Fidji veut refaire le coup de l’ « Alter Forum »


Le Contre-amiral Bainimarama dirige depuis début 2007 un gouvernement issu de son putsch du 5 décembre 2006.
SUVA, vendredi 26 août 2011 (Flash d’Océanie) – Le gouvernement fidjien a annoncé vendredi la tenue, les 1er et 2 septembre 2011, d’une réunion internationale censée être la réplique, à plus grande échelle, d’un premier sommet du genre organisé en 2010 autour du thème « S’engager pour le Pacifique ».
La réunion, annoncée par voie de communiqué du gouvernement fidjien, est censée avoir lieu à Nadi et voir la participation de « chefs d’États, de Premier ministres, de ministres et de hauts-responsables gouvernementaux « pour débattre de problèmes régionaux tels que « les changements climatiques, le trafic d’être humains et de stupéfiants, l’immigration et les douanes ».
Le groupe de pays le plus visé par cette réunion semble être celui des petits États insulaires océaniens en développement (Pacific Small Islands Developing States, PSIDS), qui forment un sous-groupe spécifique au sein du Forum des Îles du Pacifique (FIP).
Le thème annoncé par le gouvernement fidjien initiateur est « Renforcer les Partenariats parmi les petits États insulaires océaniens en développement », précise le communiqué.
La date annoncée de cette réunion vient se placer juste avant celle, prévue, du sommet annuel des dirigeants des États membres du FIP, du 6 au 9 septembre 2011, à Auckland (Nouvelle-Zélande).

Fidji est suspendu de son statut de membre plein du FIP depuis début mai 2009, pour cause de non retour rapide à la démocratie par voie d’élections.
Sila Balawa, directeur adjoint de cabinet aux affaires étrangères fidjiennes, promet d’ores et déjà que cette seconde édition de ce format de réunion internationale sera « plus grande et supérieure » à la première de 2010 avec, assure-t-il, la participation confirmée de « vingt pays ».
Parmi ceux-là, il cite « nos frères insulaires océaniens de Vanuatu, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, des îles Salomon, de Tonga, de Wallis-et-Futuna, de Polynésie française, de Kiribati, du Timor oriental ».
Il annonce aussi comme « probables » d’autres confirmations à venir avant lundi 29 août 2011, tout en précisant que des « partenaires de développement » tels que le Japon, le Maroc, l’Indonésie, la Malaisie, l’Inde, l’Afrique du Sud, la Corée du Sud, le Bhoutan et la Chine avait été invités et avaient « tous confirmé leur participation ».

En juillet 2010, alors que Fidji était sur le point d’accueillir, comme il était prévu, le 18ème sommet des dirigeants Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL, qui regroupe Fidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, Vanuatu et le Front de Libération Nationale Kanak Socialiste -FLNKS- de Nouvelle-Calédonie), le Premier ministre de Vanuatu de l’époque, Edward Natapei, avait refusé de passer la Présidence tournante au Contre-amiral Premier ministre Franck Bainimarama, invoquant un « conflit » entre les valeurs du GMFL et la situation politique à Fidji.
Le Contre-amiral Bainimarama dirige depuis début 2007 un gouvernement issu de son putsch du 5 décembre 2006.
Le régime de Suva avait alors rapidement réagi en maintenant sa réunion régionale, mais en la rebaptisant « S’engager pour Fidji ».
Fin 2010, M. Natapei était renversé par motion de censure et remplacé par le Premier ministre actuel, Sato Kilman.
Ce dernier avait rapidement lancé un processus de réconciliation avec Fidji.
À l’issue de quoi, le sommet du GMFL s’était finalement tenu fin mars 2011, à Suva.
Il s’était achevé sur un communiqué orienté à la fois sur une volonté de renforcer et d’emmener plus loin la coopération dans les domaines politique, policier, commercial et culturel, mais aussi sur une large place faite, dans ce document, à la situation en Nouvelle-Calédonie.
Cette région subrégionale, qui rassemble les représentants des États les plus peuplés du Pacifique, était placée sous la Présidence de Fidji et de son Premier ministre, le Contre-amiral Franck Bainimarama.
Ce dernier, depuis plusieurs mis déjà, ne cachait pas son intention de donner une nouvelle impulsion, voire d’élargir le champ de perspective du GMFL, en l’ouvrant notamment à de nouveaux membres.
Lors de l’édition 2011, le 31 mars, l’entrée de l’Indonésie et du Timor oriental, en tant qu’observateurs, a ainsi été officialisée dans le communiqué final.
Ce sommet a aussi vu la participation, en tant qu’invité spécial, du Grand Duché du Luxembourg.
Le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, à l’époque Sir Michael Somare, s’était fait représenter par son ministre des affaires étrangères.
Le Premier ministre des îles Salomon, Danny Philip, se trouvait aussi à Suva.
Mais, confronté à une motion de censure, il avait lui aussi dû déléguer la phase finale de ce sommet à son chef de la diplomatie, Peter Shanel.
Le seul chef de gouvernement restant était, en fin de réunion, Sato Kilman, Premier ministre de Vanuatu.
La délégation du FLNKS, d’abord conduite par Victor Tutugoro, porte-parole de cette organisation pour les questions du GMFL (mais qui a dû quitter Fidji précipitamment en raison du décès de son épouse), a ensuite été assurée par Charles Washetine (Parti de Libération Kanak –PALIKA, l’une des composantes du mouvement indépendantiste-).
Charles Pidjot, Président de l’Union Calédonienne (UC, autre composante du FLNKS) était également présent à Suva.
Le FLNKS a aussi été désigné comme étant l’entité hôte de la prochaine édition du sommet des dirigeants du GMFL, qui se tiendra en 2013.
Le GMFL, lors de sa création en 1988, affichait l’une de ses raisons d’être (notamment, à l’époque, sous l’impulsion du révérend père Premier ministre de Vanuatu Walter Lini) comme étant le soutien de la cause indépendantiste en Nouvelle-Calédonie.

