PAPEETE, le 25 avril 2014 - « MS 39 vs 38 Papara fight», « Frape Maxtahiti », « Tahitian fight »… Des dizaines de vidéos de combats de rue ayant eu lieu en Polynésie totalisant des centaines de milliers de vues peuplent les sites de partage de vidéos. Aujourd’hui, un combat improvisé ou une bagarre qui éclate sur notre île a toutes les chances d’être filmé avec un téléphone portable puis partagé avec le public. Les jeunes se les échangent ensuite sur Facebook, s’en moquent ou s’en inspirent, et finissent parfois par les reproduire dans leurs lycées ou leurs quartiers.
Entre rixes de bas étages et combats pour l'honneur
« Les combats de rue ont toujours existé, mais avant il n’y avait pas de vini pour filmer. Moi j’ai participé à 20 ou 25 combats de rue quand j’étais plus jeune, le dernier il y a quelques années quand un jeune m’a défié pour se tester. Je vois bien que ça a changé, maintenant dès qu’il y a une bousculade ils sortent leurs téléphones et filment au lieu d’aller aider et de les séparer, » témoigne ce spécialiste en art martial qui s’est adonné à de nombreux combats non-officiels, mais sans jamais provoquer lui-même la bagarre. Il regrette l’évolution que ces vidéos ont provoqué dans le déroulé des fights de rue : « Aujourd’hui je vois des gens se faire massacrer, et les spectateurs sont là à filmer. Les jeunes ne respectent plus rien, avant on avait un code de l’honneur, dès que tu tombes c’est fini. Maintenant ils donnent des coups de pied à quelqu’un à terre, ils frappent des gens KO, il y a même des gens qui ne sont pas dans la bagarre qui viennent aider un camp. »
Mais selon lui, il ne faut pas sur-interpréter les vidéos qui font le tour des réseaux : « 80% des bagarres filmées, c’est du cinéma, les jeunes font exprès pour être filmés et se faire connaitre, mais ils se contentent de se tourner autour, faire quelques feintes et ça s’arrête vite. » Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a aucun combat underground en Polynésie : « Dans les vrais combats clandestins les vini sont interdits, et ces combats-là sont pour l’honneur, pas pour les paris. La plupart des grands bagarreurs se connaissent et se respectent. »
Les professionnels se méfient des combats de rue
Raihere Dudes, un polynésien qui a gagné des compétitions de MMA en Nouvelle-Zélande et au Canada, avait accordé une interview à Tahiti-Infos en janvier. Il y parlait des combats de rue : « Se battre dans la rue, je ne trouve pas ça classe. C’est animal, cela donne ensuite une mauvaise image des combattants d’ici, surtout ceux qui combattent en ring et qui sont vus sur internet dans les vidéos de combats de rue…Déjà que le MMA n’a pas une bonne image, on parle de ‘combats de sauvages, dans des cages, ce sont des animaux’. Les valeurs du combat sont piétinées. Le respect avant tout. C’est à cause de ce genre de choses que la légalisation du MMA en France est retardée, à mon avis. »
La gendarmerie ne constate pas d’aggravation
Le colonel Pierre Caudrelier, commandant de la gendarmerie pour la Polynésie française, explique avoir « étudié ce phénomène sur Internet, mais il n’en ressort aucune plaintes, ce n’est donc pas judiciaire. Il n’y a pas non plus eu d’homicides involontaires ces dernières années suite à des combats de rue. Il y a toujours eu des bagarres à Tahiti, mais je n’ai pas le sentiment qu’Internet accentue le phénomène. Par contre il existe un domaine plus confidentiel de combats organisés, apparentés aux combats de coqs ou de chiens et aux jeux clandestins. Ils sont en marge de la légalité, mais pas grand-chose n’en sort. » L’officier de gendarmerie assure que ce phénomène Internet accentue le sentiment d’insécurité de la population mais n’a en réalité que peu d’impact sur la réalité des violences, qui restent stables sur les 10 dernières années.
Plus anecdotique, le colonel raconte le cas d’un « caid » des bagarres à Arue qui n’avait jamais été battu. Alors qu’il essayait de sortir de ce monde, la nouvelle génération de combattants venait sans arrêt le défier pour essayer de s’emparer de son « titre », et il ne pouvait pas refuser de peur de perdre la face. Un exemple de la « mentalité de guerrier » des polynésiens, qui n’empêche pas nos îles de rester très pacifiques.
