En avril 2014, sur les berges de la Taharu'u, le ministre de l'Equipement Albert Solia présentait l'idée d'un plan général d'organisation et de protections des rivières de Tahiti qui n'a pas encore été dévoilé. Le plan d'aménagement de la Taharu'u était évalué, lui, à 1,8 milliard de Fcfp en six ans pour rectifier le cours de la rivière et créer une zone naturelle de dépôt de matériaux à 2 km de l'embouchure. A terme, les seules extractions autorisées dans cette rivière le seront dans cette zone.
PAPEETE, le 29 septembre 2014. Les besoins de la Polynésie française en matériaux d'agrégats (pour la construction des routes et des bâtiments) sont estimés entre 500 000 et 1 million de m3 par an. Or il n'y a pas de carrières sur le territoire, sauf aux Marquises. Pour l'instant, ces matériaux sont extraits des espaces naturels : les rivières et leurs berges. Avec le risque de dérégler tout un écosystème.
Au cours de cette année 2014, il y a eu plusieurs actions de riverains s'opposant à des extractions de matériaux dans les rivières ou sur les berges des cours d'eau. A la fin du mois de mars dernier, la mobilisation à Papara de l'association Ia Ora Taharu'u a été capitale. Après des extractions de tout-venant dans le lit de la Moa'roa, considérés comme "sauvages", les riverains ont bloqué une action similaire prévue dans la Taharu'u. Les arrêtés ministériels qui avaient autorisé ces "extractions" au motif de curage de la rivière, ont été suspendus et un véritable dialogue s'est ouvert avec le ministère de l'Equipement. Albert Solia présentait alors un plan d'aménagement et de gestion des rivières de Tahiti dont le premier acte devrait se jouer, justement, dans cette rivière de la Taharu'u devenue site pilote. Depuis le mois d'avril, les extractions dans la rivière Taharu'u ont donc cessé mis à part des travaux nécessaires pour la rénovation et l'extension du réseau d'eau potable. Pour Claudine Tuarau, de l'association Ia Ora Taharu'u, cette nouvelle approche est la bonne. Même s'il a fallu pour cela en passer par la justice, avec une action en référé suspension contre le Pays. "Notre action a porté ses fruits. Le travail se fait désormais en concertation" explique Claudine qui est dans l'attente d'une prochaine réunion entre les copropriétaires et les représentants du ministère.
Mais la mobilisation des riverains ne se passe pas aussi bien partout, alors que la pression sur ces agrégats est de plus en plus prégnante. Dans certains pays, le sable (de mer ou de rivière) devient une denrée rare : son exploitation outrancière conduisant à la disparition des plages, l'érosion des littoraux, l'accentuation des effets des crues. A Tahiti, on n'en est pas encore là partout, mais la modification profonde de certains cours d'eau n'échappe à personne. La Punaruu est un exemple que les habitants de la côte Ouest ont sous les yeux en permanence.
D'autant que, en Polynésie, comme ailleurs, les besoins en matériaux pour les travaux publics sont énormes. Selon un rapport du CESC concernant "les extractions sur les sites et espaces naturels en Polynésie française" effectué en 2011, les besoins du territoire en matériaux d'agrégats peuvent être estimés à 1,3 million de m3 par an. De son côté, Albert Solia ministre de l'Equipement depuis novembre 2013 minimise et fait état d'un besoin de 500 000 m3 par an quand les grands projets du gouvernement seront en cours de réalisation. "Les extractions permettent de construire des infrastructures et bâtiments indispensables au développement du Pays. Elles fournissent à la Polynésie des matériaux de qualité. Elles permettent l'autosuffisance de la Polynésie française en matière d'approvisionnements en agrégats" est-il précisé dans le rapport du CESC. Mais celui-ci souligne surtout les impacts négatifs de ces extractions qui affectent le milieu naturel, créent de la pollution sonore et visuelle aux riverains, conduisent à la modification des cours d'eau, à la fragilisation des berges… De plus, ces travaux d'extractions apparaissent bien souvent hors de contrôle. Ainsi pour l'année 2010, le CESC a remarqué que les autorisations avaient été accordées pour 225 779 m3 mais que ce sont finalement 757 979m3 qui ont été extraits, selon les chiffres fournis par la direction de l'Equipement qui ne semble pas s'émouvoir de cet écart de taille (plus du triple) et ce "sans compter les volumes qui n'ont pas été déclarés". Le CESC estime même que "les autorisations sont souvent violées : on extrait sur un site avec une autorisation délivrée pour un autre site ou on extrait 10 fois plus que le volume qui a été autorisé".
