Global Telecom Connect : confirmation des peines requise en appel


PAPEETE, le 6 avril 2017 - Cette tentaculaire affaire de vente pyramidale de packs téléphoniques promettant des télécommunications à prix cassés, tout en rémunérant les meilleurs ambassadeurs de la marque, avait fait des milliers de victimes collatérales, il y a trois ans au fenua.


Cinq des principaux ambassadeurs en Polynésie française de la sulfureuse société américaine Global Telecom Connect (GTC), dont le syndicaliste Ronald Terorotua, ont été rejugés ce jeudi par la cour d'appel de Papeete. Condamnés en première instance pour escroquerie et pour avoir tiré des revenus d'un réseau de vente pyramidale par recrutement en chaîne, ce qui est interdit en Polynésie française, les "commerciaux" polynésiens de GTC avaient fait appel, estimant avoir agi de bonne foi et être eux-mêmes tombés dans le panneau des belles promesses de GTC. Il faut dire que la vitrine était très belle.

Entre 2013 et 2014, portée par un marketing ultra efficace sur internet et largement relayé sur les réseaux sociaux, cette entreprise avait connu une ascension fulgurante à l'échelle planétaire. Et donc jusqu'en Polynésie. Le principe était simple. Contre le paiement d'un droit d'entrée de 35 000 francs, les futurs adhérents devenaient propriétaire d'un pack téléphonique comprenant une carte SIM permettant de communiquer à prix cassés et même parfois gratuitement dans 190 pays à travers le monde, mais aussi d'une carte bancaire liée à un compte aux Etats-Unis.

En vendant à leur tour des packs, et donc en recrutant autant de filleuls, les premiers clients devenus "distributeurs indépendants" étaient récompensés par le paiement de commissions. Pour asseoir définitivement sa crédibilité, GTC avait mandaté à Tahiti certains de ses représentants américains pour organiser un grand show place To'ata, avec croisières et lots à gagner, superviser l'organisation de réunions publiques et mettre tous les instruments nécessaires à la vente de ses produits entre les mains de ses relais polynésiens.

"L'escroquerie, c'est GTC", clament en chœur les avocats des prévenus

Les cotisations d'entrée et d'accès aux packs téléphoniques étaient directement reversées à la maison mère américaine par ses ambassadeurs locaux. Il n'y a pas eu d'enrichissement sur ce point. Les recruteurs les plus actifs auraient par contre empoché jusqu'à 40 000 dollars grâce à leurs multiples parrainages. Près de 6 000 Polynésiens auraient ainsi acheté les fameux packs, attirés dans un premier temps par la promesse de communications à des tarifs défiant toute concurrence.

Dans la boucle en tant qu'opérateur, Vini avait fini par dénoncer l'accord commercial le liant avec GTC qui utilisait la technique du roaming pour ses appels gratuits, tuant du même coup sa raison d'être et ses arguments de vente. Ce qui n'avait pas empêché certains des prévenus de continuer à écouler leurs packs. Approché par l'équipe dirigeante pour mettre son entregent au service du recrutement de clients, Ronald Terorotua avait écopé d'une simple amende de 800 000 francs en première instance. L'avocat général José Thorel a requis contre lui ce jeudi en appel une amende revue à la baisse, de l'ordre de 200 000 francs.

Le représentant du ministère public a par contre requis la confirmation des peines prononcées par le tribunal correctionnel contre les principaux commerciaux locaux de GTC, soit des peines comprises entre 2 et 4 mois de prison avec sursis assorties d'amendes de 500 000 à 2 millions de francs. Si l'escroquerie est avérée pour l'accusation, les avocats ont plaidé la relaxe de leurs clients qu'ils estiment eux-mêmes victimes dans l'affaire : "En réalité, c'est Global Telecom Connect qu'il aurait fallu poursuivre", a insisté Me Lau. "L'escroquerie, c'est GTC, mais on est allé au plus facile, il n'y a pas eu d'instruction, on a renvoyé devant le tribunal les cinq personnes qu'on avait sous la main, la réalité c'est qu'on n'a pas les moyens de poursuivre une entreprise américaine", a abondé Me Dumas. "On a voulu faire de ce dossier un exemple de la vente pyramidale. Et aujourd'hui on a perdu leur trace".

Le délibéré sera rendu le 27 juillet prochain.


Rédigé par Raphaël Pierre le Jeudi 6 Avril 2017 à 18:12 | Lu 9562 fois