Festival du 'uru : Tout, vous saurez tout sur le 'uru


PAPEETE, le 12 mars 2015 - Jusqu'à samedi, le 'uru, le taro et les autres cultures vivrières de Polynésie sont à l'honneur à la Maison de la culture, avec un festival qui leur est consacré. Au programme : des cuisiniers pour avoir des idées de recettes, de jeunes industriels qui présentent leurs produits transformés, et des agriculteurs prêt à tout vous expliquer sur les différentes espèces et la culture de ces plantes.

Le Festival du 'uru et des cultures vivrières continue aujourd'hui et demain, de 8h à 17h à la Maison de la culture à Papeete. L'objectif est de lutter contre la malbouffe et les féculents importés, en remettant à l'honneur nos produits locaux. Et cette année, le taro est mis en avant aux côté du 'uru, un fruit de l'arbre à pain qui reste la star incontestée du ma'a Tahiti.

Parmi la dizaine de stands du festival, vous y retrouverez la jeune entreprise qui tente de développer la farine de 'uru, une autre qui propose chips et frites de 'uru, les éditeurs qui proposent livres de cuisine et autres ouvrages de référence utiles, mais aussi des cuisiniers venus partager leurs recettes originales et des agriculteurs.

Taziana et Fanny présentent leurs confitures et gâteaux de 'uru

Les deux amies sont venues de la Presqu'île montrer à tous les Tahitiens leurs créations culinaires à base de 'uru et autres produits locaux, dont elles sont particulièrement fières. Elles partagent quelques recettes :
- Pour faire un bon gâteau de 'uru il faut utiliser de la farine de 'uru (chez Fare Suisse), et on le prépare comme un roulé normal. Le gâteau est plus sucré, plus moelleux, et prend bien sur le goût du 'uru
- Pour faire de la confiture de 'uru il faut prendre un 'uru plutôt mur, qu'il soit assez mou pour l'éplucher, le découper et le faire revenir dans une casserole avec du sucre. Pour un gros 'uru bien mûr, il faut environ deux tasses de sucre, et un peu de vanille pour atténuer le goût du 'uru.
- Pour faire des quiches de 'uru, il faut prendre de la farine de 'uru pour faire la pâte, et ensuite utiliser le fruit pour le corps : "Le fruit doit être cuit à la vapeur puis on le met dans la quiche avec juste du lait ou de la crème fraiche, le 'uru va l'épaissir. Pas besoin de maïzena ou d'œufs !"
Les deux comparses de Tuahotu ont encore beaucoup d'autres recettes à partager : gratins de 'uru, purée de 'uru… Mais il faudra venir les voir au Festival et leur demander de vous révéler leurs secrets.

Teina Heia, agricultrice, présente sept variétés de 'uru et six variétés de taro

"Il y a 35 variétés de 'uru répertoriées en Polynésie. Tu vois cette variété marron, c'est du ma'a fala, jaune à l'intérieur, après il y a le 'uru huero qui est une variété qui a été importée sur le Territoire il n'y a pas très longtemps, le 'uru puero qui est le plus connu et consommé sur le Territoire. J'ai aussi ici le rare et le hiero ninamo.

Le huero est une variété qui mûrit très vite, donc si tu le cueille, tu peux le cuire le jour même. Les autres, il faut attendre deux ou trois jours. La technique pour savoir s'il est prêt c'est de taper sur le 'uru, et quand il est mûr c'est un son plus sourd, très reconnaissable.

Le 'uru n'a pas besoin d'entretien. Il faut le mettre à un bon endroit où il y a du soleil, et surtout à plus de 8 mètres des murs ou murets. Il n'aime pas trop les terres argileuses mais poussera quand même plus lentement. Selon les variétés, le huero donnera des fruits en trois ans, le puero au bout de 5 ans, et plus encore pour le ma'a fala. Il suffit de trouver une variété que tu aimes, prendre un rejet de 80cm au moins (de nombreuses espèces sont disponibles à la vente au festival), et le transplanter. Si tu as la main verte il poussera ! Après, juste après la saison du 'uru il faut le tailler, il donnera plus l'année suivante.

À propos du taro, ici en Polynésie nous avons 18 variétés, il en existe 29 dans le monde. On les différencie avec la couleur de la tige : blanc, rose, rouge, noir… Mais elles ont toutes le même goût. Pour cultiver le taro, il faut commencer par retourner la terre, à la pelle ou avec un moyen mécanisé. Il faut prendre les petits rejets qui poussent autour du tubercule et les replanter. Selon les variétés, ça prend 8 mois à un an. Il n'y aura qu'une seule récolte, et il faudra beaucoup d'entretien pour désherber et beaucoup d'eau."


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 12 Mars 2015 à 18:09 | Lu 2340 fois