Tahiti, le 12 janvier 2024 - Une extraction de 200 000 mètres cubes de “matériaux” est envisagée dans la vallée de Mapuaura à Faaone par la société RBK. L’étude d’impact et le cahier de doléances sont consultables jusqu’en février prochain. Une réunion était organisée mercredi soir par un groupe qui “ne croit plus en cette société car elle a saccagé notre vallée”.
Le président de l'association A Paruru e a faahotu ia Mapuaura, Anthony Tihoni, a invité la population de Faaone à une réunion mercredi soir. Principal sujet abordé : l’extraction envisagée de 200 000 mètres cubes de “matériaux” dans la vallée de Mapuaura.
Selon l’étude d’impact, réalisée par Pae Tai Pae Uta, cette extraction devrait se faire à flanc de montagne sur une des parcelles appartenant à la famille Tiapari. Les travaux doivent être réalisés par l’entreprise RBK, gérée par Rainui Dudes, un des ayants droit de Tiapari. Il sera assisté par l’entreprise Palacz pour le dynamitage. Les matériaux seront, comme le précise l’étude d’impact, destinés “à la vente à des entrepreneurs de travaux publics, pour des ouvrages de confortement des berges”.
“On ne veut pas que Mapuaura devienne comme la Punaruu”
Le problème c’est que, comme le précise l’étude d’impact, “le contexte humain de la vallée est très difficile et regroupe des freins puissants comme le statut foncier, la propriété familiale et l’absence de concertation, limitant voire empêchant toute approche d’exploitation concertée”. Le président de l'association, Anthony Tihoni, a rappelé mercredi que la société RBK a procédé à des extractions dans la vallée pendant plusieurs années et que tous les propriétaires ont eu des problèmes avec elle. Cette société “avait eu une autorisation d’extraction sur la terre Matotea et jusqu’à ce jour, aucune extraction n’a eu lieu sur ce terrain. Par contre, elle a extrait des matériaux dans la rivière puis sur les terrains d’à côté. […] On doute fort que la société ne fasse pas d’extraction dans la rivière. Qui va veiller à ce que cela ne se fasse pas ?” Avec seulement deux contrôleurs assermentés pour toute la Polynésie, “notre crainte, c’est qu’on ne veut pas que Mapuaura devienne comme la Punaruu”, explique-t-il.
“Ça suffit !”
La route qui permet d’accéder au fond de la vallée est “privée ”, souligne Anthony Tihoni. Par conséquent, la société RBK devra passer sur les parcelles des voisins pour accéder au futur site d’extractions. Le va-et-vient des camions risque de gravement endommager ce chemin, craint une riveraine, Pauline, qui rappelle aussi que ce chantier a laissé un “gros trou béant sur place”. “Un vrai gite à moustiques” aujourd’hui. Elle rappelle aussi que les horaires de travail ne sont pas respectés : “Ils commencent vers 2 ou 3 heures du matin jusqu’à 23 heures. Et ce sont les voisins qui supportent non seulement la poussière mais aussi les nuisances sonores tous les jours de la semaine, même le dimanche. On ne veut plus vivre cela. Laissez notre vallée telle qu’elle est, ça suffit !”
Vaimeho, bien connu dans les associations de protection de l’environnement, est aussi l’un des ayants droit dans la vallée de Mapuaura : “Je suis inquiet […] car ils ne respectent pas les propriétaires, ni l’environnement. Ils vont dynamiter le flanc de montagne mais qui va vérifier qu’ils le font bien chez eux et pas chez le voisin ?” Il rappelle aussi que des membres de la famille Tiapari sont contre ce projet. “Ces sociétés-là ne voient plus les cailloux ; ce qu’elles voient, c’est l’argent. Que va-t-on laisser aux générations futures ?”
