Fin de la prise d'otages à la prison de haute sécurité de Condé-sur-Sarthe


JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Condé-sur-Sarthe, France | AFP | mardi 05/10/2021 - Un détenu violent de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), Sofiane Rasmouk, condamné à perpétuité pour viol et tentative de meurtre, a agressé et retenu en otage pendant plusieurs heures deux surveillants, avant de se rendre en début d'après-midi.

"La prise d’otage est terminée. Le détenu s’est rendu. J'apporte mon soutien aux deux surveillants victimes et je félicite chaleureusement les personnels des Éris (équipes régionales d’intervention et de sécurité, ndlr) et du Raid qui ont permis ce dénouement rapide", a déclaré le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti sur Twitter.

Le ministre s'est rendu sur les lieux en milieu d'après-midi, selon des journalistes de l'AFP sur place. Il s'est entretenu avec des personnels mobilisés pendant la prise d'otages dans cette prison, l'une des plus sécurisées de France.

"On a évité le pire", a commenté M. Dupond-Moretti en félicitant plusieurs personnels. L'un d'eux lui a indiqué que le preneur d'otages avait des revendications confuses et avait utilisé un couteau qu'il a "lui-même usiné".

Un des deux surveillants a été blessé à l'oeil droit et a été pris en charge par un médecin et un psychologue, selon le ministère de la Justice. Le détenu n'a pas été blessé, selon la même source.

La prise d'otage a commencé à 10H15, une surveillante a été libérée à 12H05 et le détenu s'est rendu à 14H00, selon le ministère de la Justice. 

Le détenu était arrivé le 17 septembre dans l'établissement normand, a déclaré le procureur de la République d'Alençon François Coudert, lors d'une conférence de presse.

La surveillante a été libérée "volontairement" vers midi et son collègue l'a été après intervention du Raid, le preneur d'otage ayant alors "accepté volontairement de se rendre", a ajouté le procureur.

Selon une source syndicale et une source policière, le preneur d'otages est Sofiane Rasmouk. 

Cet homme athlétique, diagnostiqué "psychopathe" lors d'un procès, a été condamné dans des affaires de viols, tentative de meurtre, vols, trafic de stupéfiants, outrages ou dégradations.

En septembre 2017, une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour viol, tentative de viol et tentative de meurtre sur deux jeunes femmes en 2013 avait été confirmée alors qu'il était en semi-liberté. La cour d'assises avait fait passer la peine de sûreté de 18 à 22 ans.

Selon le procureur, l'homme avait par ailleurs "déjà dans le passé été condamné pour des faits de violence sur personne dépositaire de l’autorité publique dans un lieu de détention précédent". 

détenus difficiles 

Interrogé par l'AFP, Me Francis Terquem, un des anciens avocats de Sofiane Rasmouk, a décrit "un taureau, une bête de la nature". 

"Il fallait lui laisser une perspective d'espoir, le seul moyen de tenir ce genre d’individus c’est de leur laisser un motif d’espoir. L’administration pénitentiaire n’est pas équipée pour traiter ce genre de cas, avec une telle dimension psychiatrique", a-t-il commenté.

"C’est quelqu’un qui est incapable de gérer la moindre frustration. Il avait essayé de me frapper pendant l’audience, il avait cassé la vitre de sécurité du box à coups de poing", a-t-il ajouté.

"Sur le papier, Condé est ultrasécurisée mais les moyens annoncés ne sont pas au rendez-vous", a déclaré à l'AFP Joseph Rousseau, secrétaire interrégional FO. "Nous attendons une arme incapacitante, des pistolets à impulsion électrique et la direction n'est pas du tout axée sur le sécuritaire".

Le centre pénitentiaire de haute-sécurité de Condé-sur-Sarthe, ouvert en janvier 2013, a connu plusieurs incidents graves alors qu'il est l'un des plus récents et modernes de France.

En mars 2019, Michaël Chiolo, avait agressé deux surveillants avec un couteau en céramique. L'assaillant, qui purgeait une peine de trente ans et s'est radicalisé en prison, s'était ensuite retranché avec sa compagne pendant près de dix heures dans l'unité de vie familiale (UVF) de l'établissement. Après des tentatives de négociations, les forces d'élite de la police avaient lancé l'assaut, blessant l'assaillant et tuant sa compagne. 

Trois mois plus tard, en juin 2019, deux personnels pénitentiaires avaient été pris en otage par le "champion de la prise d'otage carcérale", Francis Dorffer et les deux surveillants étaient sortis sains et saufs.

le Mardi 5 Octobre 2021 à 06:29 | Lu 1039 fois