Ferme aquacole : Tahiti Nui Marine fait son entrée


L'emplacement de la future écloserie du projet de ferme aquacole. "Il y aura entre 30 000 et 40 000 m2 de surface de plancher pour les écloseries" a expliqué le président Gaston Flosse "tout en énergie renouvelable et avec les appareils pour traiter les déchets et les eaux usées". Les plans seraient en cours de réalisation.
MAKEMO, vendredi 29 novembre 2013. Etape après étape le projet de ferme aquacole porté par des investisseurs chinois à Makemo se dévoile. Ce jeudi alors qu’une grande partie du gouvernement de Gaston Flosse accompagne le ministre des outre-mers Victorin Lurel dans ses déplacements en Polynésie française, ce projet de ferme aquacole lui a été présenté de nouveau dans le détail. Présenté de nouveau, car cette joint-venture sino-polynésienne avait démarré sous le gouvernement Temaru en novembre 2012 par la signature d’une première lettre d’intention. Mais à la faveur du changement de majorité en mai dernier, le projet de ferme aquacole a nettement évolué, se déplaçant notamment d’Hao à Makemo.

Ce changement de positionnement géographique n’est pas la seule modification opérée et dans la mairie de Makemo, c’est d’abord Tearii Alpha qui fait office de VRP de la future société Tahiti Nui Marine. C’est sous ce nom que sera enregistrée la société de droit polynésien au capital d’un milliard de Fcfp, mais dont les capitaux seront «à 100% chinois». Tahiti Nui Marine sera une filiale du consortium chinois au nom changeant lui aussi : on avait connu Jingmin Investment voici maintenant Tian Rui International Investment. A priori selon Tearii Alpha il s’agit bien des mêmes investisseurs chinois, mais l’appellation a changé. «Le nom de Tian Rui serait plus feng shui» répond-t-il sérieusement. En revanche, les chiffres faramineux annoncés par l’ancien gouvernement sont restés les mêmes : un investissement de 10 milliards par an sur 15 ans et la création au minimum d’un millier d’emplois.

La structure du projet a également été modifiée pour pouvoir être davantage dédiée aux Polynésiens et au développement économique du Pays. «Le projet a pris un peu de retard car nous avons voulu absolument que la société soit créée ici avec les fonds déposés dans une banque locale. On voudrait voir s’il y a vraiment le milliard de francs de capital déposé. Mais ils sont d’accord» affirme le président de Polynésie, Gaston Flosse. Il pointe les erreurs de l’ancien projet : «dans le premier projet les Polynésiens étaient des travailleurs salariés au SMIC d’une société chinoise» détaille-t-il. Dans le projet de ferme aquacole nouvelle version, les Polynésiens seront les véritables exploitants des fermes aquacoles après avoir reçu un agrément des investisseurs chinois -en acceptant le cahier des charges imposé-, et ce sont à eux que les concessions maritimes seront accordées. Cette nouvelle version permettrait de mieux cadrer les ambitions chinoises et de protéger le patrimoine maritime de la Polynésie française. Une seule concession sera toutefois attribuée à la société chinoise, celle qui permettra le développement de la phase pilote du projet.

Dans le détail, chaque fermier producteur exploiterait 20 cages ( de 15 m de diamètre chacune). Le matériel (cages, filets, bateau, cordage, alevins et aliments) seront fournis par la société. Durant la période de grossissement des espèces en élevage, les producteurs fermiers percevront une avance sur la vente future du poisson produit. Le calendrier de mise en place de la ferme aquacole n’a pas été révélé dans le détail, néanmoins Tearii Alpha a évoqué que les mille emplois sont prévus à l’horizon de «trois ou quatre ans». Or, il faut d’abord 18 mois à deux ans de construction et de démarrage de la production d’alevins avant que la production réelle de poissons (mérous), mollusques (bénitiers), holothuries (rori) et crustacés (varo) d’élevage puisse être véritablement lancée. En parcourant le temps nécessaire à rebours, le projet de ferme aquacole à Makemo pourrait donc démarrer dès 2014.

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 29 Novembre 2013 à 00:52 | Lu 1987 fois