Concernant la situation post-putsch (du 5 décembre 2006) à Fidji et le processus de rétablissement de la démocratie par voie d’élections, les dirigeants mélanésiens, sur le mode « compréhensif » et de l’ « engagement », ont officiellement approuvé la feuille de route annoncée depuis juillet 2009 par le Contre-amiral Bainimarama et qui prévoit des élections à partir de septembre 2014.
Ce scrutin devrait être précédé, selon les plans annoncés par l’homme fort de Suva, d’importantes réformes constitutionnelles et institutionnelles notamment concernant le mode d’élections.
Par ailleurs, les dirigeants mélanésiens ont mis un accent particulier sur le renforcement de leur coopération, à commencer par un élargissement prévu d’accords commerciaux initialement mis en place dans les années 1990 et qui devrait à terme inclure la notion de services et de marché commun de l’emploi.
Ce projet, encore à l’étude, viserait aussi, selon le GMFL, à favoriser une intégration subrégionale au sein d’un ensemble de pays possédant, au plan insulaire océanien, les économies les plus importantes.
Entre-temps, le GMFL a aussi apporté un soutien fort à Fidji, en exigeant qu’à l’avenir, et malgré sa suspension de son statut de membre plein prononcée par le Forum des Îles du Pacifique (FIP) en mai 2009 (pour cause de non retour rapide à la démocratie), ce pays puisse pleinement participer aux réunions de négociations dans le cadre de la conclusion d’un accord de partenariat économique (APE) avec l’Union Européenne, ce qui n’a pas été le cas au cours des quatre dernières années.
Faute de quoi, les dirigeants mélanésiens annoncent leur intention d’ « envisager sérieusement » un déménagement du bureau de négociations dans le cadre de ce cycle ACP-UE.
Au plan du maintien de l’ordre, le groupe mélanésien a entériné le principe de la création d’une « unité policière » subrégionale et d’une école de police.
Ces projets relatifs au maintien de l’ordre ont été justifiés par d’éventuels troubles civils dans les pays concernés, mais aussi par la montée de la criminalité transnationale, les activités de pêche illicite et on signalée ou encore la nécessité récurrente de porter assistance aux populations frappées par des catastrophes naturelles (cyclones, séismes, tsunamis, inondations, éruptions volcaniques).
Dans cet esprit et en marge du sommet, mais aussi d’une réunion des chefs des polices mélanésiennes qui se tenait au même moment, le chef des forces de l’ordre de Fidji, le général de brigade Iowane Naivaluarua, a signé avec le directeur du centre de gestion des catastrophes naturelles de Vanuatu, Job Esau, un accord portant sur la sécurité régionale et des action de formation en matière de police de proximité.
Les Mélanésiens ont aussi soutenu la mise en place, à venir, de « Jeux de la Mélanésie », qui constitueraient alors le pendant subrégional aux Jeux du Pacifique.
Tout au long de ce sommet, le Contre-amiral Bainimarama a aussi à plusieurs reprises défendu l’idée selon laquelle compte tenu de la taille de ses populations et de ses économies, et sur la base d’une « fraternité » et d’une « solidarité » mélanésienne, cette région du Pacifique devait désormais jouer un rôle de « leader » pour tous les autres pays insulaires de la grande région océanienne.
La position « compréhensive » du GMFL vis-à-vis de Fidji se distingue de celle du Forum des Îles du Pacifique (FIP, considéré comme la voix politique du grand Pacifique) qui, depuis le 1er mai 2009, a adopté une position similaire à celles des deux plus influents de ses 16 membres (l’Australie et la Nouvelle-Zélande) et a suspendu Fidji de son statut de membre plein au motif du non-retour rapide de cet archipel à la démocratie, par voie d’élections, depuis le putsch du Contre-amiral Bainimarama le 5 décembre 2006.
L’Australie et la Nouvelle-Zélande appliquent pour leur part une série de sanctions, notamment en matière d’interdiction de visa pour les personnes associées au régime actuel, ainsi que leurs familles et proches.

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Rédigé par PAD le Vendredi 26 Aout 2011 à 05:42 | Lu 712 fois