Golf de Moorea : Jean-Louis Gregori se dit "à la merci des vautours"


Jean-Louis Gregori, actionnaire majoritaire de la société par actions simplifiée South Pacific Golf and Resort Development (SPGRD), exploitante du golf de Moorea
PAPEETE, 12 octobre 2015 – Le tribunal de commerce doit statuer définitivement, le 26 octobre prochain, sur l’avenir de la SPGRD, la société exploitante du golf de Moorea, après 30 mois de redressement judiciaire.

De prolongation en prolongation de sa période d’observation, cela fera 30 mois le 22 octobre prochain, que société par actions simplifiée South Pacific Golf and Resort Development (SPGRD), détenue par Jean-Louis Gregori et exploitante du golf de Moorea, est en redressement judiciaire. Trente mois alors que la loi prévoit qu’une telle situation ne puisse excéder une période de 6 mois éventuellement renouvelable une fois.

Le tribunal s’est engagé à statuer définitivement à l’audience du 26 octobre prochain.

Depuis le 22 avril 2013, la SPGDR est en redressement devant le tribunal mixte de commerce de Papeete, plombé par près de 2 milliards Fcfp de créances, dont 696 millions Fcfp auprès des banques Socredo et de Tahiti et 1,14 milliard Fcfp à la seule société Gregori international, aménageur du golf.

Depuis 2014, le tribunal mixte de commerce a été tenu en haleine, au fil d’une douzaine de prolongations, par une succession d’offres de reprise potentielles de l’activité, toutes restées infructueuses.

Deux nouvelles ont été exposées ce lundi par Jean-Louis Gregori. Une constituée autour d’un partenariat avec le Mexicain Javier Perez pour un investissement de 1,15 milliard Fcfp ; l’autre n’en est pour l’heure qu’au stade de la lettre d’intention d’un investisseur métropolitain pour l’acquisition du golf.

Le tribunal mixte de commerce de Papeete est par ailleurs en possession d’une proposition alternative faite par la banque Socredo. Il s’agit d’un plan de continuation de l’activité assorti d’un dédommagement de 264 millions Fcfp à la SPGRD en contrepartie de ses droits sur le golf.

Une offre jugée "scélérate" et "dérisoire" par Jean-Louis Gregori. "Ce qui me scandalise, c’est que la Socredo n’est pas là, normalement, pour enterrer et spolier des entreprises", nous explique-t-il. "C’est une banque de développement qui travaille avec l’argent du Pays et de l’Etat. Avec cette offre, elle s’apprête à enterrer tous les créanciers, dont moi-même".

Le "par 70" qui s’étale au nord de Moorea à Temae est un projet inachevé, faute de moyens financiers. Ce golf, imaginé par le célèbre concepteur Jack Nicklaus, a d’emblée été pensé avec à une activité hôtelière de standing. Un complexe hôtelier de type "resort", avec 154 chambres, un centre de fitness et un spa. Mais cette part complémentaire et vitale du projet n’a jamais pu être réalisée par la SPGRD.

Il n’en reste pas moins que les terres marécageuses achetées 250 Fcfp le mètre carré au début des années 2000 ont, moins de 15 ans après, une valeur vénale estimée à 21 000 Fcfp/m2. C’est-à-dire que dans le laps, l’emprise des 17 ha du golf connait une plus-value de 84 fois son prix d’origine. Et les 150 hectares autour, également détenus par sa société, bénéficient de cette revalorisation. Jean-Louis Gregori estime que cette situation aiguise les appétits tandis qu’il s’épuise financièrement : "Je suis aujourd’hui à la merci des vautours", dit-il. "J’aurais pu comprendre que le coup de grâce vienne d’une banque commerciale ; mais d’une banque de développement, c’est une hérésie".

Il se pourrait fort, pourtant, que le tribunal opte en faveur de l'offre de la Socredo, le 26 octobre prochain. Dans ce cas, l'aventure polynésienne de Jean-Louis Gregori aurait coûté près de 1,2 milliard Fcfp à l'investisseur. "Une danseuse de luxe", comme il le reconnait lui-même avec la sagesse de ses 80 ans, et un sens certain du détachement.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 12 Octobre 2015 à 16:52 | Lu 3285 fois