Problème d’accès pour les riverains
Vaimeho rappelle aussi que lorsque la famille Tiapari a racheté les terres à leur père, ce dernier leur a bien précisé que les propriétaires du fond de la vallée devaient pouvoir accéder à leurs terres. Tous regrettent que cette volonté n’ait pas été respectée. “RBK et Toofa ont vraiment saccagé notre vallée et nous interdisent de passer sur nos terres”, déplore-t-il.
Comme l’explique Mama Yé : “Ce qu’on demande sans cesse, c’est la route. Comment voulez-vous que je fasse de l’agriculture si on n’a pas de route ? Actuellement, je ramasse le mape et pour y aller, je vais dans la rivière...” Cette dernière confirme les propos de Vaimeho concernant cette difficulté de passage, “mais ils ne veulent pas discuter, c’est ça le problème. Comment peut-on encore leur faire confiance ? Moi, je dis non à ce projet.”
Haamoetini Lagarde dément le fait que le passage soit fermé, ou encore que sa famille veuille aller sur la terre des autres. En vrai femme politique, mercredi soir, elle a fait la morale aux propriétaires présents en leur affirmant que personne ne fait de l’agriculture au fond de la vallée, que leur terre les attend : “Allez plantez : on n’a jamais interdit personne.” “La force des Tiapari, c’est qu’on travaille et ensuite, on peut l’ouvrir. Si tu ne travailles pas, il faut se taire.”
Un vote à main levé a été effectué ce mercredi soir. Sur les 80 votants, seuls deux ont voté en faveur de ce projet d’extraction.
Le président de l'association A Paruru e a faahotu ia Mapuaura, Anthony Tihoni, a invité la population de Faaone à une réunion mercredi soir. Principal sujet abordé : l’extraction envisagée de 200 000 mètres cubes de “matériaux” dans la vallée de Mapuaura.
Selon l’étude d’impact, réalisée par Pae Tai Pae Uta, cette extraction devrait se faire à flanc de montagne sur une des parcelles appartenant à la famille Tiapari. Les travaux doivent être réalisés par l’entreprise RBK, gérée par Rainui Dudes, un des ayants droit de Tiapari. Il sera assisté par l’entreprise Palacz pour le dynamitage. Les matériaux seront, comme le précise l’étude d’impact, destinés “à la vente à des entrepreneurs de travaux publics, pour des ouvrages de confortement des berges”.
“On ne veut pas que Mapuaura devienne comme la Punaruu”
Le problème c’est que, comme le précise l’étude d’impact, “le contexte humain de la vallée est très difficile et regroupe des freins puissants comme le statut foncier, la propriété familiale et l’absence de concertation, limitant voire empêchant toute approche d’exploitation concertée”. Le président de l'association, Anthony Tihoni, a rappelé mercredi que la société RBK a procédé à des extractions dans la vallée pendant plusieurs années et que tous les propriétaires ont eu des problèmes avec elle. Cette société “avait eu une autorisation d’extraction sur la terre Matotea et jusqu’à ce jour, aucune extraction n’a eu lieu sur ce terrain. Par contre, elle a extrait des matériaux dans la rivière puis sur les terrains d’à côté. […] On doute fort que la société ne fasse pas d’extraction dans la rivière. Qui va veiller à ce que cela ne se fasse pas ?” Avec seulement deux contrôleurs assermentés pour toute la Polynésie, “notre crainte, c’est qu’on ne veut pas que Mapuaura devienne comme la Punaruu”, explique-t-il.
“Ça suffit !”
La route qui permet d’accéder au fond de la vallée est “privée ”, souligne Anthony Tihoni. Par conséquent, la société RBK devra passer sur les parcelles des voisins pour accéder au futur site d’extractions. Le va-et-vient des camions risque de gravement endommager ce chemin, craint une riveraine, Pauline, qui rappelle aussi que ce chantier a laissé un “gros trou béant sur place”. “Un vrai gite à moustiques” aujourd’hui. Elle rappelle aussi que les horaires de travail ne sont pas respectés : “Ils commencent vers 2 ou 3 heures du matin jusqu’à 23 heures. Et ce sont les voisins qui supportent non seulement la poussière mais aussi les nuisances sonores tous les jours de la semaine, même le dimanche. On ne veut plus vivre cela. Laissez notre vallée telle qu’elle est, ça suffit !”
