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Géros empiète sur les compétences de Brotherson


Tahiti, le 13 décembre 2024 – 37 des 38 élus de la majorité ont adopté jeudi soir la résolution appelant l’Etat à ouvrir le dialogue sur la décolonisation sous l’égide de l’ONU, et la délibération habilitant le président de l’assemblée à assigner la France en justice si elle refuse. Une délibération qui empiète sur les compétences du président du Pays comme il l’a lui-même expliqué à Antony Géros en commission, le prévenant que ce texte avait “100%” de chances d’être attaqué par le haut-commissaire.  

 
À chacun son tour de faire jouer ses muscles. Moetai Brotherson a montré qui était le patron à l’occasion de la grève des fonctionnaires du Pays (FRAAP). Estimant que le président du Pays était “le point bloquant” dans les négociations, c’est vers celui de l’assemblée que les grévistes s’étaient tournés lundi, en espérant avoir une oreille plus attentive avec Antony Géros. Raté. Le comité de majorité qui s’est réuni pendant une heure a décidé de faire bloc derrière Moetai Brotherson qui déclarait : “La majorité soutient son gouvernement et son président. Il n’y a pas l’épaisseur d’un papier à cigarette entre nous”. Autrement dit, tout va très bien, ou plutôt, tout ne va pas si mal entre les deux présidents.

Sauf que dans les faits, chacun continue de jouer sa partition. Et Antony Géros utilise tous les moyens législatifs à sa disposition pour imposer sa vision des choses, notamment sur la question de décolonisation, et forcer la main de Moetai Brotherson. C’est dans ce sens qu’il a déposé ces deux textes. Si les débats en séance plénière ont uniquement tourné autour de la résolution et de la consultation populaire demandée par l’opposition, en commission des institutions, c’est surtout la proposition de délibération de Tony Géros qui a fait débat et fait tiquer le président du Pays. “Je pense que la probabilité que cette délibération soit déférée par le haut-commissaire est à peu près de 100%, puisque la possibilité d’ester dépend du sujet et de la répartition des compétences. Or, les relations internationales sont de compétence du président du gouvernement et les affaires étrangères de compétences régaliennes”. Ce dont a parfaitement conscience Antony Géros qui voulait simplement mettre un coup de pression au président pour accélérer les choses. “Je suis content qu’il ait eu cette réflexion parce qu’il aurait dû le faire à ma place”, a ainsi répondu le président de l’assemblée en commission tandis que Moetai Brotherson était reparti pour négocier avec la FRAAP.

Mais ce jeudi soir en séance plénière, pas un mot sur ce sujet. Ni de la part des élus, ni du président du pays qui avait quitté l’hémicycle laissant Vannina Crolas le représenter. Il n’y a peut-être pas “l’épaisseur d’un papier à cigarette” entre l’exécutif et le législatif, mais Antony Géros continue de vouloir imposer son rythme idéologique à Moetai Brotherson qui de son côté, s’assure de conserver le soutien de ses élus à Tarahoi.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Vendredi 13 Décembre 2024 à 09:15 | Lu 1479 fois