Formation : 12 secouristes de l'extrême


Pendant cet exercice de secours en canyon, les 12 stagiaires se sont entrainés au rappel deux par deux en cascade, aux gestes de secourisme en milieu aquatique, aux gestes de transport du matériel (brancards spéléo pour canyons) et à la prise en charge d'une victime par tyrolienne aérienne pour passer des cascades sans mettre la victime en danger.
PAPEETE, le 5 juin 2019 - C'est par un spectaculaire exercice de secours d'un blessé au milieu d'une cascade qu'une douzaine de secouristes, pompiers et professionnels médicaux ont terminé la première formation aux techniques de secours en milieux périlleux et de secours en canyons effectuée en Polynésie. Ils ont été formés par deux intervenants métropolitains bénévoles et sont prêts à accompagner le développement du tourisme vert au fenua... Et tous les dangers qui pourraient se présenter en montagne.

Gaston Tunoa

Gaston Tunoa, Sam Roscol et Jean-François Fiorin
Gaston Tunoa est Chef de corps des pompiers de Teva i Uta et président de la Fédération Polynésienne des sapeurs-pompiers

Combien de pompiers de Teva i Uta ont participé à cette formation ?
Nous avons deux hommes qui ont suivi la formation. C'est d'ailleurs eux que je vais envoyer faire formateur au GrIMP (Groupement d'Intervention en Milieu Périlleux). Le projet de la commune est vraiment de développer le tourisme vert. Il y a déjà ces jardins de Vaipahi où l'exercice d'aujourd'hui a eu lieu, il y a aussi d'autres randonnées, et notre mission est vraiment d'assurer la sécurité de tous les visiteurs et touristes qui viennent dans la commune. Donc cette formation nous permet d'acquérir les techniques et compétences pour pouvoir intervenir avec des moyens humains et matériels adéquats.

Il y a déjà eu des cas de touristes perdus en montagne sur la commune, et les compétences vous manquaient pour leur venir en aide ?
Il y a eu une intervention il y a deux ans de cela, et il manquait de la technicité. Donc heureusement il y a cette formation aujourd'hui, et j'ai confiance dans mes gars. Ce sont des personnes qui sont compétentes et capables d'intervenir à tout moment et dans toutes les circonstances où il serait nécessaire d'intervenir. Comme le dit notre devise, "Courage et Dévouement" !

Sam Roscol

Sam Roscol est Président de la Fédération Polynésienne de Protection Civile (FPPC), patron du Secours Montagne en Polynésie et conseiller technique du Groupement d'Intervention en Milieu Périlleux (GrIMP) en Polynésie

Raconte-nous ce qu'il s'est passé cette semaine ?
Deux formateurs de France sont venus en Polynésie pour former des IMP2, donc des secouristes en montagne avec une qualification Canyon. On va avoir un développement du tourisme vert en Polynésie, donc on est en train de mettre en place des dispositifs adaptés pour répondre aux besoins professionnels. Nous avions 12 stagiaires, cinq pompiers, une infirmière et des secouristes bénévoles. On a essayé de mutualiser tous les moyens qu'il y a en Polynésie, professionnels et bénévoles, pour avoir une réponse opérationnelle à chaque type de mission. Aujourd'hui nous avons aussi eu la chance d'avoir deux infirmières spécialisées et deux médecins du SMUR avec nous, qui font partir de la FPPC, pour cette dernière journée de formation.

La descente en rappel avec un brancard à transporter :

Capitaine Jean-François Fiorin

Le Cpt Jean-François Fiorin est Conseiller technique Secours en Montagne et Secours Canyons du département des Alpes-Maritimes

Qu'as-tu appris à tes stagiaires ?
Nous sommes venus à deux, avec l'autre formateur qui a le même poste, qui s'appelle Philippe Auvaro. Nous sommes venus à titre bénévoles pour former ces 12 stagiaires pour qu'il y ait une équipe de secours montagne en Polynésie. Pendant la première semaine nous leur avons appris à être autonomes en canyons, aussi bien sur corde que pour tout ce qui est auto-secours et secours. Nous avons ensuite encadré la X-Terra pendant le weekend. A la deuxième semaine nous sommes passés à comment évacuer une victime en cas de nuit, en cas de mauvais temps quand l'hélicoptère ne peut pas venir, pour toujours pouvoir nous débrouiller et sortir une victime d'un mauvais pas.

