French Bee a 5 ans en Polynésie et "est là pour rester"


Christine Ourmières-Widener qui a pris ses fonctions le 1er juillet à la tête du pôle aéronautique du groupe Dubreuil aux côtés de Marc Rochat à qui elle succèdera officiellement le 31 octobre prochain. crédit photo Stéphanie Delorme
Tahiti, le 13 septembre 2023 - Cela fait cinq ans que French Bee a déployé ses ailes en Polynésie. A l'occasion de cet anniversaire, Christine Ourmières-Widener et Marc Rochat avec lequel elle "co-pilote" la compagnie jusqu'au 31 octobre, étaient à Tahiti pour deux jours. Pas de nouvelle desserte ou de nouvelles fréquences annoncées mais une volonté affirmée de s'installer durablement dans le ciel polynésien.
 
C'était le 12 mai 2018. Le premier Airbus A350 de la compagnie French Bee se posait à l'aéroport de Tahiti-Faa'a. Une nouvelle offre était ainsi proposée aux Polynésiens avec des prix très attractifs et une autre façon de concevoir ses voyages "à la carte". Cinq ans plus tard, et malgré la crise covid qui a bien failli lui couper les ailes, French Bee entend bien se maintenir de manière pérenne en Polynésie. Christine Ourmières-Widener qui a pris ses fonctions le 1er juillet à la tête du pôle aéronautique du groupe Dubreuil aux côtés de Marc Rochat à qui elle succèdera officiellement le 31 octobre prochain, a accordé un entretien à la presse.
 
Quel bilan tirez-vous de ces cinq premières années de desserte en Polynésie ?

Christine Ourmières-Widener : C'est un bilan globalement très positif, à l'exception des années covid qui ont été des années un peu compliquées. 2023 est la première année pleine d'activité sans perturbation qu'on a pu connaître encore en 2022 et c'est une année qui voit une belle progression de taux d'occupation des vols et du marché qui est dynamique. On a aujourd'hui trois vols par semaine, on opère une flotte sur la Polynésie de A350-900 avec une capacité de 411 places, premium et économie. On est là pour rester !

Aujourd'hui l'avenir c'est quoi ? Allez-vous proposer une autre destination sur les Etats-Unis comme ATN l'a fait avec Seattle par exemple ? Ou alors augmenter le nombre de fréquences ? Quelle est la perspective de French Bee pour les Polynésiens ?

Pour les Polynésiens, dans un premier temps, c'est de consolider l'offre actuelle. On n'a pas encore de projet d'un deuxième point aux Etats-Unis. On va attendre la fin de l'année 2023. On reste prudent. Le groupe Dubreuil Aero qui est l'actionnaire de French Bee est un groupe familial privé, donc c'est une compagnie qui est gérée par des entrepreneurs qui sont toujours raisonnables dans leurs décisions basées sur des données économiques. Le leader Jean-Paul Dubreuil qui passe la main à son fils aujourd'hui, Paul-Henri Dubreuil a vraiment été le promoteur principal de la Polynésie (...) On dessert aujourd'hui, avec les deux compagnies aériennes (French Bee et Air Caraïbes, NDLR) tout l'arc antillais mais aussi la Réunion et la Polynésie donc c'est vraiment pour nous un cœur de cible.

Avec l'arrivée de United Airlines en Polynésie, également en provenance de San Francisco, y a-t-il eu un chevauchement de clientèle ou pas du tout ?

Le fait que United soit arrivé c'est une réelle concurrence. Après, le positionnement est assez différent, ne serait-ce que par la configuration de nos avions et par la structure de leur clientèle. United, comme Delta quand ils opèrent, ont souvent des clientèles qui utilisent ces destinations pour ce qu'on appelle, "brûler leurs miles". (...) Nous, notre volonté, c'est de fournir un service à la carte à nos clients. Ce sont eux qui choisissent leur produit, ce n'est pas nous qui leur imposons. Ils peuvent décider d'avoir un repas ou non, le type de bagage qu'ils veulent et c'est par rapport à cela que le prix final est défini. Donc on n'est pas du tout sur les mêmes segments de clientèle, néanmoins on est concurrents sur les clientèles communes des classes premium et économie. On a l'ambition de dire à French Bee que nous avons la meilleure classe premium – on n'a pas de classe business – et même si la densité de nos avions est plus forte, on a les avions les plus modernes et les plus écolo de la route puisque ce sont ceux qui ont l'empreinte carbone la plus faible de par leur modernité.

Combien de personnels avez-vous basés à Tahiti ?

On a deux employés basés pour la compagnie en Polynésie : notre chef d'escale et notre responsable commerciale. On emploie aussi des Polynésiens mais basés à Orly. Et on est en train de faire des recrutements, que ce soit de PNC ou de PNT, on serait ravis d'avoir des candidatures polynésiennes. Donc c'est un peu un appel à candidature. On recrute à Orly. On recrute des pilotes. Et ça démarre très bien.

Pour en revenir à l'empreinte carbone, Emmanuel Macron annonçait en juin dernier consacrer 200 millions d'euros pour développer les SAF, ces carburants pour avion sans pétrole. C'est une vraie fausse bonne idée ou c'est quelque chose qui peut être envisageable ?

On a des obligations qui sont définies, on est censés utilisés ces SAF (sustainable aviation fuel). Le problème c'est qu'on a des obligations en 2030 d'utilisation de ces carburants mais on a des soucis avec la production et le prix de ces carburants. Ce sont des coefficients multiplicateurs de 3 à 4 si ce n'est pas plus par rapport au carburant actuel, mais c'est surtout que ce n'est pas assez produit. Donc ce sont des obligations européennes pour lesquelles on pourrait être pénalisés si on ne les achète pas mais c'est compliqué d'être pénalisé pour quelque chose que vous n'arrivez pas à acheter. Et 2030 c'est demain. Donc ça reste un vrai sujet pour nous et on essaie de trouver des solutions. On en a discuté avec tous les acteurs qu'on a rencontrés ici (...) parce que le futur du long courrier est un futur avec des avions très modernes et des carburants qui auront le même profil. Et bien sûr, le prix au final sera impacté.

Sur quels leviers peut agir French Bee pour améliorer son produit et le garder attractif ?

C'est l'efficacité. C'est pour ça qu'on a eu des réunions aujourd'hui avec tous les acteurs logistiques (service de l'aviation civile, aéroport). On sait qu'il a ces discussions sans fin sur le futur de l'aéroport. Après il y a peut-être des sujets qui peuvent être abordés à court terme. Par exemple on a discuté d'une solution qui est censée arriver avant les Jeux Olympiques de scan des passeports. On a discuté aussi d'optimisation des processus d'enregistrement (opéré par ATN, ndlr) car quand on a trois vols qui partent en même temps le matin, c'est compliqué. Il y a beaucoup de choses à faire (...) la ponctualité est aussi très importante.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 13 Septembre 2023 à 11:24 | Lu 2196 fois