Fifo, le combat pour la visibilité des îles


Tahiti, le 5 février 2024 – Ce mardi 6 février marquera le début officiel de la compétition du Festival international du film documentaire océanien. Et pour sa 21e édition, l'organisation insiste plus que jamais sur l'impact de ses films dans les représentations collectives. Pour Wallès Kotra, cofondateur du festival, il s'agit de donner plus de visibilité aux îles du Pacifique à l'heure où le paysage audiovisuel international est dicté par les grosses écuries telles que Netflix et Amazon.
 
Si les conditions météorologiques ont quelque peu chamboulé l'ouverture, ce lundi, de la 21e édition du Festival international du film documentaire océanien (Fifo), pour Wallès Kotra, cofondateur du festival, le véritable danger climatique vient d'ailleurs : “Aujourd'hui, ils annoncent partout l'arrivée d'un cyclone en Polynésie, mais je ne m'inquiète pas car nous sommes habitués à ce genre de situation. En revanche, il y a des cyclones silencieux, des tsunamis que l'on ne voit pas, ce sont ces images qui arrivent de partout, qui inondent le Pacifique et qui nous font perdre petit à petit notre culture.” En effet, selon l'intéressé, la culture est un combat oublié, ou plutôt relégué en bas des piles de dossiers des élus : “C'est bien, tout ce qui se fait sur la protection de l'environnement et de nos îles. Mais à quoi cela pourrait-il servir de sauver nos îles si nous avons perdu nos traditions, si nous ne savons plus qu'elle est notre histoire, si nos langues disparaissent ? C'est pourquoi il faut, en plus du combat pour le climat, se battre pour la visibilité de nos îles. L'histoire de l'Océanie a été notre passé, mais doit également être l'avenir de nos enfants. C'est ça, le Fifo !”
 
Un enjeu qui nécessitera évidemment des moyens financiers qui, d'ailleurs, font actuellement l'objet de discussions au sein de l'organisation : “Nous parlons en ce moment de la création d'un fonds audiovisuel océanien”, assure Wallès Kotra. “Nous en parlions déjà lors de la toute première édition du Fifo. C'est regrettable car il aura fallu 20 ans pour que les choses se mettent en place, pour que la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie, Wallis et la France proposent cela à la communauté des pays du Pacifique. Mais si ça se concrétise, ça sera quelque chose d'énorme. Aujourd'hui, dans la région, le Vanuatu n'a pas de fonds dédié à l'audiovisuel, la Papouasie Nouvelle-Guinée non plus par exemple. La création d'un fonds audiovisuel océanien permettra à ces pays de se présenter au Fifo et d'enrichir grandement la diversité au sein de l'événement.”
 
Un fonds qui devrait donc permettre un remaniement du paysage audiovisuel océanien d'une part, mais également une revalorisation des langues au sein des médias : “Quelle place occupent les langues aujourd'hui dans les médias ?”, interroge le cofondateur du Fifo. “Il y a une réelle discussion à avoir sur les différents formats que proposent certains médias traditionnels. L'objectif étant d'évoluer tout en gardant nos fondamentaux, nos langues, notre culture. Ce n'est pas parce que nous sommes petits que nous n'avons rien à dire.”

Rédigé par Wendy Cowan le Lundi 5 Février 2024 à 18:37 | Lu 1205 fois