Combien de temps a duré la formation ?
Elle a duré cinq jours plein, à neuf heures par jour, avec une toute petite pause pour déjeuner. Donc une formation très intensive et gérée de main de maître grâce à la mise en place par la protection civile polynésienne qui a organisé ce stage, en collaboration avec la mairie de Papeete, ATN qui nous nous a offert les billets, le SDIS 06 Alpes-Maritimes dont le directeur nous a permis de venir à titre bénévole. Nous allons aussi mettre en place d'autres collaborations entre le département et la Polynésie. Nous pourrions en particulier offrir du matériel à la Polynésie !

Qu'as-tu pensé des stagiaires polynésiens ?
Je pense qu'ils avaient besoin d'une bonne formation, on a tendance à les oublier parce qu'ils sont loins. Il y a un point très, très positif de la part de ces sauveteurs polynésiens, c'est qu'ils sont bénévoles et ils ont envie de faire le travail, d'apprendre. Ils ne regardent pas les heures par rapport à la métropole où au bout de sept heures il faut arrêter. Là, ils n'ont jamais rechigné sur les heures et ils sont très, très dévoués pour leur Polynésie, pour aller sauver les gens.

Quelle est la suite du programme ?
Donc nous avons attaqué par Secours en Milieu Périlleux, nous sommes en phase du Secours Canyons, et en octobre un autre stage concernera le Secours Montagne Polynésien, comment se débrouiller sur les falaises de Polynésie, ainsi qu'un SEV, Secours en Eaux Vives dues aux inondations qui pourraient arriver à Papeete, pour faire face à nouvelles interventions.

La tyrolienne pour descendre une victime d'une cascade :

James Manea, pompier volontaire de Teva i Uta

Qu'as-tu pensé de ces cinq jours de stage ?
Efficace pour pouvoir subvenir aux besoins de notre commune, pour avoir des gars prêts à intervenir sur des missions de ce type. Physiquement, c'était dur au départ, mais une fois qu'on a toutes les manips dans la tête ça passe facilement. J'ai appris énormément de choses, plus que lors du GrIMP. C'est vraiment une chance d'avoir eu ces deux formateurs.

Tu te sens en confiance pour intervenir au milieu d'une cascade comme aujourd'hui ? Ça doit être terrifiant...
Quand tu as des gars bien formés et bien équipés avec toi, tu te sens en sécurité. Je sens qu'on pourra se débrouiller sans nos instructeurs, on est prêts.

Tu vas faire la formation en octobre aussi ?
Oui je veux aller jusqu'au bout, pourquoi pas devenir conseiller technique. J'aimerai en faire ma carrière. Ce qui serait super ça serait de faire une unité spécialisée dans les secours en montagne, et je pense qu'on va en avoir besoin. À Teva i Uta on est déjà intervenu six fois.

Qu'est-ce qui t'intéresse dans cette activité ?
Au départ je voyais ces tenues oranges, les cordes, le matériel, ça donnait envie, donc je me suis lancé. Et depuis j'ai sauvé des gens, après on a la famille qui vient nous remercier... Ca réchauffe le cœur et ça rassure. C'est un travail qui a du sens.


Titaina Maitere, IMP2, secouriste bénévole

Tu as fait cette formation toute la semaine, qu'en as-tu pensée ?
C'était très, très bien. On a appris des techniques qu'on ne connait pas du tout, surtout sur le sauvetage en canyon, c'était très intéressant. Je me suis beaucoup améliorée au niveau technique et j'ai pris confiance parce que c'était la première fois qu'on applique les nouvelles techniques qui viennent de France. Et ça sera utile. Le canyon se développe de plus en plus ici, donc on en aura besoin. Ca fait 10 ans que je fais du canyoning, j'ai même accompagné des enfants pour assurer leur sécurité, et je suis vraiment rassurée de savoir qu'il y a de bons encadrants et des professionnels. Je vais continuer à faire cette formation jusqu'au bout en octobre !



Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mercredi 5 Juin 2019 à 19:01 | Lu 2941 fois