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Forum économique: Philippe Turp nous fait rêver sur l’économie numérique


Philippe Turp devant le public très attentif du forum de l'économie
Philippe Turp devant le public très attentif du forum de l'économie
PUNAAUIA, le 11 octobre 2016- Philippe Turp est directeur de formation en développement stratégique et en relations institutionnelles au Québec. Il animait ce mardi matin une conférence sur l’économie numérique dans le cadre du Forum qui se tient au Méridien de Punaauia pendant deux jours.

65 % des métiers que nos enfants occuperont n’existent pas aujourd’hui
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C’est sur ce constat que Philippe Turp a fondé sa démonstration hier, lors du forum qui se déroule au Méridien pendant deux jours, invitant les acteurs de l’économie polynésienne à réfléchir sur les enjeux du développement du numérique en Polynésie française, et sur la formation qui s’impose dans ce domaine.

Selon lui, l’enseignement traditionnel n’a pas suivi le rythme du monde du travail et doit changer. "Les jeunes ne suivent plus les enseignements de base, et il est important que l’on s’adapte à nos jeunes."
Sur 280 000 habitants en Polynésie, 150 000 habitants ont 29 ans et moins. « Il convient de connecter les jeunes au plus tôt à la réalité du travail, leur faire réaliser des stages en entreprise, suivre des conférences, des projets, des concours, il faut « allumer les jeunes » martèle-t-il, « Mais il faut dans le même temps, sensibiliser les entreprises à l’innovation afin d’assurer la relève, il faut savoir garder nos jeunes, » précise-t-il, citant Québec qui a vu, en 95, les jeunes quitter le pays en masse et qui aujourd’hui, sont tous revenus. « Développer une capacité de formation et de rétention pour attirer les entreprises tout en gardant nos talents, les aider à se développer. » Le numérique et son potentiel de développement répondent parfaitement à cette problématique, à condition de favoriser dans le même temps la formation continue.


« La technologie n’est pas une menace, c’est une solution «

Le conférencier Philippe Turp en a fait le constat : parmi les jeunes de Poly 3 D il y a des leaders. « Il faut pousser ces jeunes, il faut intégrer les technologies à notre savoir faire. En Polynésie, vous avez un design extraordinaire, une histoire, des images, du folklore, c’est extraordinaire tout ce qu’il y a faire avec ça ». « Il faut créer de beaux projets qui excitent les jeunes, » poursuit-il, « ici vous avez tout pour ça. Il faut fédérer tous les acteurs locaux. L’industrie, les universités, le gouvernement…Nous on le fait au Québec, vous, vous êtes capables de le faire. Le monde de l’éducation doit donner la main à l’industrie et vice et versa. La technologie n’est pas une menace, c’est une solution. Il faut positionner la créativité et l’innovation au cœur de la stratégie. L’innovation est la clef de tout. On est toujours plus fort dans l’action. Créer un pôle de compétitivité ici, dans la création numérique, ça va de soi. Si vous ne le faites pas, d’autres vont le faire. Si nous on l’a fait, vous pouvez le faire » termine-t-il.

« On est toujours plus fort dans l’action »

Un discours qui n’a pas laissé indifférents les professionnels présents dans la salle. Vincent Fabre, président de l’OPEN (Organisation des Professionnels de l’Economie Numérique), fait remarquer que bien que de nombreuses entreprises locales soient désireuses de développer l’activité numérique et bien conscientes du rôle de « moteurs » qu’elles doivent jouer dans le développement de cet éco-système, nous manquions parfois de moyens techniques et d’avancées technologiques. A cela, Philippe Turp rappelle que beaucoup d’entreprises ont débuté au fond d’un garage, « on n’a pas besoin de beaucoup de moyens », estime-t-il, « il faut avoir des rêves et de l’audace ».

Philippe Turp cite en exemple le projet de « Montréal en histoires ». « Entre mai dernier et aujourd’hui ce projet a attiré 120 000 touristes à Montréal. Ce concept est parti d’un rêve, ensuite, il faut monter un plan d’affaire, et il faut aller chercher des partenaires, des investisseurs, » explique-t-il « le Pays suit lorsque le privé embarque. Le jeu « Angry bird » a couté 100 000 dollars, il a rapporté 350 millions de dollars » .

"Nous avons créé un Hub numérique au Québec. Bernard Landry a été l’auteur de cet eco-système là. En attirant les entreprises étrangères comme Ubisoft, on crée des emplois, nos jeunes travaillent dans ces grandes entreprises, ils acquièrent l’expérience et créent ensuite leur propre entreprise. On rend possible le leadership de ces jeunes à créer leur entreprise, à devenir des présidents d’entreprise, à embaucher d’autres jeunes, à faire le travail pour créer de l’emploi."
Dans l’industrie du jeu vidéo, la moyenne d’âge des travailleurs est de 27 ans. Ces jeunes gagnent en moyenne 65 000 dollars et de nombreuses primes. Le jeu vidéo est un secteur très porteur et qui demande peu de moyens. Juste de la créativité et des idées.

« On gagne de l’argent dans l’industrie du jeu vidéo »

Philippe Chung, chef d’entreprise dans le numérique relève que pour les entreprises locales, la difficulté est parfois de convaincre les acteurs à se lancer dans un domaine qu’ils ne connaissent pas. « Comment arriver à sensibiliser les autorités pour permettre le démarrage de cette économie ? Les entrepreneurs sont les seuls à prendre le risque » regrette-t-il.

La formation fait la différence, estime le conférencier. Le numérique touche tous les biens et services sur la planète. L’économie numérique représente 30 % du développement mondial. Il faut être audacieux. Il faut avoir une vision lointaine et ambitieuse. « On peut faire tellement de choses avec le numérique, connecter toutes les îles entre elles, par exemple, et nous sommes prêts à vous aider pour y parvenir », conclut-il.





Rédigé par () le Mardi 11 Octobre 2016 à 13:41 | Lu 1742 fois