PAPEETE, 30 octobre 2018 - Gaston Flosse s’est joint mardi matin à la conférence de presse donnée place Tarahoi par le Tavini Huiraatira au pied de la stèle de Pouvana’a. Le leader du Tahoera’a Huiraatira assure que "c’est l’injustice qui rapproche les hommes" tandis que pour Temaru "il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas".
Une manifestation est organisée par le Tavini Huiraatira, samedi 3 novembre en hommage à Pouvana’a a Oopa. Elle prendra la forme d’un tour de l’île de Tahiti en voiture, au départ du site de Outuaraea, Faa’a, à 8 heures. L’arrivée est programmée vers 10 h 30, place Tarahoi à Papeete, au pied de la stèle érigée en mémoire de Pouvana’a a Oopa. Là, une messe œcuménique doit être dite en hommage au Metua.
Pour annoncer cet événement, mardi matin, la presse locale a eu la surprise de voir le leader autonomiste Gaston Flosse se joindre aux principales figures indépendantistes, Oscar Temaru en tête. Le même Vieux Lion qui était allé accueillir son vieil "ennemi politique", vendredi soir, de retour de Nouvelle-Calédonie, pour lui exprimer son soutien après l’annulation de son élection de mai dernier à l’assemblée, par le Conseil d’Etat.
Y aurait-il rapprochement politique ? "On n’en est pas là", assure Gaston Flosse.
Le 25 octobre dernier, la cour de révision annulait le jugement de 1959 par lequel Pouvana’a a Oopa avait été condamné à 8 ans de prison et 15 d’interdiction de séjour en Polynésie française. Quarante et un anS après la mort du Metua, cette décision a réhabilité la mémoire de cet homme politique qui avait passé sa fin de vie à clamer son innocence. Pour l’historien Jean-Marc Régnault, dont les travaux ont permis de donner matière à la cour de révision pour annuler la condamnation de 1959, Pouvana’a a été victime de la raison d’Etat. Son opposition à De Gaulle, alors que la France songeait sérieusement à installer un Centre d’expérimentation nucléaire en Polynésie, aurait scellé son sort judiciaire.
Vendredi 26 octobre, le Conseil d’Etat a rendu une décision condamnant le leader indépendantiste Oscar Temaru à un an d’inéligibilité, en confirmant le rejet de ses comptes de campagne lors des dernières Territoriales. Surtout, la haute cour annule l’élection du leader indépendantiste à l’assemblée, en mai dernier, et le disqualifie de la chambre délibérante polynésienne jusqu’aux prochaines élections territoriales. Balayant toute indépendance de la justice, Oscar Temaru voit dans cet "assassinat politique" une condamnation en représailles de la procédure engagée le 2 octobre dernier auprès du procureur de la Cour pénale internationale de La Haye. Si une suite est donnée à cette action par la CPI, les présidents français encore en vie seraient poursuivis pour crime contre l’humanité, par suite des essais nucléaires menés en Polynésie française de 1966 à 1996. Depuis sa condamnation les proches de Temaru le disent victime de la raison d'Etat.
Gaston Flosse, leader du Tahoera’a Huiraatira purge quant à lui une peine d’inéligibilité jusqu’en juillet 2019, dans une affaire de détournement de fonds publics. A 87 ans, cet empêchement civique l’a disqualifié pour les dernières élections territoriales, en le mettant sur la touche jusqu’en 2023.
L’inéligibilité, ça rapproche les hommes politiques ?
Gaston Flosse : Ce n’est pas l’inéligibilité qui rapproche les hommes. C’est l’injustice qui rapproche les hommes. Je dis que le président Temaru a été injustement rendu inéligible. Le prétexte a été de dire que les explications ne sont pas suffisantes. Mais à quel moment les explications doivent-elles être suffisantes ? (…) Alors que pour le Tapura, nous avons apporté toutes les preuves à l’appui (…). Donc, c’est l’injustice qui me porte : ce n’est pas normal ; ce n’est pas bon ; ce n’est pas comme ça que l’on va unir toute la population. (…)
Cette injustice que vous dénoncez, vous met-elle en position de travailler ensemble aujourd’hui ?
