OLIVIER DOULIERY / AFP
Washington, Etats-Unis | AFP | mardi 02/11/2021 - Facebook, qui traverse une de ses pires crises de réputation, a décidé de se passer de la reconnaissance faciale, une technologie qui permet, depuis 2010, d'identifier les personnes présentes sur des photos ou des vidéos postées sur le réseau social.
"Ce changement va représenter une des plus importantes évolutions en matière d'usage de la reconnaissance faciale dans l'histoire de cette technologie", a noté Jérôme Pesenti, le vice-président de la société, chargé de l'intelligence artificielle.
"Plus d'un tiers des utilisateurs quotidiens de Facebook ont activé la reconnaissance faciale et peuvent être reconnus", a-t-il précisé.
Outre l'arrêt de la reconnaissance faciale active, le réseau social va supprimer les données d'identification numérique accumulées sur plus d'un milliard d'utilisateurs.
Cette décision inattendue signifie que certains outils populaires du réseau ne fonctionneront plus: quand un utilisateur publiera une photo, l'algorithme ne devinera plus les noms des personnes présentes dessus, par exemple.
Cette technologie d'intelligence artificielle suscite de "nombreuses inquiétudes", d'autant que les autorités n'ont pas encore fourni de "règles claires" sur son usage, a souligné Jérôme Pesenti.
"Etant donné l'incertitude actuelle, nous pensons que limiter l'utilisation de la reconnaissance faciale à un nombre de cas limité est approprié".
En février 2021, un juge fédéral de l'Illinois avait approuvé un accord amiable entre Facebook et des particuliers qui reprochaient à la plateforme d'avoir utilisé des données liées à la reconnaissance faciale sans leur consentement. Le groupe s'était alors engagé à leur verser 650 millions de dollars de dommages et intérêts.
"Eteindre un feu"
Facebook fait actuellement face à des vagues d'accusations liées à la fuite de documents internes exfiltrés par une lanceuse d'alerte.
L'informaticienne Frances Haugen a assuré, devant le Congrès américain, le Parlement européen ou encore les participants du Web Summit à Lisbonne que le réseau social faisait passer ses profits avant la sécurité des utilisateurs.
Le géant des technologies s'en défend en mettant en avant ses investissements dans la sécurité, la modération des contenus ou encore les recherches pour évaluer les problèmes liés aux mauvaises utilisations de ses services (radicalisation politique, désinformation, trafics illégaux, harcèlement en ligne, etc).
La semaine dernière, Facebook s'est même trouvé un nouveau nom.
La maison mère des différentes plateformes (Instagram, WhatsApp...) s'appelle désormais Meta, en référence au métavers, cet univers parallèle ancré dans la réalité virtuelle que l'entreprise veut participer à construire.
Les nombreux détracteurs de la firme l'ont immédiatement accusée de chercher à détourner l'attention des dégâts qu'elle cause.
La décision de jeudi n'a pas été mieux perçue. "Mettre fin au système de reconnaissance faciale ce n'est pas de la bonne gouvernance pour faire plaisir. Cela veut dire (...) qu'ils éteignent un feu", a tweeté le consultant politique démocrate Rick Wilson.
"Même Facebook le sait"
De nombreuses ONG et des élus politiques accusent la reconnaissance faciale de systématiser les biais humains déjà présents dans la société, comme le racisme et les discriminations. Ils pointent aussi les risques en matière de protection des données personnelles.
Aux Etats-Unis, face à la pression d'associations, de grands groupes comme Amazon, Microsoft, IBM et Google ont arrêté, au moins temporairement, de vendre aux forces de police leurs logiciels de reconnaissance faciale.
"C'est l'une des technologies les plus dangereuses et les plus toxiques jamais créées pour la vie politique. Même Facebook le sait", a réagi Caitlin Seeley George, directrice de campagne chez Fight for the Future, une ONG.
"De la mauvaise identification des personnes de couleur (qui a déjà conduit à des arrestations injustifiées) aux systèmes qui épient nos moindres faits et gestes quotidiens, nous ne pouvons pas faire confiance aux gouvernements, aux forces de l'ordre ou aux entreprises avec ces algorithmes de surveillance massive", a-t-elle fait valoir, appelant à l'interdiction totale de ces algorithmes.
Moscou a mis en place il y a deux semaines des caméras dans les tourniquets de stations de métro, qui permettent aux usagers de payer pour leur trajet d'un regard, sans carte ni ticket.
Mais dans la capitale russe, forte d'un réseau de dizaines de milliers de caméras, la reconnaissance faciale sert aussi à arrêter des manifestants d'opposition ou encore à contrôler le respect des quarantaines liées à la pandémie de Covid-19.
Dans son communiqué, Meta/Facebook met par ailleurs en avant les usages utiles ou positifs de cette technologie, comme le déverrouillage d'un écran de smartphone ou son système de description des images pour les personnes visuellement déficientes.
