Gaza: la Défense civile annonce une nouvelle frappe meurtrière sur un camp de Rafah


Crédit Eyad BABA / AFP
Rafah, Territoires palestiniens | AFP | mardi 28/05/2024 - La Défense civile à Gaza a annoncé mardi la mort de 21 personnes dans une nouvelle frappe israélienne sur un camp de déplacés à Rafah dans le sud du territoire palestinien, où des chars israéliens sont entrés dans le centre-ville.

Après près de huit mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, environ un million de personnes ont déjà fui Rafah depuis trois semaines et le début de l'opération terrestre de l'armée israélienne, selon l'Unrwa, l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens.

Muhammad Al-Mughair, un responsable de la Défense civile palestinienne, a indiqué à l'AFP que 21 personnes avaient été tuées mardi dans une frappe israélienne "visant des tentes de personnes déplacées dans l'ouest de Rafah". 

Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a également fait état de 64 blessés, dont 10 souffrant de "blessures très graves".

Il a qualifié cette frappe de "nouveau massacre", après un bombardement israélien dimanche soir dans un camp de déplacés du quartier de Tal Al-Sultan, également à Rafah, qui avait fait 45 morts et 249 blessés, selon le ministère.

Cette frappe avait suscité l'indignation internationale et le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir mardi en urgence, à la demande de l'Algérie.

Avant la frappe de mardi, des correspondants de l'AFP à Rafah et des témoins avaient fait état de frappes aériennes et de tirs d'artillerie nourris dans l'ouest de cette ville frontalière avec l'Egypte. Ils ont vu des centaines de Palestiniens fuir notamment Tal Al-Sultan.

- "Complice" -
Dans le même temps, un témoin a affirmé à l'AFP avoir vu des chars israéliens déployés "au rond-point d'Al-Aouda", dans le centre de Rafah. D'autres résidents ont affirmé ne plus pouvoir bouger depuis l'arrivée des chars.

"Les gens restent pour l'instant dans leurs maisons car quiconque bouge est visé par des tirs de drones israéliens", a affirmé un habitant, Abdel Khatib.

A l'heure où les condamnations se multiplient dans le monde face aux opérations militaires israéliennes, l'Espagne, la Norvège et l'Irlande ont reconnu officiellement mardi l'Etat de Palestine, provoquant la fureur d'Israël qui y voit une récompense au Hamas en pleine guerre contre le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza.

Le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, a accusé l'Espagne d'être "complice des appels au génocide du peuple juif".

Cette reconnaissance est "une nécessité" pour "parvenir à la paix" entre Israéliens et Palestiniens, en plus d'être "une question de justice historique" pour le peuple palestinien, a affirmé de son côté le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez.

La guerre a été déclenchée par une attaque menée le 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza, entraînant la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

- Vidéo d'un otage -
Sur les 252 personnes emmenées comme otages, 121 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée israélienne.

En représailles, Israël a promis d'anéantir le Hamas et lancé une offensive qui a fait au moins 36.096 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Alors que l'armée israélienne a annoncé récemment avoir ramené de Gaza les corps de plusieurs otages, le Jihad islamique palestinien a diffusé mardi la vidéo d'un otage en vie s'exprimant dans un court message.

Le jeune homme, identifié par les médias israéliens comme étant Sacha Trupanov, 28 ans, est un citoyen israélo-russe.

Dans le même temps, les bombardements aériens et les tirs d'artillerie ont semé mardi la panique à Rafah.

"Nous n'avons pas dormi parce qu'il y avait des bombardements de partout", a témoigné à l'AFP Faten Jouda, une femme de 30 ans installée à Tal Al-Sultan, dans le nord-ouest de la ville. "C'était effrayant. Tout le monde fuyait encore".

"Plusieurs véhicules avancent vers l'ouest depuis la ville de Rafah. Nous sommes paniqués", a raconté Ihab Zaarab, un homme de 40 ans qui espérait trouver refuge dans la zone humanitaire d'Al-Mawasi, déjà surpeuplée.

Cette fuite se déroule "sans aucun endroit sûr où aller, sous les bombardements, sans eau ni nourriture, parmi des montagnes d'ordures", a indiqué l'Unrwa sur X, soulignant que "jour après jour, il devient presque impossible d'apporter assistance et protection" à la population.

- Fin des évacuations médicales -
Les soldats israéliens mènent depuis début mai une opération terrestre à Rafah, affirmant vouloir y éliminer les derniers bataillons du Hamas, qui a entraîné la fermeture du passage frontalier avec l'Egypte, vital pour l'acheminement de l'aide humanitaire. 

Depuis, "toutes les évacuations médicales ont brusquement cessé", signifiant que davantage de personnes meurent dans l'attente de soins, a déclaré mardi la porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Un correspondant de l'AFP a signalé aussi des bombardements et des tirs dans la ville de Gaza, dans le nord du territoire. Le ministère de la Santé du Hamas a dénombré au moins 46 morts en 24 heures à travers la bande de Gaza.

Après la frappe de dimanche, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a regretté "un accident tragique". Les Etats-Unis se sont dits "bouleversés". 

"Je condamne les actions d'Israël qui ont tué de nombreux civils innocents qui cherchaient seulement à se protéger de ce conflit meurtrier (...) Ces horreurs doivent cesser", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

L'ONU a demandé une enquête "complète et transparente" sur ce bombardement.

La Défense civile palestinienne avait fait état de nombreux corps "carbonisés et démembrés" dans l'incendie qui a ravagé le camp de déplacés de Barkasat, géré par l'Unrwa.

L'armée israélienne a affirmé mardi que ses munitions utilisées dimanche dans la frappe ne pouvaient pas avoir "à elles seules" provoqué l'incendie.

le Mardi 28 Mai 2024 à 07:06 | Lu 253 fois