Fonction publique: rendez-vous salarial sur fond de désaccords majeurs entre syndicats et gouvernement


Paris, France | AFP | lundi 16/10/2017 - Les syndicats de la fonction publique étaient reçus lundi après-midi par leur ministre de tutelle, Gérald Darmanin, pour parler salaires, une réunion qui s'annonce tendue sur fond de désaccords sur les mesures déjà annoncées par le gouvernement.

La réunion, programmée à 15H30 à l'Hôtel de Cassini, ancien ministère de la fonction publique, a débuté un peu en avance, selon une source syndicale. Le ministre devait tenir une conférence de presse à 17H30, à l'issue de la rencontre.
"La balle est dans son camp", avaient prévenu les syndicats dans un communiqué, moins d'une semaine après la mobilisation de centaines de milliers de fonctionnaires contre les choix du gouvernement les concernant. Interrogés par l'AFP, tous ont dit espérer "qu'il aura entendu le message" et "que le ministre arrivera à ce rendez-vous avec de nouvelles propositions".
Le gouvernement doit "clairement revoir ses positions", pour Mylène Jacquot (CFDT), "tenir ses promesses et être sérieux", selon Bernadette Groison (FSU), "redonner confiance aux agents par un signe fort", pour Luc Farré (Unsa).
Qu'il "arrête sa posture dogmatique sur la diminution de la dépense publique et défende un vrai modèle social, à un moment où l'Europe a plus que jamais besoin de cohésion sociale", a demandé Christian Grolier (FO), tandis que pour Denis Turbet-Delof (Solidaires), il doit "engager une véritable réflexion sur la question des services publics qui ne soit pas assortie de préalables budgétaires ou structurels".
"Je veux croire à l'intelligence et qu'il arrivera au minimum avec de fortes inflexions", a résumé Jean-Marc Canon à la CGT, premier syndicat de la fonction publique. "Si ce n'est pas le cas, c'est qu'il joue la carte de l'affrontement", prévient-il.
Les désaccords portent sur le fond mais aussi sur la forme, les syndicats ayant peu apprécié d'être informés de la plupart des mesures par voie de presse et conviés à des réunions dites de "concertation" où "les choix étaient déjà arbitrés".
Ils dénoncent en priorité la promesse, non respectée, du président de la République, d'augmenter le pouvoir d'achat des fonctionnaires à l'occasion de la compensation de la hausse de la CSG, car les agents publics ne bénéficieront pas de la baisse des cotisations salariales, contrairement aux salariés du privé.
  - 'Tour de passe-passe' - Or, le gouvernement a non seulement annoncé le gel du point d'indice, qui sert au calcul de leurs rémunérations, mais contrairement aux engagements du ministre qui a assuré qu'"aucun agent public ne verra son salaire baisser", il n'envisage qu'une compensation partielle de la hausse de la CSG, alors "qu'un tiers des agents ont vu leur rémunération nette baisser en 2015 et qu'elle n'a augmenté que de 0,6% en moyenne contre 1% dans le privé", selon l'Unsa.
Les syndicats dénoncent unanimement le "tour de passe-passe mensonger" du gouvernement affirmant que leur pouvoir d'achat a augmenté de 2% en moyenne en 2016 et de 4% en 2017.
Basés sur "le coût global de la masse salariale divisé par le nombre total d'agents", ces chiffres ne sont "pas représentatifs de l'évolution des rémunérations" des fonctionnaires, selon Solidaires.
Pour lutter contre l'absentéisme, le gouvernement prévoit aussi d'imposer aux fonctionnaires un jour de carence (arrêt maladie rémunéré à partir du deuxième jour, NDLR), qui n'est pas compensé par leurs employeurs, contrairement au secteur privé.
Il souhaite enfin supprimer 120.000 postes d'ici 2022, dont 70.000 dans la fonction publique territoriale (1,98 million d'agents) et 50.000 dans la fonction publique d'Etat (2,48 millions).
Les syndicats s'inquiètent en outre pour leur statut qui vise à les protéger, tout comme les usagers, de tout clientélisme. 
La rémunération au mérite ou en fonction du versant de la fonction publique, évoquée par Emmanuel Macron, ou l'exclusion des organisations syndicales d'un groupe de réflexion sur les missions et les réformes envisagées ajoutent à leurs craintes.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a nommé vendredi un comité de 34 membres chargé de cette mission, codirigé par le président de Safran, le franco-australien Ross McInnes, l'ex-directrice de cabinet de Manuel Valls à Matignon et cadre dirigeante de Nexity, Véronique Bédague-Hamilius, et le directeur de Sciences Po Paris, Frédéric Mion.

le Lundi 16 Octobre 2017 à 04:34 | Lu 142 fois