Actuellement, il suffit de consulter le Journal Officiel de la Polynésie française (JOPF) pour saisir immédiatement la progression de cette pression sur les agrégats avec le retour de la commande publique. Pour toute l'année 2012, il n'est fait mention que cinq fois dans le JOPF d'arrêtés ministériels sur les extractions. En 2013, on ne trouve que trois arrêtés pour les quatre premiers mois de l'année, et on passe immédiatement à 23 autorisations d'extractions pour le seul mois de juillet. Pour cette année 2014, on dénombre déjà 163 autorisations d'extractions (dans le domaine public fluvial ou sur des propriétés privées) pour les huit premiers mois de l'année. Quand il s'agit d'extractions pour curage dans le domaine public fluvial, les volumes restent modestes et dépassent rarement les 1000 m3. En revanche, les extractions sur des parcelles privées sont plus conséquentes : les entreprises autorisées à prélever des matériaux obtiennent aisément des conventions pour deux ans -parfois doublées le même jour- et des volumes compris entre 5 000 et 20 000m3.
Les recommandations pour ces extractions sur des terrains privés restent basiques : "aucune extraction ne devra être effectuée en dehors de la limite autorisée et notamment à moins de 20 mètres des berges de la rivière Punaruu et à dix mètres des limites des propriétés voisines" peut-on lire dans un arrêté ministériel, signé le 9 septembre dernier et qui autorise le prélèvement de 20 000 m3 de matériaux de la terre Tupapautiti à Punaauia. On comprend bien que ces agrégats sont inhérents au développement du Pays, mais que va-t-il se passer exactement lorsque le remblai d'Outumaoro commencera alors qu'il est prévu pour le seul projet du Tahiti Mahana Beach l'enfouissement de 3 millions de m3 de matériau ? Ce mardi soir, les associations de protection de l'environnement de Tahiti et Moorea et des propriétaires des vallées se réunissent justement pour discuter des extractions et des menaces qui pèsent sur les rivières.
Pour lire le rapport sur les extractions effectué par le CESC en 2011, CLIQUER ICI
Au cours de cette année 2014, il y a eu plusieurs actions de riverains s'opposant à des extractions de matériaux dans les rivières ou sur les berges des cours d'eau. A la fin du mois de mars dernier, la mobilisation à Papara de l'association Ia Ora Taharu'u a été capitale. Après des extractions de tout-venant dans le lit de la Moa'roa, considérés comme "sauvages", les riverains ont bloqué une action similaire prévue dans la Taharu'u. Les arrêtés ministériels qui avaient autorisé ces "extractions" au motif de curage de la rivière, ont été suspendus et un véritable dialogue s'est ouvert avec le ministère de l'Equipement. Albert Solia présentait alors un plan d'aménagement et de gestion des rivières de Tahiti dont le premier acte devrait se jouer, justement, dans cette rivière de la Taharu'u devenue site pilote. Depuis le mois d'avril, les extractions dans la rivière Taharu'u ont donc cessé mis à part des travaux nécessaires pour la rénovation et l'extension du réseau d'eau potable. Pour Claudine Tuarau, de l'association Ia Ora Taharu'u, cette nouvelle approche est la bonne. Même s'il a fallu pour cela en passer par la justice, avec une action en référé suspension contre le Pays. "Notre action a porté ses fruits. Le travail se fait désormais en concertation" explique Claudine qui est dans l'attente d'une prochaine réunion entre les copropriétaires et les représentants du ministère.