Mais "toutes les nouvelles technologies apportent des bénéfices et inquiétudes potentielles, et nous voulons trouver le bon équilibre", conclut Jérôme Pesenti.
"Ce changement va représenter une des plus importantes évolutions en matière d'usage de la reconnaissance faciale dans l'histoire de cette technologie", a noté Jérôme Pesenti, le vice-président de la société, chargé de l'intelligence artificielle.
"Plus d'un tiers des utilisateurs quotidiens de Facebook ont activé la reconnaissance faciale et peuvent être reconnus", a-t-il précisé.
Outre l'arrêt de la reconnaissance faciale active, le réseau social va supprimer les données d'identification numérique accumulées sur plus d'un milliard d'utilisateurs.
Cette décision inattendue signifie que certains outils populaires du réseau ne fonctionneront plus: quand un utilisateur publiera une photo, l'algorithme ne devinera plus les noms des personnes présentes dessus, par exemple.
Cette technologie d'intelligence artificielle suscite de "nombreuses inquiétudes", d'autant que les autorités n'ont pas encore fourni de "règles claires" sur son usage, a souligné Jérôme Pesenti.
"Etant donné l'incertitude actuelle, nous pensons que limiter l'utilisation de la reconnaissance faciale à un nombre de cas limité est approprié".
En février 2021, un juge fédéral de l'Illinois avait approuvé un accord amiable entre Facebook et des particuliers qui reprochaient à la plateforme d'avoir utilisé des données liées à la reconnaissance faciale sans leur consentement. Le groupe s'était alors engagé à leur verser 650 millions de dollars de dommages et intérêts.
"Eteindre un feu"
Facebook fait actuellement face à des vagues d'accusations liées à la fuite de documents internes exfiltrés par une lanceuse d'alerte.
L'informaticienne Frances Haugen a assuré, devant le Congrès américain, le Parlement européen ou encore les participants du Web Summit à Lisbonne que le réseau social faisait passer ses profits avant la sécurité des utilisateurs.
Le géant des technologies s'en défend en mettant en avant ses investissements dans la sécurité, la modération des contenus ou encore les recherches pour évaluer les problèmes liés aux mauvaises utilisations de ses services (radicalisation politique, désinformation, trafics illégaux, harcèlement en ligne, etc).
La semaine dernière, Facebook s'est même trouvé un nouveau nom.
La maison mère des différentes plateformes (Instagram, WhatsApp...) s'appelle désormais Meta, en référence au métavers, cet univers parallèle ancré dans la réalité virtuelle que l'entreprise veut participer à construire.
Les nombreux détracteurs de la firme l'ont immédiatement accusée de chercher à détourner l'attention des dégâts qu'elle cause.
La décision de jeudi n'a pas été mieux perçue. "Mettre fin au système de reconnaissance faciale ce n'est pas de la bonne gouvernance pour faire plaisir. Cela veut dire (...) qu'ils éteignent un feu", a tweeté le consultant politique démocrate Rick Wilson.
"Même Facebook le sait"
De nombreuses ONG et des élus politiques accusent la reconnaissance faciale de systématiser les biais humains déjà présents dans la société, comme le racisme et les discriminations. Ils pointent aussi les risques en matière de protection des données personnelles.
Aux Etats-Unis, face à la pression d'associations, de grands groupes comme Amazon, Microsoft, IBM et Google ont arrêté, au moins temporairement, de vendre aux forces de police leurs logiciels de reconnaissance faciale.
"C'est l'une des technologies les plus dangereuses et les plus toxiques jamais créées pour la vie politique. Même Facebook le sait", a réagi Caitlin Seeley George, directrice de campagne chez Fight for the Future, une ONG.
"De la mauvaise identification des personnes de couleur (qui a déjà conduit à des arrestations injustifiées) aux systèmes qui épient nos moindres faits et gestes quotidiens, nous ne pouvons pas faire confiance aux gouvernements, aux forces de l'ordre ou aux entreprises avec ces algorithmes de surveillance massive", a-t-elle fait valoir, appelant à l'interdiction totale de ces algorithmes.
Moscou a mis en place il y a deux semaines des caméras dans les tourniquets de stations de métro, qui permettent aux usagers de payer pour leur trajet d'un regard, sans carte ni ticket.
Mais dans la capitale russe, forte d'un réseau de dizaines de milliers de caméras, la reconnaissance faciale sert aussi à arrêter des manifestants d'opposition ou encore à contrôler le respect des quarantaines liées à la pandémie de Covid-19.
Dans son communiqué, Meta/Facebook met par ailleurs en avant les usages utiles ou positifs de cette technologie, comme le déverrouillage d'un écran de smartphone ou son système de description des images pour les personnes visuellement déficientes.
Mais "toutes les nouvelles technologies apportent des bénéfices et inquiétudes potentielles, et nous voulons trouver le bon équilibre", conclut Jérôme Pesenti.