Gare aux fraudeurs, les mairies formées à détecter les faux papiers


Le passeport français permet de voyager dans 189 pays sans visa.
Papeete, le 25 avril 2018 - Un protocole d'accord pour lutter contre la fraude documentaire a été signé jeudi 25 avril au Haut-commissariat entre l'Etat et neuf communes polynésiennes. Les agents communaux, en charge de délivrer les pièces d'identité comme les passeports ou les cartes d'identité, vont être formés à détecter les faux papiers.

"Sur le marché de la contrefaçon, le passeport français est coté. Il permet à son propriétaire de se déplacer rapidement sans aucune autre démarche que sa simple présentation. Le passeport français permet de voyager à l'international dans 189 pays. Il arrive à la 3e position juste après le Japon et la Corée du Sud", précise Camille Savigny, référent fraude départementale au sein du Haut-commissariat de la République en Polynésie française. Alors forcément, cela peut donner à certains l'envie de frauder... constituant ainsi une menace autant pour le citoyen que pour l'État.
Et si la Polynésie semble plutôt préservée, le risque de tentation d'obtenir d'une façon indue ou usurpée des titres d'identité français n'est pas exempt. Ainsi, René Bidal, Haut-commissaire de la République, Hervé Leroy, Procureur de la République et Philippe Babdor, directeur de la police aux frontières par intérim, ont signé ce jeudi matin avec neuf tavana de Polynésie française un protocole d’accord relatif à la coordination de la lutte contre la fraude documentaire. Ce protocole doit permettre de coordonner et de renforcer ce travail partenarial dans la lutte contre la fraude documentaire afin de garantir la sécurité nationale et de protéger les citoyens.

VIGILANCE SUR LES CERTIFICATS DE RÉSIDENCE

Concrètement, l'Etat met à la disposition des agents des communes signataires (Arue, Bora Bora, Hiva Oa, Mahina, Pirae, Rangiroa, Taiarapu-Est, Tubuai et Uturoa) des sessions de formation afin de leur apprendre à reconnaître la véracité des documents demandés pour l'obtention de titres officiels d'identité.
Premier maillon de la chaîne sur le terrain, ces agents chargés de la collecte et de la transmission dématérialisée des dossiers doivent être capables de déceler les fausses pièces (acte de naissance, certificat de nationalité, justificatif de domicile, etc.) en amont de la délivrance de la carte d'identité ou du passeport. Car en effet, si la fabrication d'un faux passeport s'avère désormais très complexe avec la puce électronique ou encore la prise des empreintes, il en est, en revanche, autrement des papiers obligatoires pour constituer le dossier de demande. "Aujourd'hui, le point de vigilance est vraiment sur les pièces justificatives qui permettent d'établir le passeport(…). L'enjeu en Polynésie française est la surveillance des certificats de résidence, car de nombreuses personnes vivent dans les familles. On est très vigilants là-dessus ", insiste Camille Savigny.
Du côté des tavana, ce soutien apporté aux agents est accueilli avec satisfaction. "La mairie de Bora Bora délivre environ 1000 passeports par an et 800 cartes d'identité, nous recevons beaucoup de pièces justificatives pour la délivrance de ces titres. Cette convention nous amène à doubler notre vigilance sur la vérification de ces documents", note Gaston Tong Sang.

Major Dehlia Deligny, analyste en fraude documentaire et à l'identité

"La finalité est la délivrance d'un document officiel authentique"

"Cette formation est une sensibilisation des agents des mairies à la détection de faux documents. Nous allons nous adapter à leurs postes, à leurs missions. Nous allons leur apporter des outils de détection au vu du matériel, de l'ergonomie de leurs postes de travail. On va s'adapter à chaque agent de mairie pour lui apporter les outils nécessaires afin qu'il puisse détecter non pas les faux documents dans leur finalité, mais les pièces justificatives apportées dans le dossier en vue de la délivrance d'un document authentique. Ces pièces peuvent être des actes de naissance, le précédent passeport… Concrètement, je vais essentiellement leur donner la normalisation des documents, car il existe une normalisation codifiée (…). On va sensibiliser les agents sur la collecte des pièces justificatives, car les informations collectées sont transmises de manière dématérialisées (...).
Nous sommes peu impactés en Polynésie, mais cela peut arriver, notamment avec les stupéfiants… Nous sommes encore dans la prévention. Le passeport français permet de voyager dans 189 pays sans visa, c'est dire tout l'enjeu économique et financier que représente la possession d'un passeport français."

Rédigé par Pauline Stasi le Jeudi 25 Avril 2019 à 17:02 | Lu 1583 fois