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Fa’aora, le nouveau projet au long cours d’Oceania


Charlotte Esposito (à gauche) et Malau Lemonnier de l’association Oceania.
Charlotte Esposito (à gauche) et Malau Lemonnier de l’association Oceania.
TAHITI, le 21 juillet 2020 - L’association Oceania qui participe à la protection des cétacés en Polynésie française se lance dans un nouveau projet. Baptisé Fa’aora, il s’attaque aux déchets, filets et engins de pêche abandonnés ou perdus en mer. Objectif ? Réduire le risque d’empêtrement des mammifères marins.

Être empêtré, c’est être limité dans ses mouvements. Un animal empêtré a les pattes ou, dans le cas des cétacés, les nageoires, prises dans un lien. Ce qui l’empêche de se déplacer comme il le souhaite, de grandir comme il le devrait.

Les baleines et dauphins, qui ont besoin de remonter en surface pour respirer, sont menacés par l’empêtrement. Les déchets comme les filets de pêche, les engins de pêche comptent parmi les principaux responsables de ces empêtrements.

Charlotte Esposito qui a fondé l’association Oceania rapporte le chiffre de 300 000 cétacés morts à cause d’un empêtrement dans le monde. Ce sont des estimations. En Polynésie, il n’y a pas de chiffres. Mais des observations ont été faites.

Malau Lemonnier, chargée de communication au sein de l’association précise : “On a eu un cas de baleineau pris dans un filet à la Presqu’île, une baleine aux Tuamotu dans un déchet perlicole, un long bec à Moorea a été vu avec un plastique sur la pectorale…” Les pêcheurs de leur côté alertent sur l’augmentation du nombre de déchets ces cinq dernières années.

Pour faire un état des lieux puis mettre en œuvre un plan d’action de lutte contre l’empêtrement, Oceania lance Fa’aora. “Cela signifie seconde vie, renaissance”, détaille Charlotte Esposito qui ajoute à propos du projet : “concrètement, il démarre ce week-end et va durer deux ans”. L’idée est de connaître la menace pour trouver les meilleures solutions de préservation.

Fa’aora va suivre trois axes : l’étude scientifique, le ramassage de déchets sur terre et en mer et la valorisation de ces déchets récoltés.

L’étude va permettre de faire un état des lieux de la situation. Un protocole, rédigé par Charlotte Esposito qui a suivi des études de biologie marine, a fixé les conditions de recherches sur le terrain. Ce protocole a été validé par le comité scientifique de l’association.

Un duo composé d’un pêcheur et d’un jeune issu de quartier prioritaire formé (le projet est aussi social et veut jouer un rôle dans l’insertion) va sillonner le lagon de Moorea une fois par semaine. Il va couvrir toute la bande littorale en suivant un parcours précis en surface. Au niveau des passes, une plongée d’observation est également prévue car certains déchets reposent au fond des eaux.

En parallèle (et à compter du 26 juillet, voir encadré), des ramassages de déchets seront organisés tout autour de Moorea.

Ramassage et valorisation des déchets vont être assurés par Oceania en partenariat avec Concrètement Design. Fondé par Vaea Dang, cette entreprise créée des objets de décoration à partir d’objets et matériaux en fin de vie. Elle sera aux commandes des opérations le 26 juillet pour repérer les déchets intéressants.

Certains pourront être transformés en objets de décoration, d’autres seront fondus et recouler pour devenir de nouveaux objets usuels du quotidien. “Nous ne savons pas encore lesquels”, indique Charlotte Esposito. "Cet aspect de Fa’aora est en cours de construction. Il nous faut voir un peu les déchets récoltés pour sélectionner les moules.” Pour fabriquer les objets, trois jeunes en service civiques seront embauchés, à terme.

Grâce aux différents partenariats établis, Vaea Design devrait portés ses créations au salon de l’habitat en France et au salon Made in France. Fa’aora rayonnera au-delà de nos frontières pour sensibiliser toujours plus de monde.


Premier ramassage le 26 juillet

Organisé par Oceania et Concrètement Design, ce ramassage va être effectué par trois équipes. L’une se chargera de descendre jusqu’à 20 mètres, l’autre jusqu’à 5 mètres de fond. La dernière sera à terre pour s’occuper des plages et cours d’eau.

Le volume des déchets récoltés sera évalué pour nourrir la base de données de l’association dans le cadre de son étude scientifique. Un premier tri sera effectué pour mettre de côté les déchets "valorisables".

Rendez-vous à 9 heures au Manava muni de gants, d’une gourde et d’une bonne paire de baskets. Toutes les bonnes volontés peuvent rejoindre l’équipe de ramassage à terre. Pour la partie dans l’eau, les équipes de ce premier ramassage sont déjà constituées pour des raisons de sécurité.

Fa'aora, évaluer pour solutionner la problématique des déchets en mer.
  • Fa'aora, évaluer pour solutionner la problématique des déchets en mer.
  • Fa'aora, évaluer pour solutionner la problématique des déchets en mer.
  • Fa'aora, évaluer pour solutionner la problématique des déchets en mer.
Oceania, au service des cétacés

L'association est née en 2017. Basée à Moorea, elle a pour but toutes actions concernant l'observation, l'amélioration de la connaissance et la protection des cétacés fréquentant les eaux de la Polynésie française. Dans ce cadre, des actions de recherche, de conservation, de sensibilisation et de formation seront menées.

Elle se veut "une courroie de transmission entre la science et le grand public, pour inciter les observateurs locaux à s'impliquer activement dans la protection des cétacés de Polynésie française et ainsi devenir des acteurs de la biodiversité".

Contacts

Site internet de l'association.
Tél. : 89 53 77 90
FB : OCeania

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 21 Juillet 2020 à 09:19 | Lu 4433 fois