Festival du livre de Paris: dernière fête avant restructuration


Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 19/04/2022 - La première édition du Festival du livre de Paris, de jeudi à dimanche, est aussi la dernière avant une grande restructuration du secteur de l'édition, bousculé par la fusion à venir entre les numéros un et deux, Hachette Livre et Editis.

Fini le Salon du livre à la porte de Versailles, qui aura connu 39 éditions jusqu'en 2019. Ce format ambitieux, qui rappelait le Salon de l'agriculture, n'a pas survécu à deux annulations consécutives pour cause de crise sanitaire.

Plus resserré, moins dépendant économiquement des chiffres de fréquentation, le Festival est centré autour du Grand Palais éphémère, près de la tour Eiffel.

L'entrée est gratuite. Il faut cependant réserver son billet sur internet, le site n'accueillant que 5.500 visiteurs à la fois, et beaucoup d'événements sont déjà complets.

Les organisateurs disent vouloir "renouer avec l'énergie vitale du premier Salon", organisée au Grand Palais en 1981, et "retrouver le sens de la fête et permettre à tous les acteurs de la chaîne du livre, auteurs, éditeurs, libraires, de célébrer le livre".

Jusque-là confiée à un professionnel, Reed Expo, l'organisation a été reprise en main par le Syndicat national de l'édition.

Première mission réussie: faire revenir les grands éditeurs.

Deux géants, un ensemble 

Gallimard, numéro trois français avec son groupe Madrigall, avait fini par abandonner cette grand-messe. Il répond présent, aux côtés de tous ses concurrents, dont Média-Participations, Actes Sud ou Albin Michel.

Chez le numéro un français, Hachette Livre, l'habitude avait été prise d'envoyer quelques maisons d'édition, pas d'autres. En 2022 les principales y seront: Grasset, Calmann-Lévy, Fayard, Stock et d'autres.

Un vernissage est prévu jeudi soir, événement mondain rassemblant toute la profession pour la première fois depuis le début de l'épidémie de Covid-19.

Hachette côtoiera son rival Editis (Robert Laffont, Presses de la Cité, Plon, Julliard, etc.). Or ces deux géants du livre s'apprêtent à faire partir d'un même ensemble: Vivendi, contrôlé par le milliardaire Vincent Bolloré, a lancé son offre publique d'achat sur la maison mère d'Hachette, Lagardère.

Cette opération capitalistique d'une ampleur inédite est le sujet, dans le milieu de l'édition parisienne, auquel tout le monde pense, mais dont personne ne parle.

Elle ne se fera pas sans douleur. Promis à une large domination, Vivendi va devoir trouver les moyens de se conformer aux règles européennes de la concurrence.

Inde, invitée d'honneur 

"Certains actifs pourraient être cédés (...) Le périmètre exact de ces cessions, non identifié à ce stade, sera établi au cours des échanges avec la Commission européenne", indique Vivendi dans la note explicative de son OPA.

Le quotidien Libération évoquait jeudi deux possibilités "particulièrement étudiées": "revendre Editis, amputé de quelques maisons (Plon, Julliard, XO ?)", et, beaucoup plus complexe, échanger les deux filiales de distribution, Hachette Livre Distribution et Interforum.

La direction d'Editis a travaillé ces dernières années pour bâtir une culture de groupe, dans un milieu où l'on pense plus souvent "indépendance éditoriale" que "synergies". Quoique moins rentable que Hachette, Editis semble avoir suffisamment poussé l'intégration dans Vivendi, avec ses filiales médias, pour être à l'abri d'une revente en bloc par Vincent Bolloré.

Les visiteurs du Festival seront loin de ces préoccupations: eux viennent voir des stars de la littérature, et faire leurs emplettes dans cette librairie géante et temporaire.

Les têtes d'affiche invitées à des tables rondes ou des séances de dédicace s'appellent entre autres Amélie Nothomb, Michel Bussi, Clara Dupont-Monod ou Nicolas Mathieu.

Une trentaine d'écrivains de l'Inde, pays invité d'honneur, viennent aussi à Paris.

le Vendredi 22 Avril 2022 à 04:45 | Lu 275 fois