Gaston Flosse : Nous n’en sommes pas là. Cette condamnation m’a parue injuste. C’est la raison pour laquelle je suis allé l’accueillir à l’aéroport (vendredi soir au retour d’Oscar Temaru de Nouvelle-Calédonie, Ndlr). Aujourd’hui, pour Pouvana’a a Oopa, c’est pareil. Il y a une injustice : nous n’avons pas simplement demandé d’annuler le jugement. Nous demandons à ce qu’il soit innocenté, réhabilité.
Oscar Temaru : Vous savez, pendant toutes ces années, lorsqu’il (Pouvana’a a Oopa, Ndlr) était en prison aux Baumettes, j’ai essayé d’aller le voir. Je n’ai pas pu le voir. Je me demandais ce qu’il pouvait vivre à l’époque : il n’y avait pas les médias, pas de téléphone, aucun contact avec le monde extérieur. C’est une des raisons pour lesquelles je me suis dit qu’il fallait que je me fasse connaître sur la scène internationale. C’est pourquoi je suis parti à New York dès 1978 pour dire le combat que nous menions ici. Comme une forme de protection. Il était tout seul. C’était David contre Goliath. Mais comme on le sait tous, David finit toujours par gagner.
Aujourd’hui vous mettez en avant l’analogie entre votre sort judiciaire et celui de Pouvana’a, victime de la raison d’Etat. Pensez-vous que les événements s’y prêtent à ce point ?
Oscar Temaru : Non, je ne fais pas d’analogie. Il y a simplement un constat. Quand on a vécu ce qui s'est passé à son époque (…).
Pour vous c’est dur à avaler la perte de votre mandat à l’assemblée ?
Oscar Temaru : Ce n’est pas le… Je l’ai dit déjà : j’ai la conscience pour moi. Et cela vaut plus que tout le reste. C’est un combat qui est noble, juste. (...) En matière de droit, cette décision n’a pas respecté le principe du contradictoire. C’est une décision unilatérale, arbitraire. Une décision politique.
Ferez-vous le tour de l’île ensemble, samedi ?
Gaston Flosse : En principe oui. Mais vous savez, pour répondre à votre question, ce n’est pas tant le fait que le président Temaru soit rendu inéligible. (…) Ce sont surtout les motifs invoqués pour lui infliger cette inéligibilité que nous ne pouvons pas accepter. On voit bien que c’est intentionnel : on a voulu lui retirer sa place à l’assemblée et dans la vie politique du pays.
Oscar Temaru, qu’a répondu le président Fritch à votre invitation pour la manifestation de samedi ?
Oscar Temaru : Je l’ai appelé comme j’ai appelé tout le monde : les organisations syndicales, les confessions religieuses, les associations… j’ai appelé tout le monde, parce que c’est notre Metua Pouvana’a a Oopa. C’est pour lui que l’on fait ça (…)
Vous pensez qu’il y participera ?
Oscar Temaru : On verra bien. J’aimerais bien que les partisans du Tapura se joignent à nous avec leurs drapeaux…
Gaston Flosse : Ça dépendra de quel côté il est. Est-il avec le peuple, ou bien est-il le valet du haut-commissaire ?
On a l’impression que vous instrumentalisez cette décision de la cour de cassation, concernant Pouvana’a, à des fins politiciennes et actuelles.
Gaston Flosse : Pas du tout. Relisez le vœu de l’assemblée. Vous verrez qu’il n’a pas du tout été suivi. L’annulation du jugement… Est-ce suffisant ? Les accusations demeurent ! Il a été accusé d’avoir mis le feu à la ville. Il a été accusé d’avoir un stock d’armes à domicile. Pour ces raisons, il a été condamné et exilé… C’est lourd ça.
