Faits et chiffres sur l'état de la planète à la veille de Rio+20


PARIS, 11 juin 2012 (AFP) - L'état de la planète, à la veille du sommet Rio+20 des Nations unies sur le développement durable (20-22 juin à Rio de Janeiro):

- Population mondiale : 7 milliards en 2011 (x2 depuis 1950), près de 9,3 milliards estimés d'ici 2050. La population dans les pays pauvres a été multipliée par 4,3 depuis 1961. 60% vivent en Asie, 50% vivent dans les villes (2 sur 3 en 2050). Le taux de croissance de la population mondiale est en baisse de 27% depuis 1992.

- Réchauffement climatique : les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 3% par an au cours de la dernière décennie (hausse de 64% des émissions de CO2 entre 1992 et 2008 dans les pays en développement), provoquant une hausse des températures de 0,4 degré et une acidification des océans. Nombre de scientifiques estiment que l'on va vers une hausse d'environ 3,5 degrés.

- Biodiversité : les populations de mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons ont décliné de 28% entre 1970 et 2008, particulièrement les écosystèmes tropicaux, en baisse de plus de 60% (30% depuis 1992). Les prises de poissons ont été multipliées par cinq de 1950 à 2005, faisant de la dégradation des stocks un des problèmes environnementaux "les plus graves", selon le PNUE. 13 millions d'hectares de forêts ont disparu chaque année entre 2000 et 2010 (16 millions entre 1990 et 2000). La déforestation constitue la 3ème source (indirecte) d'émissions de CO2 après la fourniture d'énergie et l'industrie.

- Ressources naturelles et empreinte écologique (surface de terre nécessaire pour obtenir ce que chacun consomme): il y a surexploitation des ressources. "Au rythme de consommation actuel, il faut une année et demi à la Terre pour produire et renouveler les ressources naturelles consommées par les êtres humains en l'espace d'une année" (rapport Planète vivante 2012 du WWF). A l'horizon 2030, on estime que deux planètes ne suffiraient pas à répondre à nos besoins.

Les pays émergents ont augmenté leur empreinte écologique par habitant de 65% depuis 1961, l'empreinte écologique des pays riches est 5 fois supérieure à celle des pays pauvres. Les pays de plus d'un million d'habitants à la plus forte empreinte écologique par individu sont le Qatar (plus de 4 fois supérieure à la moyenne mondiale), le Koweit, les Emirats arabes unis, le Danemark, les Etats-Unis. La France se situe en 23e position, et Madagascar en dernière.

- Energie : La consommation mondiale d'énergie a augmenté de 5,6% en 2010 et devrait doubler d'ici 2030. Les énergies fossiles représentent 87% de l'énergie consommée, le nucléaire 5,2% (22% dans l'OCDE), et les énergies renouvelables environ 13%.

- Terres : depuis le milieu des années 2000, des investisseurs étrangers ont acheté l'équivalent de la surface de l'Europe orientale dans les pays en développement (66% en Afrique). "C'est une bombe qui peut exploser si on ne s'en occupe pas" (Paul Mathieu, expert auprès de l'Organisation mondiale pour l'agriculture et de l'alimentation, FAO).

- Pauvreté : la pauvreté extrême -moins de 1,25 dollar par jour- recule dans le monde. Elle touchait 1,289 milliard de personnes en 2008 (1,9 md en 1990), dont 47% des Africains. 43% de la population des pays en développement vivent avec moins de 2 dollars par jour, et près d'un être humain sur sept souffre de sous-alimentation. Quelque 800 millions de personnes n'ont pas accès à de l'eau potable améliorée (canalisations, puits protégés), 2,6 milliards ne disposent pas d'installations sanitaires, 1,4 milliard n'ont pas l'électricité.

(sources : WWF, Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), rapports du Pnue (Programme des Nations-Unies pour l'environnement), Banque mondiale, Agence internationale de l'énergie, Organisation mondiale pour l'agriculture et de l'alimentation)

Les questions au programme des discussions de Rio+20

La conférence des Nations unies sur le développement durable, alias Rio+20, du 20 au 22 juin, va discuter d'économie verte, du renforcement des institutions et du principe d'objectifs et d'indicateurs, le tout sur sept thèmes que l'Onu estime "prioritaires".

Le développement durable, c'est à dire le développement dans le respect de l'environnement, avance sur trois pieds : environnement, économie, social, la dégradation de l'environnement pesant particulièrement sur les plus pauvres. C'est un principe "qui permet de répondre aux besoins d'aujourd'hui sans compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs", selon l'Onu.

1- On traitera d'économie verte, précisément "d'économie dans le cadre du développement durable et de l'éradication de la pauvreté". Le concept séduit les pays développés, mais les pays émergents, les pays en développement et les associations s'en méfient.

2- On traitera aussi de transformation des institutions du développement durable. Plus de 500 accords en tous genres traitent du sujet et le Programme des Nations-Unies pour l'environnement, censé les coordonner, manque de moyens financiers et n'a que le droit de recommander, sans pouvoir imposer des normes ou prendre des sanctions.

3- A l'initiative de pays latino-américains, la conférence devrait aussi discuter du principe d'objectifs du développement durable, sur le modèle des objectifs du Millénaire pour le développement de 2000, qui viennent à échéance en 2015. Le processus devrait être lancé.

En marge de la conférence, se tiendront quelque 500 "événements parallèles" du 13 au 22 juin.

Par ailleurs, du 16 au 19 juin, seront organisés des "dialogues du développement durable", un exercice de démocratie participative à l'initiative du pays hôte et avec le soutien de l'Onu. Ces "dialogues" se tiendront là même où est organisé le sommet, et couvriront dix thèmes, débattus sur l'internet, puis au sein de la société civile. Trois propositions sur chaque thème seront présentées au Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement.

Au total, Rio+20 devrait travailler sur sept thèmes prioritaires, définis par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon :

- les emplois décents que peut fournir l'économie verte

- l'accès universel à une énergie plus efficace et plus propre

- les villes durables (moins de pollution et de pauvreté)

- la sécurité alimentaire

- l'accès universel à des sources d'énergie plus efficaces et plus propres

- l'accès à l'eau potable et à des installations sanitaires

- la gestion durable des océans

- la préparation aux désastres.

Rédigé par AFP le Dimanche 10 Juin 2012 à 21:49 | Lu 818 fois