Fabrice COFFRINI / AFP
Gletsch, Suisse | AFP | mardi 01/10/2024 - Pas de répit pour les glaciers suisses, qui, malgré un hiver très enneigé, ont perdu 2,4% de leur volume cette année sous la chaleur estivale. Une fonte accélérée par les poussières du Sahara.
La fonte cette année est "à nouveau massive", a commenté le directeur du réseau suisse de relevés glaciologiques (Glamos), Matthias Huss, auprès de l'AFP.
Les glaciers "sont sur le point de disparaître", a-t-il averti, affirmant qu'"ils ne seront là dans 100 ans que si nous parvenons à stabiliser le climat".
L'année hydrologique (1er octobre 2023 au 30 septembre 2024) aura été "exceptionnelle à la fois en termes d'accumulation et de fonte" pour les glaciers suisses, selon l'étude annuelle du Glamos publiée mardi.
La fonte, très impactée par le changement climatique, est "un peu plus modérée" par rapport à 2022 et 2023, au cours desquelles un total d'environ 10% du volume glaciaire suisse a disparu, un record.
La réduction annuelle du volume a fluctué entre -1% et -3% par an au cours des deux dernières décennies, à l'exception de 2022 et 2023.
Mais la perte de 2,4% enregistrée cette année dépasse la moyenne de la décennie 2010-2020, qui s'élevait à 1,9%.
Selon les relevés de Glamos réalisés sur 20 glaciers suisses, extrapolés à l'ensemble des 1.400 glaciers du pays alpin, leur volume global devrait être de 46,4 km3 fin 2024, soit presque 30 km3 de moins qu'en 2000.
- "Considérable" -
Leur superficie est, elle, estimée à 775 km2, une diminution de 28% par rapport à 2000.
Bien qu'inférieure aux deux dernières années, la perte de volume en 2024 reste "considérable compte tenu de la couverture neigeuse fortement supérieure à la moyenne" qui prévalait à la fin de l'hiver.
Jusqu'en juin, les glaciers suisses ont bénéficié de conditions exceptionnellement favorables : une neige hivernale 30% plus abondante que la moyenne et un début d'été pluvieux.
Mais la chaleur estivale, l'absence de neige fraiche en été et les poussières du Sahara ont douché les espoirs du directeur de Glamos, qui se dit "déçu une fois de plus" mais "pas trop surpris".
Selon cet organisme, trois facteurs expliquent les importantes diminutions des glaciers en 2024.
Tout d'abord, la chaleur estivale, avec des températures moyennes en juillet et août très importantes. Dans les stations météorologiques de MétéoSuisse les plus élevées, les valeurs pour le mois d'août ont même été supérieures à celles de 2003 et 2022, deux années particulièrement chaudes.
- Fonte historique -
Les glaciers ont également souffert de l'absence de chutes de neige en juillet et août. Enfin, la coloration de la surface du manteau neigeux par les poussières venues du Sahara en hiver et au printemps a accéléré la fonte, faisant d'août le mois avec la plus importante perte de glace depuis le début des mesures.
Ce dépôt sombre sur la glace entraîne une réduction de l'effet albédo, selon lequel plus une surface est claire plus elle renvoie la lumière et donc la chaleur. Glamos n'est pas encore en mesure de quantifier précisément l'effet des poussières du Sahara, mais l'étude estime "plausible" que cela entraîne une augmentation des taux de fonte de 10 à 20% par rapport aux conditions normales.
Le résultat de cette fonte massive est alarmant : "les glaciers ne peuvent plus fournir de très grandes quantités d'eau de fonte aux zones situées en aval", selon Glamos.
L'étude souligne par exemple que les six mètres de neige mesurés sur le glacier Claridenfirn à la mi-mai avaient complètement disparu en septembre.
Cela illustre "la nécessité urgente d'agir maintenant, et non dans une, deux ou trois décennies" face au réchauffement climatique, souligne M. Huss, alors que la fonte des glaciers va poser d'importants problèmes pour la gestion des ressources en eau.
La Suisse et l'Italie ont dû récemment redessiner leur frontière au pied du Cervin car la ligne de séparation des eaux a été modifiée après la fonte d'un glacier.
Plusieurs glaciers sont désormais recouverts en partie de bâches géotextiles pendant une partie de l'année pour les protéger de la chaleur. Mais cela ne réduit la fonte que d'environ 50%, selon M. Huss : "Ce n'est pas fait pour sauver un glacier" mais pour maintenir une activité économique à un endroit précis, comme une piste de ski.
