Féminicide de Julie Douib: l'accusé réserve ses excuses à ses enfants


Bastia, France | AFP | mardi 15/06/2021 - "Il y a un seul responsable, il est là (..) devant vous": Bruno Garcia-Cruciani, jugé pour l'assassinat de Julie Douib, a nié mardi toute préméditation et réservé "excuses et regrets" à ses enfants, les refusant à la famille de son ex-compagne.

Devant les assises de Bastia, l'accusé d'un féminicide qui avait suscité une onde de choc en France a répété à de nombreuses reprises qu'il n'allait pas "se positionner en victime" et qu'il allait "assumer" ses actes. 

"C'est bien moi qui ai fait cet acte", a-t-il dit. "Je vais faire ma peine. Le tout, c'est de ne pas faire le procès de l'exemple".

"Mes enfants, ça fait deux ans et deux mois que je ne les vois pas", a-t-il également beaucoup répété. "C'est pire que la prison". 

"Je ne peux pas revenir en arrière. J'ai enlevé la mère à mes enfants. Et les excuses et les regrets, je les donnerai à mes enfants", a-t-il ajouté, refusant en revanche d'en offrir aux parents Douib présents dans la salle d'audience depuis le début du procès jeudi. "Je ne peux pas", a-t-il lâché.

Il a assuré que ses enfants "voulaient reprendre contact" avec lui et "s'inquiétaient" pour lui mais que la famille Douib empêchait ces contacts.

Interrogé sur les faits, il a réaffirmé avoir eu l'intention le matin du jour fatidique de se rendre à son stand de tir et avoir profité de la présence de sa soeur et de son beau-frère pour y aller. "Ils n'ont rien à voir" avec les faits, a-t-il précisé.

Il assure avoir ensuite changé d'avis et s'être rendu chez Julie Douib.

"Vos enfants mentent?"

Il a nié également avoir tiré dans son jardin avec un silencieux la veille des faits, comme ses enfants l'ont dit aux enquêteurs. "Vos enfants mentent?", a demandé l'avocate générale. "Je ne dirai pas que mes enfants mentent", a-t-il répondu. "Ils sont à Paris depuis deux ans. Je n'en dirai pas plus".

Dénégations également sur une "traque" de la jeune femme ou de son ex-compagne avant Julie Douib. "On est là pour travailler à charge Madame la présidente", a-t-il dit en référence aux multiples témoignages assurant le contraire.

Il a indiqué vouloir contester la garde de ses enfants par les parents de Julie Douib et les ramener en Corse: "Mon fils va avoir 13 ans, je vais lancer une procédure pour le récupérer".

"Condamnant le geste" de son frère, sa soeur aînée, Corinne, a regretté que M. Douib la prive de ses neveux, demandant si on a le "droit d'enlever les enfants de la famille paternelle".

Les avocats des parents Douib ont alors pointé du doigt des écoutes téléphoniques datant d'après les faits, dans lesquelles l'autre soeur de l'accusé indique que toutes les deux "remontent l'Ile Rousse" contre M. Douib, le présentant comme "un menteur et un profiteur". "Dans ces conditions, comprenez-vous la réserve de la famille Douib?", demande Me Adil Sahban. "Non, je ne comprends pas", répond la soeur aînée.

Sur les recherches sur Internet effectuées pour aller vivre avec ses enfants en Thaïlande, l'accusé confirme que cette "possibilité" lui avait "traversé l'esprit" parce que la situation était selon lui "ingérable" avec Julie Douib.

Concernant les violences commises sur son ex-compagne, il dit: "Je n'ai jamais mis de coup de poing ou de gifle à Julie, je ne l'ai pas traînée par terre", mais il reconnaît des "disputes conflictuelles" avec des empoignades laissant des bleus sur les bras.

Sur les menaces proférées contre l'entourage de cette dernière après les faits pour lesquelles il a été condamné à un an de prison, il dit avoir été "sous le coup de la colère".

Le verdict est attendu mercredi. L'accusé encourt la réclusion à perpétuité.

le Mardi 15 Juin 2021 à 06:17 | Lu 215 fois