Fabien Dinard : "nous perdons l'un des nôtres"


Crédit photo : Conservatoire
PAPEETE, le 18 juin 2018 - Dans un communiqué, le directeur du Conservatoire rend hommage à Patrick Amaru.

"J'ai appris avec stupeur et tristesse le décès de Patrick Amaru ce lundi 16 juin 2018, aux premières heures du jour.

L'annonce de son départ est une telle surprise : nous avions vécu toute l'année 2017/2018 avec lui, car avec nos professeurs nous l'avions choisi comme auteur du thème de notre grande Nuit de Gala, ce samedi 16 juin dernier.

Ce magnifique thème, "Papa A Tu a-Tua", symbolisait toute une partie de sa vie : il indiquait à nos élèves le chemin de la connaissance, un chemin, un choix intérieur; il indiquait aussi comment se battre pour s'enraciner dans sa culture, dans notre si belle culture polynésienne, que les arts traditionnels savent si bien servir.

Nous souhaitions de notre côté ouvrir notre établissement, le Te Fare Upa Rau, aux auteurs du Fenua : parmi ces auteurs, Patrick avait une place tout à fait à part. Il était la poésie incarnée. Et nos enseignants avaient pris un réel plaisir à intégrer ses écrits dans leurs chorégraphies et leurs chants. Lui-même était étonné, et reconnaissant, de la manière dont cette alchimie avait fonctionné. Patrick venait souvent observer les répétitions. Sans déranger qui que ce soit, je voyais, sur son visage, sa satisfaction, sa joie tranquille.

Avant de partir Patrick a reçu, samedi soir avec nos enseignants, lors du tableau final du spectacle, sur cette place To'ata qui l'avait tant de fois consacré meilleur auteur, l'ovation du public pour son travail. Quel départ. Nous perdons l'un des nôtres. La grande famille de la Culture est en deuil. Mais on dit aussi que les poètes ne meurent jamais.

Je voudrais, au nom de toute l'équipe du TE FARE UPA RAU, transmettre à sa famille et notamment son épouse, nos condoléances.

Et rajouter ces strophes, que Patrick avait offert au conservatoire :

Ia fati te àre no te moeroa
I te tahatai no te oraraa,
Ia tūmā te mataì no te tià
I te teòteò e te ìte,
Ia topa te mau ùnaùna paa,
Ia vai tahaa te tino,
Ia vai tahaa te varua,
E aha paì te mea e toe mai?

Lorsque la vague du long sommeil
Se brise sur le rivage de la vie,
Lorsque le vent de la vérité
Efface la vanité et le savoir,
Lorsque les apparences tombent,
Lorsque le corps est à découvert,
Lorsque l’âme est à nu,
Que nous reste-t-il?"


Rédigé par D'après un communiqué le Lundi 18 Juin 2018 à 11:39 | Lu 3260 fois