Gaza: plus de 200 morts dans un tir sur un hôpital


Crédit MAHMUD HAMS / AFP
Territoires palestiniens | AFP | mardi 17/10/2023 - Au moins 200 personnes ont été tuées mardi soir dans l'enceinte d'un hôpital de la ville de Gaza, dans un tir imputé par Hamas à Israël qui dément, au onzième jour de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien sur le sol israélien. 

Le tir a suscité de nombreuses réactions condamnant Israël, notamment de la Jordanie, et de la Ligue Arabe, et des manifestants ont pris les rues en Cisjordanie occupée, à Amman et Tunis. 

Il survient à la veille d'une visite en Israël du président américain Joe Biden. 

"Des centaines de victimes se trouvent encore dans les décombres" de l'hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, qui a accusé Israël. 

"D'après des informations des services de renseignements, basées sur plusieurs sources que nous avons obtenues, le Jihad islamique est responsable du tir de roquette raté qui a touché l'hôpital", a affirmé de son côté l'armée israélienne dans un communiqué.

"Que le monde entier le sache: les terroristes barbares à Gaza sont ceux qui ont attaqué l'hôpital à Gaza et pas l'armée israélienne", a martelé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. 

Depuis le début de la guerre le 7 octobre, l'armée israélienne bombarde quotidiennement la bande de Gaza, jurant d'éliminer le Hamas. Ces frappes ont provoqué le déplacement d'un million de personnes selon l'ONU, dont de nombreuses ont trouvé refuge dans des hôpitaux.  

Jo Biden, qui vient mercredi manifester sa "solidarité" avec Israël, espère "entendre de la part" de son hôte "comment il mènera ses opérations de manière à minimiser les pertes civiles et à permettre l'acheminement de l'aide humanitaire (...) d'une manière qui ne profite pas au Hamas", a expliqué le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken.

M. Biden doit aussi rencontrer le président égyptien, le roi de Jordanie et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Amman. 

Dans la bande de Gaza, les frappes israéliennes ont déjà fait plus de 3.000 morts, en majorité des civils, dont des centaines d'enfants, selon les autorités locales. 

Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël depuis le début de la guerre, la plupart des civils le jour de l'attaque du Hamas qui a aussi enlevé 199 personnes selon l'armée israélienne.

"Rendez-moi ma fille"

"Je demande aux dirigeants du monde que ma fille nous soit rendue dans l'état où elle se trouve aujourd'hui ainsi que les autres otages", a exhorté mardi dans une conférence de presse à Tel-Aviv Keren Shem, la mère de Mia, une otage franco-israélienne.

D'intenses négociations impliquant plusieurs pays, tout particulièrement la Turquie, sont en cours pour tenter de faire libérer les otages. Selon le Hamas, 22 d'entre eux ont été tués dans les frappes israéliennes. 

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déjà recensé lundi à Gaza "111 infrastructures médicales" visées, "12 cadres soignants tués et 60 ambulances visées". 

"Personne n'a pitié de nous", s'indigne Ibrahim Teyssir, réfugié comme des centaines de familles à l'hôpital al-Chifa, le plus grand de la ville de Gaza. 

Au moins six personnes réfugiées dans une école de l'ONU ont aussi été tuées mardi dans un raid israélien, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).  

L'eau et la nourriture manquent également pour les 2,4 millions de Gazaouis, privés également d'électricité, après le siège imposé par Israël le 9 octobre au petit territoire palestinien, déja soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis la prise de pouvoir du Hamas en 2007.

L'aide humanitaire "au plus vite" 

Dans le sud de Gaza, où les habitants ont fui par centaines de milliers, suivant un appel à l'évacuation du nord lancé par l'armée israélienne, le point de passage de Rafah, contrôlé par l'Egypte, la seule issue de Gaza vers l'extérieur qui ne soit pas régie par Israël, reste fermé.

Le Caire a appelé mardi Israël à "cesser de viser les environs" du terminal, après quatre bombardements cette semaine, pour laisser entrer l'aide humanitaire  "au plus vite". 

L'acheminement de l'aide a aussi été évoqué par le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'entretiens avec M. Netanyahu, et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, en discutera jeudi au Caire avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Alors que l'armée israélienne a déployé des dizaines de milliers de soldats autour du territoire palestinien, et au nord le long de la frontière avec le Liban, près de 500.000 civils israéliens ont aussi été évacués pour les éloigner des zones de combat, selon l'armée.

Israël a aussi annoncé avoir récupéré les corps de 1.500 combattants du Hamas après leur incursion. Le Hamas a annoncé mardi la mort d'un de ses commandants, Ayman Nofal, dans un raid, Israël ayant déja affirmé en avoir tué quatre dans des frappes.

L'Iran, ennemi d'Israël, a de son côté menacé d'une possible "action préventive" contre ce pays.

Si les Israéliens poursuivent leur guerre contre le Hamas, "personne ne pourra arrêter" les "forces de la résistance", a lancé le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, désignant ainsi les alliés régionaux de l'Iran (Syrie, Hamas, Hezbollah libanais entre autres). 

Les Etats-Unis ont annoncé mardi que 2.000 soldats américains avaient été placés en alerte pour un éventuel déploiement dans la région.

La tension est vive aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah qui a annoncé que cinq de ses combattants avaient été tués dans le sud du Liban.

En Cisjordanie, un territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, au moins 61 Palestiniens ont été tués dans des violences depuis le 7 octobre, selon les autorités locales.

A Gaza, l'armée israélienne "commencera ses activités militaires renforcées lorsque le moment sera propice", a déclaré mardi son porte-parole, Jonathan Conricus. 

Une telle opération s'annonce périlleuse sur ce terrain très densément peuplé, alors que le nord du territoire est truffé de tunnels où le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, cache combattants et armes.

le Mardi 17 Octobre 2023 à 13:16 | Lu 398 fois