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Fare flottants : l’absence de réglementation fait débat


Il n'existe pour l'instant, en Polynésie française, aucune réglementation concernant la location des pirogues flottantes de Taapuna à Punaauia. Elles reçoivent pourtant chaque week-end un public nombreux venu faire la bringue sur l'eau.
Il n'existe pour l'instant, en Polynésie française, aucune réglementation concernant la location des pirogues flottantes de Taapuna à Punaauia. Elles reçoivent pourtant chaque week-end un public nombreux venu faire la bringue sur l'eau.
PUNAAUIA, le 19 mai 2014. Un accident survenu le 10 mai dernier, à Taapuna, depuis une pirogue flottante, provoquant la paralysie d’un adolescent met en lumière le manque d’encadrement de cette activité de loisirs à Punaauia. Ce n’est pas, malheureusement, le premier accident qui se produit depuis une pirogue flottante : depuis le début de cette activité de loisirs, relativement récente à Tahiti, a priori en 2008, il y a même déjà eu un cas mortel. En juillet 2011 un jeune homme de 19 ans est poussé à l'eau lors d'une fête sur une pirogue double et se blesse grièvement à la tête. Le jeune homme tétraplégique est évacué en août 2011 vers la métropole, mais il décède dans l'avion. La faible profondeur de l’eau, la présence de patates de corail, rendent les plongeons dans l’eau turquoise très dangereux, notamment quand il s’agit de personnes venues pour faire la fête en famille ou entre amis et qui consomment, parfois abondamment, de l’alcool. Ce qui n’est pas le cas de l’adolescent, blessé le 10 mai dernier, lors d’une sortie scolaire. A la suite de ce dramatique accident, la justice a ouvert une enquête préliminaire pour blessure involontaire ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) de plus de 3 mois. Une poursuite judiciaire contre X pour l’instant, puisque dégager une responsabilité dans ces circonstances va s’avérer compliqué.

Car, mises à part les obligations de redevances pour la location du corps morts et de ramassage des déchets imposés par le Port autonome, qui s’est vu confier la gestion de cet espace lagonaire en juillet 2012, il n’y a pas de réglementation de cette activité nautique. «Le port autonome n’est que le gestionnaire de l’espace maritime dans le cadre d’un domaine affecté par le Pays au port autonome. Précédemment c’est l’Equipement qui avait cet espace en gestion. Nous, nous ne décidons pas de la réglementation à appliquer. La location des pirogues flottantes est une activité encore récente. Le port autonome, de son côté, a avancé sur sa gestion en imposant la location payante du corps mort et l’obligation, par convention, des exploitants à ramener leurs déchets jusqu’à la station d’assainissement de la marina Taina» expose Mario Banner, directeur général du Port autonome de Papeete.

La définition d’une réglementation précise de l’activité elle-même relèverait donc du territoire, propriétaire de l’espace et/ou du maire de la commune, qui a tout loisir de prendre un arrêté municipal au nom de la sécurité ou de la salubrité publique. En décembre 2013, le ministre de l’Equipement Albert Solia s’interrogeait également sur le regroupement, sur le même banc de sable, des pirogues flottantes. Il évoquait alors la possibilité de les espacer jusqu’à l’aéroport de Faa’a pour éviter les concentrations de personnes. Cet accident, blessant tragiquement un adolescent, permettra peut-être d’avancer sur d’autres règles que celles de la protection de l’environnement et d’évoquer, enfin, des mesures de sécurité. Après, ce sera comme le code de la route, l’existence d’une réglementation, ne sera pas une garantie absolue contre les accidents.


Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 19 Mai 2014 à 14:26 | Lu 3686 fois