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Fonds de transition énergétique, les communes en fer de lance


Édouard Fritch, Éric Spitz et Cyril Tetuanui lors de la signature de la convention. Crédit photo : haut-commissariat.
Édouard Fritch, Éric Spitz et Cyril Tetuanui lors de la signature de la convention. Crédit photo : haut-commissariat.
Tahiti, le 27 février – Sous le fare potee du haut-commissariat, Éric Spitz et Édouard Fritch ont signé lundi matin la convention relative au fonds de transition énergétique annoncé par Emmanuel Macron en 2021. Cette subvention ira au bénéfice des entreprises privées mais surtout des communes qui souhaiteront lancer des projets de transition écologiques.
 
Deux années après avoir été promis par Emmanuel Macron, la convention relative au fonds de transition énergétique (FTE) a enfin été signée lundi matin au fare potee du haut-commissariat. En présence du président du syndicat pour la promotion des communes de Polynésie française (SPCPF), Cyril Tetuanui, du ministre de l'Économie et de Finances, Yvonnick Raffin et de la secrétaire générale du haut-commissariat, Cécile Zaplana, Éric Spitz et Édouard Fritch se sont serré la main pour entériner définitivement ce projet et le rendre désormais applicable dans toute la Polynésie. Cet accord tripartite entre le Pays, le haut-commissariat et les communes quant à la mise en œuvre de cette subvention, s'est fait naturellement selon Éric Spitz : “J'ai obtenu le mandat de négociation pour parler avec la Polynésie mi-novembre 2022. Nous avons travaillé main dans la main avec la SPCPF et le Pays et nous avons trouvé un accord pour définir comment ce fonds sera utilisé, dans un temps record. Le partenariat a été exemplaire. Le plus long a été d'atteindre la validation de l'administration centrale”.
 
Le fonds de transition énergétique, est doté d'une enveloppe de 7.1 milliards de Fcfp donné par l'État, à pourvoir jusqu'en 2026. Pour en profiter, un appel à projet sera mis en place chaque année par le haut-commissariat. Il sera en priorité applicable pour les collectivités locales qui en seront le fer de lance, mais il sera également disponible pour les entreprises privées. “On a ajouté le Medef et les syndicats d'entreprises dans la discussion, car elles seront également éligibles” a expliqué Éric Spitz.
 
La main aux communes
 
Ce fonds a pour objectif de décarboner la production d'électricité en Polynésie, notamment pour les îles éloignées en finançant les projets d'énergies renouvelables qui ne seraient pas finançables sans cette subvention”, a rappelé en préambule le haut-commissaire. Cette subvention sera prioritairement adjugée aux communes, notamment dans les îles éloignées. Les collectivités locales seront les principales bénéficiaires de ce fonds en raison de leur vocation à être d'importants porteurs de projet. Ainsi, les subventions pourront atteindre la quasi-totalité des coûts représentés par les projets, dans certains archipels. “La difficulté des communes lointaines, notamment dans les Tuamotu-Gambier, c'est qu'elles sont limitées en capacité financière. J'ai donc réussi à obtenir un financement à hauteur de 95% pour elles”, a souligné Éric Spitz.
 
Cependant, les collectivités locales ne seront pas les seules à pouvoir bénéficier du FTE. Les entreprises privées pourront également en bénéficier, mais dans une mesure moindre. “Bien évidemment, le taux de financement ne sera pas le même pour le privé. Il sera bien plus faible, puisqu'il pourra atteindre au maximum de 70%. Mais on regardera aussi le taux de rentabilité du projet. En fonction de ce taux, le financement sera plus faible” a détaillé le haut-commissaire.
 
Subvention sous forme d'appel à projet
 
Cette subvention sera donc distribuée avec un appel à projet organisé chaque année. Le premier devrait être lancé en avril. Les opérations qui seront éligibles au FTE seront : Les installations de production d'énergie électrique ayant recours aux énergies renouvelables comme des centrales solaires, hydroélectricité..., Les installations de production d'énergie renouvelable thermique comme les chauffe-eau solaire, biomasse ou encore les Swac, les investissements d'infrastructures de réseaux et stockage tel que des batteries ou des retenues d'eau et enfin les installations de production hybrides dont la part d'énergie renouvelable est supérieure à 50%.
 
Pour assurer le suivi et la bonne mise en œuvre du FTE, un comité de pilotage co-présidé par le haut-commissaire et le président de la Polynésie aura à charge de définir la programmation annuelle des opérations. Un autre comité, cette fois-ci technique, sera lui co-présidé par le secrétaire général du haut-commissariat et le ministre du Pays en charge de l'énergie. Cette deuxième entité devra instruire les dossiers déposés dans le cadre de l'appel à projet mais également proposer une programmation au comité de pilotage. Selon Éric Spitz, il y aurait déjà “un certain nombre de projets sur la table, notamment dans le domaine du photovoltaïque dans les Tuamotu, à Hao”.
 
Vers l'indépendance énergétique
 
La signature de ce fonds, lundi, s'inscrit bien évidemment dans le programme de transition énergétique du Pays. “Grâce à ce fonds promis il y a deux ans, nous allons devenir de moins en moins dépendant des énergies fossiles” a commenté Édouard Fritch. Un fonds qui arrive à point nommé selon lui : “cette signature arrive au bon moment, car nous avons de plus en plus d'îles qui font pression pour devenir moins dépendantes du pétrole”. Le président a également cité l'exemple de Reao, où une centrale solaire, installée depuis 2010, a permis d'économiser 80% de fioul. L'application de cette subvention et la construction d'installations de production d'énergie renouvelable permettra d'apporter un mix énergétique plus important à la Polynésie et ainsi de ne plus souffrir des fluctuations des prix du pétrole qui peuvent être très importantes. “In fine, la répercussion ira sur le prix de l'électricité qui est vendu par les communes à leurs habitants”, a également commenté Édouard Fritch, “dans la logique, le prix baissera, puisque le coût de production sera moins élevé que le prix du fioul”. Pour rappel, la Polynésie est encore dépendante des énergies fossiles à 71% dans sa production d'électricité.

 

Rédigé par Thibault Segalard le Lundi 27 Février 2023 à 18:56 | Lu 1274 fois