Oscar Temaru : Non, c’est simplement un devoir de mémoire. C’est tout. Si on n’en parle pas, qui va le faire ? Tout le monde va oublier : affaire classée. C’est ce que souhaite l’Etat. Non, ça c’est un piège. Au contraire on devrait enseigner tout cela à l’école.
Une manifestation est organisée par le Tavini Huiraatira, samedi 3 novembre en hommage à Pouvana’a a Oopa. Elle prendra la forme d’un tour de l’île de Tahiti en voiture, au départ du site de Outuaraea, Faa’a, à 8 heures. L’arrivée est programmée vers 10 h 30, place Tarahoi à Papeete, au pied de la stèle érigée en mémoire de Pouvana’a a Oopa. Là, une messe œcuménique doit être dite en hommage au Metua.
Pour annoncer cet événement, mardi matin, la presse locale a eu la surprise de voir le leader autonomiste Gaston Flosse se joindre aux principales figures indépendantistes, Oscar Temaru en tête. Le même Vieux Lion qui était allé accueillir son vieil "ennemi politique", vendredi soir, de retour de Nouvelle-Calédonie, pour lui exprimer son soutien après l’annulation de son élection de mai dernier à l’assemblée, par le Conseil d’Etat.
Y aurait-il rapprochement politique ? "On n’en est pas là", assure Gaston Flosse.
Le 25 octobre dernier, la cour de révision annulait le jugement de 1959 par lequel Pouvana’a a Oopa avait été condamné à 8 ans de prison et 15 d’interdiction de séjour en Polynésie française. Quarante et un anS après la mort du Metua, cette décision a réhabilité la mémoire de cet homme politique qui avait passé sa fin de vie à clamer son innocence. Pour l’historien Jean-Marc Régnault, dont les travaux ont permis de donner matière à la cour de révision pour annuler la condamnation de 1959, Pouvana’a a été victime de la raison d’Etat. Son opposition à De Gaulle, alors que la France songeait sérieusement à installer un Centre d’expérimentation nucléaire en Polynésie, aurait scellé son sort judiciaire.
Vendredi 26 octobre, le Conseil d’Etat a rendu une décision condamnant le leader indépendantiste Oscar Temaru à un an d’inéligibilité, en confirmant le rejet de ses comptes de campagne lors des dernières Territoriales. Surtout, la haute cour annule l’élection du leader indépendantiste à l’assemblée, en mai dernier, et le disqualifie de la chambre délibérante polynésienne jusqu’aux prochaines élections territoriales. Balayant toute indépendance de la justice, Oscar Temaru voit dans cet "assassinat politique" une condamnation en représailles de la procédure engagée le 2 octobre dernier auprès du procureur de la Cour pénale internationale de La Haye. Si une suite est donnée à cette action par la CPI, les présidents français encore en vie seraient poursuivis pour crime contre l’humanité, par suite des essais nucléaires menés en Polynésie française de 1966 à 1996. Depuis sa condamnation les proches de Temaru le disent victime de la raison d'Etat.
Gaston Flosse, leader du Tahoera’a Huiraatira purge quant à lui une peine d’inéligibilité jusqu’en juillet 2019, dans une affaire de détournement de fonds publics. A 87 ans, cet empêchement civique l’a disqualifié pour les dernières élections territoriales, en le mettant sur la touche jusqu’en 2023.
L’inéligibilité, ça rapproche les hommes politiques ?
Gaston Flosse : Ce n’est pas l’inéligibilité qui rapproche les hommes. C’est l’injustice qui rapproche les hommes. Je dis que le président Temaru a été injustement rendu inéligible. Le prétexte a été de dire que les explications ne sont pas suffisantes. Mais à quel moment les explications doivent-elles être suffisantes ? (…) Alors que pour le Tapura, nous avons apporté toutes les preuves à l’appui (…). Donc, c’est l’injustice qui me porte : ce n’est pas normal ; ce n’est pas bon ; ce n’est pas comme ça que l’on va unir toute la population. (…)
Cette injustice que vous dénoncez, vous met-elle en position de travailler ensemble aujourd’hui ?