La fonte cette année est "à nouveau massive", a commenté le directeur du réseau suisse de relevés glaciologiques (Glamos), Matthias Huss, auprès de l'AFP.
Les glaciers "sont sur le point de disparaître", a-t-il averti, affirmant qu'"ils ne seront là dans 100 ans que si nous parvenons à stabiliser le climat".
L'année hydrologique (1er octobre 2023 au 30 septembre 2024) aura été "exceptionnelle à la fois en termes d'accumulation et de fonte" pour les glaciers suisses, selon l'étude annuelle du Glamos publiée mardi.
La fonte, très impactée par le changement climatique, est "un peu plus modérée" par rapport à 2022 et 2023, au cours desquelles un total d'environ 10% du volume glaciaire suisse a disparu, un record.
La réduction annuelle du volume a fluctué entre -1% et -3% par an au cours des deux dernières décennies, à l'exception de 2022 et 2023.
Mais la perte de 2,4% enregistrée cette année dépasse la moyenne de la décennie 2010-2020, qui s'élevait à 1,9%.
Selon les relevés de Glamos réalisés sur 20 glaciers suisses, extrapolés à l'ensemble des 1.400 glaciers du pays alpin, leur volume global devrait être de 46,4 km3 fin 2024, soit presque 30 km3 de moins qu'en 2000.
- "Considérable" -
Leur superficie est, elle, estimée à 775 km2, une diminution de 28% par rapport à 2000.
Bien qu'inférieure aux deux dernières années, la perte de volume en 2024 reste "considérable compte tenu de la couverture neigeuse fortement supérieure à la moyenne" qui prévalait à la fin de l'hiver.
Jusqu'en juin, les glaciers suisses ont bénéficié de conditions exceptionnellement favorables : une neige hivernale 30% plus abondante que la moyenne et un début d'été pluvieux.
Mais la chaleur estivale, l'absence de neige fraiche en été et les poussières du Sahara ont douché les espoirs du directeur de Glamos, qui se dit "déçu une fois de plus" mais "pas trop surpris".
Selon cet organisme, trois facteurs expliquent les importantes diminutions des glaciers en 2024.
Tout d'abord, la chaleur estivale, avec des températures moyennes en juillet et août très importantes. Dans les stations météorologiques de MétéoSuisse les plus élevées, les valeurs pour le mois d'août ont même été supérieures à celles de 2003 et 2022, deux années particulièrement chaudes.
- Fonte historique -
Les glaciers ont également souffert de l'absence de chutes de neige en juillet et août. Enfin, la coloration de la surface du manteau neigeux par les poussières venues du Sahara en hiver et au printemps a accéléré la fonte, faisant d'août le mois avec la plus importante perte de glace depuis le début des mesures.
Ce dépôt sombre sur la glace entraîne une réduction de l'effet albédo, selon lequel plus une surface est claire plus elle renvoie la lumière et donc la chaleur. Glamos n'est pas encore en mesure de quantifier précisément l'effet des poussières du Sahara, mais l'étude estime "plausible" que cela entraîne une augmentation des taux de fonte de 10 à 20% par rapport aux conditions normales.
Le résultat de cette fonte massive est alarmant : "les glaciers ne peuvent plus fournir de très grandes quantités d'eau de fonte aux zones situées en aval", selon Glamos.
L'étude souligne par exemple que les six mètres de neige mesurés sur le glacier Claridenfirn à la mi-mai avaient complètement disparu en septembre.
Cela illustre "la nécessité urgente d'agir maintenant, et non dans une, deux ou trois décennies" face au réchauffement climatique, souligne M. Huss, alors que la fonte des glaciers va poser d'importants problèmes pour la gestion des ressources en eau.
La Suisse et l'Italie ont dû récemment redessiner leur frontière au pied du Cervin car la ligne de séparation des eaux a été modifiée après la fonte d'un glacier.
Plusieurs glaciers sont désormais recouverts en partie de bâches géotextiles pendant une partie de l'année pour les protéger de la chaleur. Mais cela ne réduit la fonte que d'environ 50%, selon M. Huss : "Ce n'est pas fait pour sauver un glacier" mais pour maintenir une activité économique à un endroit précis, comme une piste de ski.