Entre rixes de bas étages et combats pour l'honneur
« Les combats de rue ont toujours existé, mais avant il n’y avait pas de vini pour filmer. Moi j’ai participé à 20 ou 25 combats de rue quand j’étais plus jeune, le dernier il y a quelques années quand un jeune m’a défié pour se tester. Je vois bien que ça a changé, maintenant dès qu’il y a une bousculade ils sortent leurs téléphones et filment au lieu d’aller aider et de les séparer, » témoigne ce spécialiste en art martial qui s’est adonné à de nombreux combats non-officiels, mais sans jamais provoquer lui-même la bagarre. Il regrette l’évolution que ces vidéos ont provoqué dans le déroulé des fights de rue : « Aujourd’hui je vois des gens se faire massacrer, et les spectateurs sont là à filmer. Les jeunes ne respectent plus rien, avant on avait un code de l’honneur, dès que tu tombes c’est fini. Maintenant ils donnent des coups de pied à quelqu’un à terre, ils frappent des gens KO, il y a même des gens qui ne sont pas dans la bagarre qui viennent aider un camp. »
Mais selon lui, il ne faut pas sur-interpréter les vidéos qui font le tour des réseaux : « 80% des bagarres filmées, c’est du cinéma, les jeunes font exprès pour être filmés et se faire connaitre, mais ils se contentent de se tourner autour, faire quelques feintes et ça s’arrête vite. » Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a aucun combat underground en Polynésie : « Dans les vrais combats clandestins les vini sont interdits, et ces combats-là sont pour l’honneur, pas pour les paris. La plupart des grands bagarreurs se connaissent et se respectent. »
Les professionnels se méfient des combats de rue
Raihere Dudes, un polynésien qui a gagné des compétitions de MMA en Nouvelle-Zélande et au Canada, avait accordé une interview à Tahiti-Infos en janvier. Il y parlait des combats de rue : « Se battre dans la rue, je ne trouve pas ça classe. C’est animal, cela donne ensuite une mauvaise image des combattants d’ici, surtout ceux qui combattent en ring et qui sont vus sur internet dans les vidéos de combats de rue…Déjà que le MMA n’a pas une bonne image, on parle de ‘combats de sauvages, dans des cages, ce sont des animaux’. Les valeurs du combat sont piétinées. Le respect avant tout. C’est à cause de ce genre de choses que la légalisation du MMA en France est retardée, à mon avis. »
La gendarmerie ne constate pas d’aggravation
Le colonel Pierre Caudrelier, commandant de la gendarmerie pour la Polynésie française, explique avoir « étudié ce phénomène sur Internet, mais il n’en ressort aucune plaintes, ce n’est donc pas judiciaire. Il n’y a pas non plus eu d’homicides involontaires ces dernières années suite à des combats de rue. Il y a toujours eu des bagarres à Tahiti, mais je n’ai pas le sentiment qu’Internet accentue le phénomène. Par contre il existe un domaine plus confidentiel de combats organisés, apparentés aux combats de coqs ou de chiens et aux jeux clandestins. Ils sont en marge de la légalité, mais pas grand-chose n’en sort. » L’officier de gendarmerie assure que ce phénomène Internet accentue le sentiment d’insécurité de la population mais n’a en réalité que peu d’impact sur la réalité des violences, qui restent stables sur les 10 dernières années.
Plus anecdotique, le colonel raconte le cas d’un « caid » des bagarres à Arue qui n’avait jamais été battu. Alors qu’il essayait de sortir de ce monde, la nouvelle génération de combattants venait sans arrêt le défier pour essayer de s’emparer de son « titre », et il ne pouvait pas refuser de peur de perdre la face. Un exemple de la « mentalité de guerrier » des polynésiens, qui n’empêche pas nos îles de rester très pacifiques.
5 ans de prison pour partager une vidéo de combat illégal
La loi puni ces comportements. Quelqu’un qui assiste à des violences graves sans aider (ou au moins contacter la police/un adulte) risque d’être condamné au pénal pour non-assistance à personne en danger. Mais filmer ces combats est également interdit : le délit de diffusion d’images à caractère violent encourt 2 ans de prison pour filmer la scène et 3 ans supplémentaires pour diffuser la vidéo. Cette loi vise surtout les complices de « Happy Slapping », où un groupe agresse une victime ignorante du danger dans seul but de filmer la scène.
La loi puni ces comportements. Quelqu’un qui assiste à des violences graves sans aider (ou au moins contacter la police/un adulte) risque d’être condamné au pénal pour non-assistance à personne en danger. Mais filmer ces combats est également interdit : le délit de diffusion d’images à caractère violent encourt 2 ans de prison pour filmer la scène et 3 ans supplémentaires pour diffuser la vidéo. Cette loi vise surtout les complices de « Happy Slapping », où un groupe agresse une victime ignorante du danger dans seul but de filmer la scène.