Gestion des déchets : Rangiroa sature


Le lac de Avatoru à disparu depuis longtemps, et son ancien emplacement est totalement saturé de déchets.
Rangiroa, le 19 avril 2022 – Asséché au début des années 90 pour permettre la construction de la mairie de Rangiroa, l'ancien lac naturel situé au cœur de la commune de Avatoru a depuis été transformé en déchèterie à ciel ouvert. Face à la problématique d'un sol pollué et d'une saturation complète, une étude a été lancée au mois de janvier pour trouver rapidement des solutions viables et durables.

Crédits photos : Lefevre Gerald et Simon Saada

Accumulant toutes sortes de déchets depuis déjà trois décennies, l’ancien lac de la commune de Avatoru transformé en dépotoir sauvage n’a plus que quelques mois avant d’atteindre sa limite ultime. Régulièrement recouverts de débris de corail, les déchets apparaissent dorénavant à l’air libre à proximité de la mairie.
 
"Tout ce qui est derrière nous était un grand lac naturel", raconte Tahuhu Maraeura, le maire de Rangiroa. "Lors de la construction du collège puis de la mairie où nous nous trouvons en ce moment, on a récupéré de la terre pour pouvoir en remblayer une bonne partie. C'est après tout ça que nous avons commencé à enterrer les déchets dans ce qui restait du lac".
 
"Aujourd'hui on voit que la zone est saturée"
 
Mais l'ancien lac de Avatoru transformé en dépotoir il y a trente ans est littéralement sur le point de craquer. Il suffit de s'y rendre pour s'en rendre compte. Si le site ressemble encore en partie à un terrain vague, le tiers le plus proche de la mairie voit son sol jonché d’appareils électroménagers, d’emballages en carton, de bouteilles et de toutes sortes de détritus domestiques. "Cela fait 30 ans que ça dure, et aujourd'hui on voit que la zone est saturée", explique Tamatoa Mariteragi, le 3e adjoint à la mairie, en charge du traitement des déchets. "On se donne jusqu'à septembre, maximum octobre, pour arriver à saturation complète du site."

Plan d’action
 
Sollicitée par la chambre territoriale des comptes, la commune avait enclenché lors du mandat de l'ancien tāvana, un système de tri sélectif permettant de pallier temporairement le problème. Des points d'apport volontaire avaient alors été mis à la disposition de la population. L’équipe municipale actuelle a décidé d’approfondir la réflexion et d’aller plus loin afin de régler le problème. Pour cela, elle a sollicité une étude auprès de la Société polynésienne de l’eau, de l’électricité et des déchets (Speed) et qui devrait également permettre de trouver, à terme, un moyen de réhabiliter le dépotoir. "On a lancé un Plan municipal de gestion des déchets (PMGD) qui est actuellement en cours", ajoute le 3e adjoint. "Nous saurons bientôt quelles sont les solutions les plus adaptées afin de répondre à la problématique des déchets."
 
Éduquer la population
 
Les élus municipaux ont bien conscience que la politique de tri a ses limites, et qu’elle ne solutionnera pas tout. De nombreux déchets peuvent être réutilisés ou recyclés, mais tout cela ne peut fonctionner que si la population joue le jeu : "On a remarqué après une étude que plus de 50 % des déchets enfouis peuvent être triés" ajoute Tamatoa. "Le tri n’est pas une chose facile car c'est toute une éducation de la population à faire. C'est donc un gros travail de communication qui doit être fait. C'est un projet qui a commencé avec l'aide de l'État. On a les services civiques environnementaux qui travaillent avec la commune auxquels nous avons confié ce travail de sensibilisation et de communication sur le tri envers les administrés."
Certains déchets spécifiques, comme le verre, ont pour leur part trouvé une voie et commencé à être réutilisés. Il est rapatrié à Tahiti et racheté par une société qui le mélange au béton pour des travaux de gros œuvres. Les végétaux, de leur côté, devraient bientôt bénéficier d’un réseau de compostage plutôt que de continuer à s’accumuler dans l’ancien lac.

Rédigé par Simon Saada le Mardi 19 Avril 2022 à 20:34 | Lu 1564 fois