuis le début de l'année", prévient la responsable du bureau de veille sanitaire à la direction de la santé.


INTERVIEW

Marine Giard
Responsable du bureau de veille sanitaire à la direction de la santé


C'est quoi la tuberculose ?

"C'est une maladie qui est liée à une bactérie et qui peut prendre plusieurs formes. Mais le plus souvent, elle est pulmonaire, et quand elle est pulmonaire, elle peut être contagieuse. Elle se transmet par les sécrétions respiratoires. Quand on tousse, on projette la bactérie dans l'air, et on peut contaminer les personnes qui sont dans la même pièce ou qui sont à une courte distance. Le risque de contamination est augmenté quand on est proche, quand on reste longtemps de façon rapprochée, quand les rencontres sont répétées et quand on se retrouve dans une pièce qui est fermée et peu ventilée."

Y'a-t-il des risques de mort ?

"Il y a des risques de mort si on ne se traite pas. Par contre, si on se traite, on guérit de cette maladie. Mais le traitement est long. C'est embêtant pour les patients, mais c'est important de mener le traitement jusqu'au bout pour en guérir."

Quels sont les symptômes ?

"Pour la tuberculose pulmonaire, parce que c'est celle-ci qui est la plus fréquente, les symptômes sont : une fatigue générale, un amaigrissement, une toux qui traine, une fièvre pas trop élevée qui traine aussi et puis des sueurs la nuit."

Comment se déroule le dépistage ?

"Ça se passe en trois étapes. On va injecter à la surface de la peau en intradermique. En fait, on va interroger le corps pour voir s'il a déjà rencontré la bactérie. Et au bout de trois jours, si le corps a déjà rencontré la bactérie, il va réagir et il va faire une grosse induration. Et s'il n'a jamais rencontré la bactérie, ça va être tout petit ou on ne va rien voir."

Qui sont les personnes les plus vulnérables ?

"Tout le monde peut développer la maladie, et les personnes immunodéprimées sont les plus vulnérables. Ce sont des personnes qui ont d'autres maladies et qui les fragilisent. Du coup, elles développent plus facilement la tuberculose. Après, chez les enfants, nous sommes également très prudents parce que quand ils sont touchés, ils vont développer plus facilement la maladie."



LA PAROLE À

Tanou Cojan
Adjointe au maire en charge de la santé


"On a ciblé tous les quartiers de Taharaa"

"Ce sont près de 800 personnes recensées et concernées pour aujourd'hui. On a ciblé tous les quartiers de Taharaa, c'est toute une zone avec les servitudes."


Ioane
Habitant du quartier Tuiho


"La grand-mère de ma conjointe avait la tuberculose"

"On m'a demandé si je n'avais pas eu la toux, si j'avais perdu du poids. Ils m'ont injecté un produit sous la peau et vendredi, je vais revenir pour voir les résultats. Ils m'ont remis aussi une feuille pour aller faire une radiographie de mes poumons à l'hôpital du Taaone. La grand-mère de ma conjointe avait la tuberculose et elle est décédée au mois de juillet. Elle avait beaucoup de glaires quand elle toussait. Espérons que nous n'avons pas attrapé la maladie."



"On injecte un produit qu'on appelle la tuberculine, et dans trois jours, on va lire le résultat", précise Marine Giard, responsable du bureau de veille sanitaire à la direction de la santé.

La commune s'est chargé de remplir l'identité des personnes.

Rédigé par Corinne Tehetia le Mardi 19 Septembre 2017 à 12:33 | Lu 1671 fois