Mais la mobilisation des riverains ne se passe pas aussi bien partout, alors que la pression sur ces agrégats est de plus en plus prégnante. Dans certains pays, le sable (de mer ou de rivière) devient une denrée rare : son exploitation outrancière conduisant à la disparition des plages, l'érosion des littoraux, l'accentuation des effets des crues. A Tahiti, on n'en est pas encore là partout, mais la modification profonde de certains cours d'eau n'échappe à personne. La Punaruu est un exemple que les habitants de la côte Ouest ont sous les yeux en permanence.
D'autant que, en Polynésie, comme ailleurs, les besoins en matériaux pour les travaux publics sont énormes. Selon un rapport du CESC concernant "les extractions sur les sites et espaces naturels en Polynésie française" effectué en 2011, les besoins du territoire en matériaux d'agrégats peuvent être estimés à 1,3 million de m3 par an. De son côté, Albert Solia ministre de l'Equipement depuis novembre 2013 minimise et fait état d'un besoin de 500 000 m3 par an quand les grands projets du gouvernement seront en cours de réalisation. "Les extractions permettent de construire des infrastructures et bâtiments indispensables au développement du Pays. Elles fournissent à la Polynésie des matériaux de qualité. Elles permettent l'autosuffisance de la Polynésie française en matière d'approvisionnements en agrégats" est-il précisé dans le rapport du CESC. Mais celui-ci souligne surtout les impacts négatifs de ces extractions qui affectent le milieu naturel, créent de la pollution sonore et visuelle aux riverains, conduisent à la modification des cours d'eau, à la fragilisation des berges… De plus, ces travaux d'extractions apparaissent bien souvent hors de contrôle. Ainsi pour l'année 2010, le CESC a remarqué que les autorisations avaient été accordées pour 225 779 m3 mais que ce sont finalement 757 979m3 qui ont été extraits, selon les chiffres fournis par la direction de l'Equipement qui ne semble pas s'émouvoir de cet écart de taille (plus du triple) et ce "sans compter les volumes qui n'ont pas été déclarés". Le CESC estime même que "les autorisations sont souvent violées : on extrait sur un site avec une autorisation délivrée pour un autre site ou on extrait 10 fois plus que le volume qui a été autorisé".
Actuellement, il suffit de consulter le Journal Officiel de la Polynésie française (JOPF) pour saisir immédiatement la progression de cette pression sur les agrégats avec le retour de la commande publique. Pour toute l'année 2012, il n'est fait mention que cinq fois dans le JOPF d'arrêtés ministériels sur les extractions. En 2013, on ne trouve que trois arrêtés pour les quatre premiers mois de l'année, et on passe immédiatement à 23 autorisations d'extractions pour le seul mois de juillet. Pour cette année 2014, on dénombre déjà 163 autorisations d'extractions (dans le domaine public fluvial ou sur des propriétés privées) pour les huit premiers mois de l'année. Quand il s'agit d'extractions pour curage dans le domaine public fluvial, les volumes restent modestes et dépassent rarement les 1000 m3. En revanche, les extractions sur des parcelles privées sont plus conséquentes : les entreprises autorisées à prélever des matériaux obtiennent aisément des conventions pour deux ans -parfois doublées le même jour- et des volumes compris entre 5 000 et 20 000m3.
Les recommandations pour ces extractions sur des terrains privés restent basiques : "aucune extraction ne devra être effectuée en dehors de la limite autorisée et notamment à moins de 20 mètres des berges de la rivière Punaruu et à dix mètres des limites des propriétés voisines" peut-on lire dans un arrêté ministériel, signé le 9 septembre dernier et qui autorise le prélèvement de 20 000 m3 de matériaux de la terre Tupapautiti à Punaauia. On comprend bien que ces agrégats sont inhérents au développement du Pays, mais que va-t-il se passer exactement lorsque le remblai d'Outumaoro commencera alors qu'il est prévu pour le seul projet du Tahiti Mahana Beach l'enfouissement de 3 millions de m3 de matériau ? Ce mardi soir, les associations de protection de l'environnement de Tahiti et Moorea et des propriétaires des vallées se réunissent justement pour discuter des extractions et des menaces qui pèsent sur les rivières.
Pour lire le rapport sur les extractions effectué par le CESC en 2011, CLIQUER ICI