Gaston Flosse : Nous n’en sommes pas là. Cette condamnation m’a parue injuste. C’est la raison pour laquelle je suis allé l’accueillir à l’aéroport (vendredi soir au retour d’Oscar Temaru de Nouvelle-Calédonie, Ndlr). Aujourd’hui, pour Pouvana’a a Oopa, c’est pareil. Il y a une injustice : nous n’avons pas simplement demandé d’annuler le jugement. Nous demandons à ce qu’il soit innocenté, réhabilité.
Oscar Temaru : Vous savez, pendant toutes ces années, lorsqu’il (Pouvana’a a Oopa, Ndlr) était en prison aux Baumettes, j’ai essayé d’aller le voir. Je n’ai pas pu le voir. Je me demandais ce qu’il pouvait vivre à l’époque : il n’y avait pas les médias, pas de téléphone, aucun contact avec le monde extérieur. C’est une des raisons pour lesquelles je me suis dit qu’il fallait que je me fasse connaître sur la scène internationale. C’est pourquoi je suis parti à New York dès 1978 pour dire le combat que nous menions ici. Comme une forme de protection. Il était tout seul. C’était David contre Goliath. Mais comme on le sait tous, David finit toujours par gagner.
Aujourd’hui vous mettez en avant l’analogie entre votre sort judiciaire et celui de Pouvana’a, victime de la raison d’Etat. Pensez-vous que les événements s’y prêtent à ce point ?
Oscar Temaru : Non, je ne fais pas d’analogie. Il y a simplement un constat. Quand on a vécu ce qui s'est passé à son époque (…).
Pour vous c’est dur à avaler la perte de votre mandat à l’assemblée ?
Oscar Temaru : Ce n’est pas le… Je l’ai dit déjà : j’ai la conscience pour moi. Et cela vaut plus que tout le reste. C’est un combat qui est noble, juste. (...) En matière de droit, cette décision n’a pas respecté le principe du contradictoire. C’est une décision unilatérale, arbitraire. Une décision politique.
Ferez-vous le tour de l’île ensemble, samedi ?
Gaston Flosse : En principe oui. Mais vous savez, pour répondre à votre question, ce n’est pas tant le fait que le président Temaru soit rendu inéligible. (…) Ce sont surtout les motifs invoqués pour lui infliger cette inéligibilité que nous ne pouvons pas accepter. On voit bien que c’est intentionnel : on a voulu lui retirer sa place à l’assemblée et dans la vie politique du pays.
Oscar Temaru, qu’a répondu le président Fritch à votre invitation pour la manifestation de samedi ?
Oscar Temaru : Je l’ai appelé comme j’ai appelé tout le monde : les organisations syndicales, les confessions religieuses, les associations… j’ai appelé tout le monde, parce que c’est notre Metua Pouvana’a a Oopa. C’est pour lui que l’on fait ça (…)
Vous pensez qu’il y participera ?
Oscar Temaru : On verra bien. J’aimerais bien que les partisans du Tapura se joignent à nous avec leurs drapeaux…
Gaston Flosse : Ça dépendra de quel côté il est. Est-il avec le peuple, ou bien est-il le valet du haut-commissaire ?
On a l’impression que vous instrumentalisez cette décision de la cour de cassation, concernant Pouvana’a, à des fins politiciennes et actuelles.
Gaston Flosse : Pas du tout. Relisez le vœu de l’assemblée. Vous verrez qu’il n’a pas du tout été suivi. L’annulation du jugement… Est-ce suffisant ? Les accusations demeurent ! Il a été accusé d’avoir mis le feu à la ville. Il a été accusé d’avoir un stock d’armes à domicile. Pour ces raisons, il a été condamné et exilé… C’est lourd ça.
Oscar Temaru : Non, c’est simplement un devoir de mémoire. C’est tout. Si on n’en parle pas, qui va le faire ? Tout le monde va oublier : affaire classée. C’est ce que souhaite l’Etat. Non, ça c’est un piège. Au contraire on devrait enseigner tout cela à l’école.