Vaimeho, bien connu dans les associations de protection de l’environnement, est aussi l’un des ayants droit dans la vallée de Mapuaura : “Je suis inquiet […] car ils ne respectent pas les propriétaires, ni l’environnement. Ils vont dynamiter le flanc de montagne mais qui va vérifier qu’ils le font bien chez eux et pas chez le voisin ?” Il rappelle aussi que des membres de la famille Tiapari sont contre ce projet. “Ces sociétés-là ne voient plus les cailloux ; ce qu’elles voient, c’est l’argent. Que va-t-on laisser aux générations futures ?”
Problème d’accès pour les riverains
Vaimeho rappelle aussi que lorsque la famille Tiapari a racheté les terres à leur père, ce dernier leur a bien précisé que les propriétaires du fond de la vallée devaient pouvoir accéder à leurs terres. Tous regrettent que cette volonté n’ait pas été respectée. “RBK et Toofa ont vraiment saccagé notre vallée et nous interdisent de passer sur nos terres”, déplore-t-il.
Comme l’explique Mama Yé : “Ce qu’on demande sans cesse, c’est la route. Comment voulez-vous que je fasse de l’agriculture si on n’a pas de route ? Actuellement, je ramasse le mape et pour y aller, je vais dans la rivière...” Cette dernière confirme les propos de Vaimeho concernant cette difficulté de passage, “mais ils ne veulent pas discuter, c’est ça le problème. Comment peut-on encore leur faire confiance ? Moi, je dis non à ce projet.”
Haamoetini Lagarde dément le fait que le passage soit fermé, ou encore que sa famille veuille aller sur la terre des autres. En vrai femme politique, mercredi soir, elle a fait la morale aux propriétaires présents en leur affirmant que personne ne fait de l’agriculture au fond de la vallée, que leur terre les attend : “Allez plantez : on n’a jamais interdit personne.” “La force des Tiapari, c’est qu’on travaille et ensuite, on peut l’ouvrir. Si tu ne travailles pas, il faut se taire.”
Un vote à main levé a été effectué ce mercredi soir. Sur les 80 votants, seuls deux ont voté en faveur de ce projet d’extraction.
Moroni Tekurio, maire délégué de Faaone : “L’union fait la force”
“Le fond de la vallée est un garde-manger, il peut nourrir toute la Polynésie, il y a de l’eau, des cailloux et on peut faire de l’agriculture, mais il faut discuter et distribuer pour que tout le monde soit bien et trouve son avantage. Si j’avais des engins, on se serait réuni, on aurait nettoyé la vallée et on aurait fait des fa’a’apu et créé du travail pour tout le monde et pas seulement uniquement pour certains. L’union fait la force.”
Pierrot Metua, adjoint au maire de Taiarapu-Est : “La population ne croit plus en cette société car elle a saccagé notre vallée”
“Mon sentiment ? On a supprimé plusieurs carrières, Punaruu, Papeno’o, etc. Et je ne vois pas pourquoi nous, on va accepter celle-là, avec 200 000 mètres cubes retirés. J’ai été plusieurs fois dans cette vallée avec l’Équipement, l’Environnement, le gouvernement pour voir ce qui s’y passe. Elle a vraiment été saccagée. Et ils nient toujours qu’ils ne l’ont pas fait alors que je l’ai vu de mes propres yeux. On a pris des photos et ils ont vraiment saccagé la vallée […]. Moi, je vais suivre la population. En tant qu’ayant droit dans cette vallée, je ne suis pas d’accord pour que l’on y fasse cela. […] La population ne croit plus en cette société car elle a vraiment saccagé notre vallée.”