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Fin d’une polémique opération nettoyage à la frontière papoue


Fin d’une polémique opération nettoyage à la frontière papoue
PORT-MORESBY, lundi 28 février 2011 (Flash d'Océanie) – L’opération « Sunset Merona », lancée mi-janvier 2011 par la police et l’armée de Papouasie-Nouvelle-Guinée, avec comme objectif affiché de « nettoyer » la zone frontalière, proche de la province indonésienne de Papouasie occidentale (Irian Jaya), a officiellement été stoppée en fin de semaine dernière, selon le gouvernement papou.
Cette opération spéciale avait, depuis son lancement, suscité de nombreuses réactions hostiles et indignées, notamment de la part des élus locaux et des populations.
Selon le plan annoncé et depuis mis à exécution par le gouvernement, la police et l’armée papoues, il s’agissait, depuis la capitale provinciale de Vanimo (ville papoue la plus proche de la frontière avec l’Irian Jaya) de frapper un coup décisif dans la lutte contre les activités jugées illégales de trafic d’armes, de marchandises et de personnes).
Dans cette zone, ces dernières années, plusieurs accrochages et poursuites entre le mouvement rebelle indépendantiste OPM (mouvement mélanésien de libération de la Papouasie) et les forces indonésiennes se sont terminés de l’autre côté de la frontière.
Au cours des six dernières semaines, des comptes-rendus ont fait état de plus de cent cinquante personnes interpellées puis de plus d’une centaine d’entre elles en situation d’immigration illégale, placées dans un camp « provisoire » de rétention, dans la province de l’Ouest.
Dans la plupart des cas, les interpellations ont eu lieu sur fond de soupçon d’appartenance à l’organisation indépendantiste OPM.
Mais face à une opposition grandissante des populations locales, qui se déclarent persuadées que plusieurs maisons ont été incendiées par des éléments présumés appartenir à la police et à l’armée, le ton est monté de la part des élus, dans le cadre d’un débat désormais national.
L’un des politiques les plus volubiles dans cette controverse a été, début février 2011, Powes Parkop, gouverneur de la Province de la capitale Port-Moresby.
Il a notamment estimé sans ambages que cette opération avait « fait plus de mal que de bien » et devait par conséquent être interrompue.
Le Gouverneur avait poussé plus loin sa démarche en adressant directement une lettre au Premier ministre papou Sir Michael Somare, missive dans laquelle il estime que cette opération de « nettoyage » sert avant tout les intérêts de l’Indonésie voisine.
« J’en appelle à vous pour mettre immédiatement un terme à cette opération, étant donné que de toute évidence, notre gouvernement et notre police sont utilisés par le gouvernement indonésien pour harceler et opprimer des soupçonnés activistes qui mènent campagne pour l’indépendance de la Papouasie occidentale ».
Au fil de ces opérations, de nombreuses maisons ont été incendiées, ainsi que des cultures vivrières appartenant à des riverains.
Le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations-Unies (UNHCR), qui s’est rapproché depuis janvier 2011 du gouvernement afin d’obtenir des assurances concernant le traitement réservés aux personnes interpellées dans le cadre de cette opération, aurait obtenu, via son représentant local, Walpurga Englbrecht, des engagements selon lesquels les droits humains des personnes concernées seraient « respectés », y compris pour les personnes vivant dans les camps ciblés.
« Nous avons été informés par les autorités de leur intention de fermer plusieurs de ces camps, car ils sont utilisés pour des activités d’entraînement. On nous a dit aussi que les identités de toutes les personnes seraient vérifiées et qu’aucune d’entre elles ne serait expulsée vers la Papouasie occidentale », précisait M. Englbrecht en fin de semaine dernière.

Tortures en Papouasie occidentale : trois soldats légèrement condamnés

En Indonésie, fin janvier 2011, un tribunal militaire a condamné trois soldats à des peines légères (entre huit et dix mois de prison) après les avoir reconnus coupables d’avoir conduit un « interrogatoire » impliquant des actes de torture sur un homme soupçonné d’être un membre de l’OPM et dont les images, capturées par téléphone mobile et postées sur Internet, avaient choqué le monde entier.
Officiellement, la condamnation de l’armée s’appuie sur un « refus d’obéir aux ordres ».
Il n’est pas fait mention de torture.

