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Fritch évoque une "autre solution" pour la ​Route du sud


PAEA, le 26 septembre 2019 - Interpellé jeudi matin par des manifestants opposés au projet de Route du sud, Edouard Fritch a tenu à relativiser un projet routier toujours à l'étude et dont la réalisation pourrait n'intervenir que "dans 10 ans ou 15 ans".

Entre 250 et 300 riverains de Paea ont manifesté jeudi matin pour marquer leur opposition au projet Route du sud, dont le tracé prévoit de relier Punaruu à Taravao, sur une distance de 46 kilomètres. Une route à quatre voies qui pourrait serpenter en fond de plaine, au pied des montagnes, sur une emprise aujourd’hui réduite à 70 mètres.

Les riverains de Paea ont "découvert" le projet en marge de l’enquête publique ouverte le mois dernier dans le cadre du projet de révision du Plan général d’aménagement de la commune. Le projet a pourtant régulièrement été rappelé par Edouard Fritch depuis 2017 lors d'interventions publiques. Cependant, la contestation s’est subitement organisée il y a quelques semaines. Le conseil municipal s’est dédouané, par communiqué officiel début septembre, en affirmant qu’il s’agissait d’un projet du Pays qu'il ne cautionne pas. 

Les élus du conseil prévoient de se prononcer officiellement contre le tracé de la Route du sud dans les jours prochains. Pour couronner cette opposition, jeudi, deux courriers ont été remis au président Fritch à l’issue d’une marche organisée par l’association Mata Atea de concert avec les militants Tavini Huiraatira de Paea.

Dans la matinée, l’agenda du président Fritch prévoyait l’inauguration officielle du laboratoire de recherche de l’ILM sur les micro-algues et les ciguatoxines, à 9h30 au PK 26, suivi de la célébration, sur place, des 70 ans de l’Institut Louis Malardé. Une opportunité saisie par les manifestants.

Dans la lettre destinée à Edouard Fritch, l’association Mata Atea "implore" le chef de l’exécutif de "prendre le temps de reconsidérer"  le projet de Route du sud au regard des "souffrances familiales" et des destructions environnementales et patrimoniales que causerait son tracé. L’association propose d’améliorer certains points d’engorgement du réseau routier existant et de développer les transports en commun.

De leur côté, les militants Tavini Huiraatira dénoncent, derrière Antony Géros, "une version rebaptisée de l’ancien projet Te Ara Nui" qui avait, au début des années 2000, été "rejeté par les populations des deux communes les plus urbanisées de la côte ouest, Punaauia et Paea". Ils suggèrent d’en "modifier l’emprise (…) en la remontant sur la montagne et de combler les vallées, à bonne hauteur".

"Maintenant que je vous écoute, je vous ai entendu", a lancé Edouard Fritch lors d’un bref entretien avec Antony Géros, alors qu'en toile de fond les manifestants scandaient un "Non à la route" répété sans cesse. "Mais le constat c’est que l’on ne peut pas continuer comme ça, tant que les gens du sud monteront vers le nord. Il faudra bien trouver une solution."

​"Il y a beaucoup de solutions"

Une "autre solution" est même allé jusqu’à évoquer le président Fritch, quelques instants plus tard. Mais interrogé sur le possible abandon de ce projet, il est catégorique : "Non. Au nom des populations de la Presqu’île, on ne peut pas renoncer. Il nous faut trouver une solution qui soit acceptable (…) au moins par une majorité de la population. Je pense aux populations de Teva i Uta, de Papara… Aux enfants qui se lèvent à 4 heures du matin, aux gens qui vont travailler en ville et qui passent 3 heures par jour en voiture. (...) Il faut peut-être se rapprocher plus de la montagne, voire passer par la montagne… Je ne sais pas. Il y a beaucoup de solutions. On me dit que la voie maritime n’est pas adaptée. Vous savez, j’essaie d’être transparent avec ce projet. On aurait pu réviser le PGA de Paea et cacher ce projet. Ce serait beaucoup plus calme aujourd’hui. Mais je pense qu’il est important d’informer la population que ce projet existe. De toute façon, ils m’ont entendu annoncer que la Route du sud allait voir le jour, dans 5 ans, dans 10 ans ou 15 ans. Il nous faut commencer. On ne peut pas continuer à faire souffrir ces populations, matin et soir. Et puis Paea a besoin d’un peu plus de sécurité sur ses routes."


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 26 Septembre 2019 à 14:56 | Lu 3701 fois