Fin de contrat du chef de service de l'oncologie : la balle dans le camp du ministre de la Santé


En décembre dernier, le haut-commissaire, le président du Pays et le ministre de la Santé avaient fait un point sur les besoins du service d'oncologie lors d'une visite au centre hospitalier de la Polynésie française. Docteur Bertrand Billemont, chef du service d'oncologie médicale, avait mis en avant les besoins du service mais aussi des patients.
PAPEETE, le 24 mars 2017. Le contrat à durée déterminée du chef du service d'oncologie médicale Bertrand Billemont prend fin en juillet. La Commission médicale d'établissement (CME) a émis un avis défavorable à sa prolongation. C'est le ministre de la Santé qui déterminera si le contrat est prolongé ou non.

Comme l'ont révélé nos confrères de La Dépêche de Tahiti ce vendredi, le contrat à durée déterminée du chef du service d'oncologie médicale Bertrand Billemont au centre hospitalier du Taaone arrive à échéance. Comme le prévoit la procédure, la reconduction de ce contrat est soumise à la commission médicale de l'établissement.
La Commission médicale d'établissement (CME) est composée des chefs de service, de représentants du personnel médical élus pour deux ans, d’un représentant des internes et d’un représentant des sages- femmes. La directrice des soins siège également dans la CME.

Cette commission a donné la semaine dernière un avis défavorable à la prolongation de ce contrat comme l'a noté La Dépêche de Tahiti. Selon nos informations, c'est la personnalité et le caractère du praticien qui ne sont pas du goût de l'ensemble du personnel. Selon nos informations, 28 personnes ont voté contre son maintien et 12 pour.
La commission n'étant que consultative, c'est la direction de l'hôpital qui va examiner maintenant la demande de prolongation du contrat et le ministre de la Santé qui prendra une décision in fine. La fin du contrat est prévue en juillet prochain. Une rencontre est déjà prévue ce lundi entre l'oncologue et le ministre de la Santé.

Quelle pourraient être les conséquences d'un non-renouvellement de ce contrat pour les patients ? Dans les couloirs de l'hôpital, on se voulait rassurant ce vendredi. "Le service sera assuré. Un recrutement pourra être fait", nous a-t-on répété. A l'hôpital, on met en avant les progrès en radiothérapie-oncologie réalisés par l'établissement depuis son ouverture cette offre de soins de haute technicité pour pouvoir attirer des spécialistes.
En descendant au service oncologie, certains n'ont pas caché leurs doutes. "Aujourd'hui, il y a trois postes d'oncologue. Mais deux postes seulement sont pourvus", nous dit-on. "Si on arrivait si facilement que ça à trouver des oncologues, pourquoi ce troisième poste n'est pas pourvu ? "

Contactée, Patricia Grand, présidente du Comité polynésien de la Ligue contre le cancer, ne s'inquiète pas pour la prise en charge des patients : "Je me fie à la direction de l'hôpital et au ministère de la Santé, qui a déjà des candidatures sous la main. Il y a un cadre règlementaire. Il faut le respecter." Elle ajoute : "Pour une meilleure prise en charge des patients, il faudrait un partenariat entre les médecins référents, les médecins d'organes et l'oncologue. C'est comme ça que la prise en charge pourra être meilleure".

Le chef du service d'oncologie médicale actuel est arrivé il y a trois ans au fenua : le service d'oncologie du fenua en était alors à son rodage. Depuis son arrivée, le chef de service a pu mettre en place des lits d'hospitalisation, l'hospitalisation de jour a augmenté sa capacité. Le chef de service prévoyait aussi de pouvoir délocaliser bientôt les soins de chimiothérapie à Raiatea et à Taravao pour éviter aux malades de venir jusqu'à Tahiti.

Les 700 millions toujours en discussion

Le gouvernement souhaiterait aussi pouvoir installer un mammographe aux Marquises pour permettre un dépistage précoce des cancers et ainsi mieux lutter contre la maladie.
En dehors du caractère décrié par certains, d'autres soulignent que l'enveloppe de 700 millions promise en février 2016 par président de la République pour le "développement du service d'oncologie du centre hospitalier de Polynésie française" ferait des envieux. Les discussions sont d'ailleurs toujours en cours pour déterminer à quoi servira exactement cet argent.

Le traitement des cancers en Polynésie, dont une partie est due certainement à une exposition radioactive, pèse lourd dans les dépenses de santé du Pays. Chaque jour, 28 personnes reçoivent un traitement dans le cadre d'une hospitalisation de jour. "On a de plus en plus de patients. On ne peut pas se permettre de faire attendre pour un rendez-vous", souligne-t-on au service d'oncologie. "Quelques jours peuvent avoir une importance cruciale pour la prise en charge des patients".








Rédigé par Mélanie Thomas le Vendredi 24 Mars 2017 à 14:59 | Lu 8651 fois