Zone sensible

Ces dernières années aussi, les autorités des deux pays ont tenu une série de rencontres au sommet avec comme principal ordre du jour une meilleure sécurisation de cette zone frontalière, réputée trop perméable.
Les « débordements » de la police et de l’armée indonésienne en territoire papou avaient aussi, à plusieurs reprises, créé de vives tensions entre les deux pays.
Pour cette opération menée en mode coup de filet et censée durer un mois et demi, un accent particulier est porté sur les activités de trafic d’armes, de stupéfiants ou encore de blanchiment d’argent.
Le Colonel Vagi Oala, qui commande le contingent de l’armée papoue participant à ces opérations, s’adressant à ses soldats en janvier 2011, leur a donné pour instruction de « localiser, fouiller et détruire » d’éventuels camps rebelles de l’OPM (Operasi Papua Merdeka), rapportait la semaine dernière le quotidien papou The National.
« Leur présence sur notre sol est illégale, elle a aussi perturbé les activités normales de nos concitoyens le long de la frontière », a lancé l’officier.
Le Premier ministre papou, Sir Michael Somare, renchérissait pour sa part en fin de semaine dernière en affirmant que cette opération était largement menée en réponse à une demande des populations riveraines, dans la province du Sépik oriental.

Un vieux contentieux source de vives tensions

En juillet 2008, le gouvernement indonésien avait dû présenter ses excuses à la Papouasie-Nouvelle-Guinée à la suite d'incursions de soldats en territoire papou, dans la zone frontalière de Vanimo.
L’ambassade indonésienne à Port-Moresby avait alors fait valoir que ces incursions seraient dues au fait que les soldats de l'armée indonésienne, postés de l'autre côté de la frontière, n'auraient pas été mis au courant des emplacements exacts de la frontière qui sépare l'île de Nouvelle-Guinée.
À l'Ouest, cette île est sous souveraineté indonésienne, avec sa province de Papouasie occidentale (Irian Jaya).
À l'Est, c'est l'État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
À l’époque, Djakarta expliquait ce « malentendu » par l’arrivée de soldats nouvellement postés dans cette zone frontalière, qui sépare la province indonésienne de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et qui « n'ont pas reçu de briefings ».
Selon la version officielle, ils auraient par conséquent "franchi par erreur" cette frontière.
« La plupart d'entre eux sont jeunes et se sont probablement laissés emporter par les paysages magnifiques, sans réaliser ce qu'ils faisaient », pouvait-on lire dans un communiqué de l'ambassade indonésienne, qui assure que les prochains soldats, avant leur déploiement, seraient dûment briefés.

Terreur

L'ambassade indonésienne avait toutefois vivement contesté le fait qu'entre le 30 mai et le 13 juillet 2008, pas moins de cinq incursions avaient eu lieu en territoire papou.
Cet échange de politesses intervenait alors qu’à peu près à la même époque, le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée s'était officiellement inquiété d'une recrudescence des incursions de la part de l'armée indonésienne.
Belden Namah, alors ministre des forêts, après une visite à Vanimo, n'avait pas hésité à demander que la frontière soit fermée jusqu'à ce que la situation s'éclaircisse et trouve une solution pérenne.
L'élu papou affirmait par ailleurs avoir rencontré des villageois de sa circonscription qui affirmaient vivre sous le règne de la terreur, du fait des passages fréquents des militaires indonésiens.
Les militaires auraient aussi, à plusieurs reprises, ouvertement ignoré la frontière et inscrit le numéro de leur bataillon à la peinture, sur une borne matérialisant le changement de territoire.
Ces dix dernières années, à la suite d’incidents similaires dans cette zone, la frontière avait à plusieurs reprises été purement et simplement fermée.
Au fil des ans, la ville de Vanimo a dû accueillir des réfugiés, transfuges d'Irian Jaya, où le mouvement indépendantiste OPM (Operasi Papua Merdeka) mène depuis une trentaine d'années une lutte pour son indépendance de Djakarta.
Les incursions de soldats indonésiens, le plus souvent le résultat de poursuites lancées contre les rebelles mélanésiens, avaient à l'époque été vigoureusement démenties par les autorités papoues et indonésiennes.
La population d'Irian Jaya est essentiellement mélanésienne et dans la région de Vanimo, de part et d’autre, de la frontière, plusieurs villages et tribus sont coupés en deux.

Précédents mouvements de troupes indonésiennes

Début 2003, quelque mille cinq cents soldats de l'armée indonésienne avaient été concentrés à la frontière.
Ces mouvements de troupes avaient alors suscité une très vive inquiétude de la part des autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée, avant que les gouvernements papou et indonésien concluent finalement un précaire accord frontalier censé proroger de dix ans un précédent traité.
Dans le cadre de ce même accord, les deux pays s’étaient accordés pour construire de nouveaux postes de contrôle dans leurs provinces respectives.
Toutefois, depuis, de nouveaux accrochages ont eu lieu de manière régulière.
La situation a été compliquée par la présence quasi-permanente de plusieurs centaines de clandestins, réfugiés d'Irian Jaya pour échapper aux violences.

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Rédigé par PaD le Dimanche 27 Février 2011 à 15:44 | Lu 1243 fois