Tahiti, le 29 août 2021 - Face à la crise Covid, le président du Pays a lancé ce week-end un appel solennel au jeûne et au recueillement religieux assez singulier. Une forme de résignation de l'appel au divin qui intervient alors que les moyens de l'Etat sont de plus en plus sollicités au fenua…
Au cœur d'une épidémie d'une mortalité sans précédent et alors que le système de santé polynésien est à genoux face au Covid, le président Edouard Fritch à lancé samedi un “appel solennel au recueillement” à la tonalité assez particulière. Devant l'ensemble des représentants des confessions religieuses invitées à la présidence, Edouard Fritch s'est livré à l'exercice peu commun d'une allocution officielle appelant l'ensemble de la population polynésienne à “s’unir en prières et en intentions de paix et de guérison, le dimanche 5 septembre prochain à l’occasion de la Journée Internationale de la Charité”.
Pour en arriver à cette démarche singulière, le président du Pays, visiblement très affecté par la perte toute récente de son directeur de cabinet à la suite d'une contamination par le Covid, s'est fendu d'un discours sur les limites de la lutte “terrestre” contre le Covid. “Malgré le génie de l’homme, malgré toutes les connaissances accumulées depuis des siècles, toutes les technologies dont nous disposons, nous n’arrivons pas encore à terrasser ce minuscule virus. A ce jour, et depuis 18 mois, ce virus est plus fort et plus malin que l’humanité toute entière.” Multipliant les références bibliques face à “cette malédiction, ce fléau” le président a donc proposé “aussi” de “demander humblement et avec insistance, secours, faveur et grâce, à notre Créateur”. Edouard Fritch a ainsi appelé l'ensemble des foyers polynésiens à organiser “à sa façon et là où il se trouve” dimanche prochain cet “instant de recueillement” en précisant que “conformément à nos pratiques lors de ces recueillements, ce moment d’union et de silence s’accompagnera également d’un jeûne”.
Dernier recours ?
Si elle peut surprendre au premier abord, la dimension religieuse de la démarche du président du Pays est loin d'être en rupture avec la pratique politique au fenua, où la loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat n'a jamais été rendue applicable. Mais ce qui marque surtout dans cet appel au “soutien du père créateur”, c'est l'impression que le Pays n'a aujourd'hui pas d'autres solutions que de s'en remettre au divin. Et si cet appel œcuménique –sous une forme certes différente– était prévu de longue date entre Edouard Fritch et les églises, son timing ce week-end lui a donné une résonnance toute particulière, dans un contexte marqué par des appels du pied toujours plus nombreux des autorités sanitaires locales aux moyens de l'Etat.
Alors que le Président de la République Emmanuel Macron a été clairement appelé à l'aide vendredi par le Centre hospitalier de la Polynésie française, le message du président samedi était emprunt de nombreuses références aux difficultés de la Polynésie à répondre avec les moyens actuels à la crise sanitaire. “Il faut reconnaître, qu’en ce moment, les moyens dont nous disposons sont encore insuffisants”, a souligné Edouard Fritch, allant jusqu'à évoquer un peu plus loin l'épuisement des “moyens mis à notre disposition”. Dans ces conditions, l'appel au sacré s'est fait certes directement face aux confessions religieuses. Mais peut-être aussi avec un message subliminal à destination de l'Etat laïc…
Au cœur d'une épidémie d'une mortalité sans précédent et alors que le système de santé polynésien est à genoux face au Covid, le président Edouard Fritch à lancé samedi un “appel solennel au recueillement” à la tonalité assez particulière. Devant l'ensemble des représentants des confessions religieuses invitées à la présidence, Edouard Fritch s'est livré à l'exercice peu commun d'une allocution officielle appelant l'ensemble de la population polynésienne à “s’unir en prières et en intentions de paix et de guérison, le dimanche 5 septembre prochain à l’occasion de la Journée Internationale de la Charité”.
Pour en arriver à cette démarche singulière, le président du Pays, visiblement très affecté par la perte toute récente de son directeur de cabinet à la suite d'une contamination par le Covid, s'est fendu d'un discours sur les limites de la lutte “terrestre” contre le Covid. “Malgré le génie de l’homme, malgré toutes les connaissances accumulées depuis des siècles, toutes les technologies dont nous disposons, nous n’arrivons pas encore à terrasser ce minuscule virus. A ce jour, et depuis 18 mois, ce virus est plus fort et plus malin que l’humanité toute entière.” Multipliant les références bibliques face à “cette malédiction, ce fléau” le président a donc proposé “aussi” de “demander humblement et avec insistance, secours, faveur et grâce, à notre Créateur”. Edouard Fritch a ainsi appelé l'ensemble des foyers polynésiens à organiser “à sa façon et là où il se trouve” dimanche prochain cet “instant de recueillement” en précisant que “conformément à nos pratiques lors de ces recueillements, ce moment d’union et de silence s’accompagnera également d’un jeûne”.
Dernier recours ?
Si elle peut surprendre au premier abord, la dimension religieuse de la démarche du président du Pays est loin d'être en rupture avec la pratique politique au fenua, où la loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat n'a jamais été rendue applicable. Mais ce qui marque surtout dans cet appel au “soutien du père créateur”, c'est l'impression que le Pays n'a aujourd'hui pas d'autres solutions que de s'en remettre au divin. Et si cet appel œcuménique –sous une forme certes différente– était prévu de longue date entre Edouard Fritch et les églises, son timing ce week-end lui a donné une résonnance toute particulière, dans un contexte marqué par des appels du pied toujours plus nombreux des autorités sanitaires locales aux moyens de l'Etat.
Alors que le Président de la République Emmanuel Macron a été clairement appelé à l'aide vendredi par le Centre hospitalier de la Polynésie française, le message du président samedi était emprunt de nombreuses références aux difficultés de la Polynésie à répondre avec les moyens actuels à la crise sanitaire. “Il faut reconnaître, qu’en ce moment, les moyens dont nous disposons sont encore insuffisants”, a souligné Edouard Fritch, allant jusqu'à évoquer un peu plus loin l'épuisement des “moyens mis à notre disposition”. Dans ces conditions, l'appel au sacré s'est fait certes directement face aux confessions religieuses. Mais peut-être aussi avec un message subliminal à destination de l'Etat laïc…