"Faire coïncider les besoins avec les qualifications des demandeurs d'emploi"


"Les statistiques montrent que le meilleur sésame pour l'emploi reste le diplôme même si on a aujourd'hui de plus en plus de jeunes qui arrivent avec le bac et qui ne trouvent pas de travail", rappelle Hina Grepin.
PAPEETE, le 12 septembre 2016. Avec 2 500 offres d'emplois déposées au Sefi par an, ce service est devenu une étape incontournable pour les chercheurs d'emploi. Pour aider les chômeurs et les entreprises à trouver leurs futurs salariés, le Sefi prépare de nouveaux outils pour faire coïncider l'offre et la demande. Les explications de Hina Grepin-Louison, chef de service du Sefi.

Quels sont les moyens du Sefi pour aider les personnes à trouver du travail ?
"Notre richesse réside d’abord dans nos moyens humains. Nous avons des conseillers dont l’expertise permet d’établir un parcours d’insertion professionnelle personnalisé à partir d’un diagnostic initial. Et d’assurer un accompagnement plus ou moins renforcé en fonction de l’autonomie de la personne. Les solutions proposées peuvent être l’accès à l’emploi direct si la personne est employable et si son profil correspond à des offres ou bien le passage par un parcours de formation professionnelle pour consolider et/ou augmenter ses qualifications et ainsi répondre à des offres non pourvues.
En plus des personnes-ressources, nous disposons d’un applicatif de gestion très complet qui nous permet de croiser toutes les données, les besoins en main d'œuvre et les demandes. Nous allons d’ailleurs améliorer en 2017 l’outil, ainsi que notre site internet afin qu’il soit plus intuitif et plus interactif.

Qui peut bénéficier des formations mises en place par le Sefi ?
"Tous les demandeurs d’emploi qui souhaitent acquérir des compétences dans un métier précis. Toutefois le nombre de places en formation étant limité à 12 ou 14 places maximum, le Sefi est contraint de réaliser des étapes de sélection.
Aussi, lorsqu’une formation est ouverte au recrutement, les candidats sont reçus par un conseiller en formation qui vérifie au préalable qu’ils répondent bien aux prérequis de la formation (niveau suffisant, motivation, cohérence du parcours de la personne…). Les candidats éligibles sont ensuite invités à une réunion d’information durant laquelle seront exposées toutes les modalités de la formation comme la durée, le contenu pédagogique, l’organisation des stages en entreprise… Il y a ensuite des tests et des bilans d'évaluation et d'orientation, qui tiennent compte de la situation personnelle et cognitive du demandeur d’emploi en fonction des prérequis nécessaires à la formation et au métier visé.
Pour les candidats non retenus, un parcours d’insertion ou de formation est proposé. Pour certains, c’est tout un cheminement qu’il faut établir avec plusieurs étapes comme une formation de remise à niveau des savoirs de base pour les personnes qui ne savent pas bien lire, écrire et/ou compter. Puis vient l’étape de la préformation puis celle de la formation qualifiante qui correspond à un référentiel métier. Là, on peut délivrer un titre professionnel ou un certificat de formation professionnelle de niveau 5 (CAP) ou plus. Tout un parcours sur mesure est donc mis en place afin de faciliter l’accès à l'emploi.
Trois dispositifs ont été créés ou renforcés cette année autour du concept de la formation en alternance : l'apprentissage, l'ACT pro et le CAE rénové.
Depuis l’année dernière, le dispositif des Contrats d’accès à l’emploi (CAE) a ainsi été modifié en renforçant le volet formation de la mesure pour les demandeurs le plus souvent les plus éloignés de l’emploi. Ainsi l’année de CAE se conclut par une expérience professionnelle doublée de l’obtention d’un certificat, diplôme ou titre professionnel qui favorisent l’employabilité.
Le contrat de travail Professionnel (ACT Pro) est entré en vigueur en juin. Il s’agit d’un contrat de travail à durée indéterminée aidé pendant deux ans par le Pays qui rembourse les charges patronales, fondé lui aussi sur le principe de l’alternance. La formation pratique au sein de l’entreprise, en relation avec la qualification recherchée, s’articule avec une formation (d’adaptation au poste) théorique dans un organisme de formation dont les coûts sont pris en charge par le fonds paritaire de gestion.
Quant à l’apprentissage, les taux d'insertion observés sont quant à eux assez exceptionnels (72% des apprentis qui ont terminé leur formation en 2015 étaient insérés six mois après la fin de leur contrat).

La difficulté d'accès à l'emploi est-ce juste un problème de qualification ?
"C'est évident, les statistiques montrent que le meilleur sésame pour l'emploi reste le diplôme même si on a aujourd'hui de plus en plus de jeunes qui arrivent avec le bac et qui ne trouvent pas de travail. Le niveau de qualification s'élève, mais plus il s'élève, plus l'accès à l'emploi est facilité. C'est évident que la qualification intervient au niveau de l'insertion professionnelle. C'est pour cela qu'on développe tout un pan de formations du niveau V (niveau CAP/BEP) au niveau III (BAC +2) voir niveau II (licence) pour les formations en apprentissage.

Comment le décalage entre les besoins en main d'œuvre et les qualifications peut-il être réduit ?
"Pour cela, on a besoin d'outils de pilotage. Il faut pouvoir anticiper car former prend du temps. Et travailler en concertation avec tous les acteurs de l’emploi est fondamental. L’objectif impulsé par le ministère du Travail est de créer une cellule de Gpec (Gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences) en anticipant les besoins des entreprises, les mutations économiques du Pays à venir et les profils des individus pour dégager des tendances et rapprocher l'offre et la demande à venir.
La cellule devrait être mise en place en 2017 grâce à un partenariat entre le ministère, l’Agence française de développement et Pôle Emploi international.
Avec l'Institut de la statistique de la Polynésie française, on prépare également des tableaux de bord qui offriront une photographie trimestrielle des besoins en main d'œuvre et de la typologie de la main d'œuvre (notamment les 18-29 ans) et alimenteront l’élaboration des programmes de formation et plus généralement les actions du Sefi.


Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 12 Septembre 2016 à 18:00 | Lu 5849 fois