Tahiti, le 29 août 2022 – Alors que son député Moetai Brotherson a signé la déclaration parlementaire mondiale pour un “moratoire sur l'exploitation minière des grands fonds marins”, le président du Tavini huiraatira, Oscar Temaru, insiste dans le même temps sur le fait que la Polynésie pourrait tirer jusqu'à “75 000 milliards de dollars” de la “négociation des droits d'exploration et d'exploitation” de ces ressources avec d'autres pays. Deux positions difficilement conciliables…
La question de l'exploration et de l'exploitation des grands fonds marins fait l'objets d'âpres discussions sur la scène internationale. Le Blue Climate Summit organisé en mai dernier au fenua a d'ailleurs largement permis d'évoquer les deux enjeux principaux du débat : l'intérêt économique des ressources enfouies au fond de l'océan mais les lourds dégâts environnementaux causés par leur extraction… En France et en Polynésie française, le discours politique est assez similaire : Oui à l'exploration, non à l'exploitation. Le Sénat a encore réaffirmé récemment que l'exploitation de ces ressources était “prématurée” en raison des “problématiques environnementales” qu'elle soulève. Et le gouvernement polynésien a préparé tout récemment un projet de délibération pour un “moratoire sur l'exploitation des grands fonds marins” qui doit d'ailleurs être examiné ce vendredi par le Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec).
Une position politique est en revanche plus délicate à décrypter : celle du Tavini huiraatira. Le parti indépendantiste voit à la fois les ressources tirées des grands fonds marins de l'immense zone économique exclusive (ZEE) polynésienne comme une manne financière capitale pour un pays souverain, mais il adopte dans le même temps le discours écologiste visant à refuser leur exploitation pour éviter ses dégâts environnementaux…
“Négocier les droits d'exploitation”
Le discours du président du Tavini, Oscar Temaru, n'est pas nouveau sur le sujet. Mais il a encore été confirmé et précisé au début du mois d'août, lors d'un débat par conférences de presse et communiqués interposés avec le sénateur Teva Rohfritsch. “L'ONU reconnaît notre droit à la pleine souveraineté et notre droit de souveraineté sur nos ressources naturelles et nos richesses sous-marines présentes dans l'une des plus grandes zones économiques exclusives du monde”, écrit Oscar Temaru dans son dernier communiqué du 12 août dernier. “Ces richesses sont estimées à 75 000 milliards de dollars US. Souverain et détenteur d'un siège et d'une voix à l'ONU, nous négocierons d'égal à égal avec nos partenaires, que ce soit l'Australie, la Chine, les États-Unis, la France ou le Japon les droits d'exploration et d'exploitation de nos ressources.”
Le leader du Tavini entend donc vendre des droits d'exploration et d'exploitation des grands fonds marins de la Polynésie à des pays “partenaires” pour permettre à la Polynésie de disposer de ressources propres. Sauf que dans le même temps, le Tavini s'oppose également ouvertement à toute exploitation de ces mêmes ressources sous-marines. Le député Moetai Brotherson a d'ailleurs signé la déclaration parlementaire mondiale pour un “moratoire sur l'exploitation minière des grands fonds marins”. Sollicité le week-end dernier à Moorea sur le sujet, le député indépendantiste maintient fermement sa position : “Depuis longtemps, nous mettons en garde contre les convoitises concernant ces fonds marins. Aujourd'hui, on n'a pas les technologies pour les exploiter de manière saine. Donc il ne faut pas le faire. Il ne faut pas le faire parce que ce serait détruire l'océan et détruire la vie. Donc toutes les initiatives qui vont dans le sens d'un moratoire nous paraissent pertinentes.”
“On ne peut pas dire qu'on n'exploitera jamais”
Alors comment concilier ces deux positions du parti indépendantiste a priori formellement opposées ? “Parce que la science et la technologie évoluent”, se défend Moetai Brotherson. “Dans 30 ou 50 ans, nos enfants qui sont tous des génies auront peut-être trouvé et développé les technologies qui permettent ces exploitations. Je dis peut-être parce qu'on n'en sait rien.” Les 75 000 milliards de dollars US avancés par Oscar Temaru ne seraient donc pas certains ? “Oscar Temaru parle de la souveraineté sur ces ressources, il n'exprime pas sa volonté d'aller exploiter”, tente de justifier Moetai Brotherson, avant de préciser que le parti indépendantiste n'exclut effectivement pas une exploitation future de ces ressources minières des grands fonds marins. “La philosophie du Tavini, c'est de dire qu'on ne peut pas dire qu'on n'exploitera jamais”, résume le député. Mais avant de conclure en revenant fermement sur son opposition actuelle à ce type de projet : “On n'est pas le parti qui a lutté contre les essais nucléaires pour demain aller saccager l'océan”.
La question de l'exploration et de l'exploitation des grands fonds marins fait l'objets d'âpres discussions sur la scène internationale. Le Blue Climate Summit organisé en mai dernier au fenua a d'ailleurs largement permis d'évoquer les deux enjeux principaux du débat : l'intérêt économique des ressources enfouies au fond de l'océan mais les lourds dégâts environnementaux causés par leur extraction… En France et en Polynésie française, le discours politique est assez similaire : Oui à l'exploration, non à l'exploitation. Le Sénat a encore réaffirmé récemment que l'exploitation de ces ressources était “prématurée” en raison des “problématiques environnementales” qu'elle soulève. Et le gouvernement polynésien a préparé tout récemment un projet de délibération pour un “moratoire sur l'exploitation des grands fonds marins” qui doit d'ailleurs être examiné ce vendredi par le Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec).
Une position politique est en revanche plus délicate à décrypter : celle du Tavini huiraatira. Le parti indépendantiste voit à la fois les ressources tirées des grands fonds marins de l'immense zone économique exclusive (ZEE) polynésienne comme une manne financière capitale pour un pays souverain, mais il adopte dans le même temps le discours écologiste visant à refuser leur exploitation pour éviter ses dégâts environnementaux…
“Négocier les droits d'exploitation”
Le discours du président du Tavini, Oscar Temaru, n'est pas nouveau sur le sujet. Mais il a encore été confirmé et précisé au début du mois d'août, lors d'un débat par conférences de presse et communiqués interposés avec le sénateur Teva Rohfritsch. “L'ONU reconnaît notre droit à la pleine souveraineté et notre droit de souveraineté sur nos ressources naturelles et nos richesses sous-marines présentes dans l'une des plus grandes zones économiques exclusives du monde”, écrit Oscar Temaru dans son dernier communiqué du 12 août dernier. “Ces richesses sont estimées à 75 000 milliards de dollars US. Souverain et détenteur d'un siège et d'une voix à l'ONU, nous négocierons d'égal à égal avec nos partenaires, que ce soit l'Australie, la Chine, les États-Unis, la France ou le Japon les droits d'exploration et d'exploitation de nos ressources.”
Le leader du Tavini entend donc vendre des droits d'exploration et d'exploitation des grands fonds marins de la Polynésie à des pays “partenaires” pour permettre à la Polynésie de disposer de ressources propres. Sauf que dans le même temps, le Tavini s'oppose également ouvertement à toute exploitation de ces mêmes ressources sous-marines. Le député Moetai Brotherson a d'ailleurs signé la déclaration parlementaire mondiale pour un “moratoire sur l'exploitation minière des grands fonds marins”. Sollicité le week-end dernier à Moorea sur le sujet, le député indépendantiste maintient fermement sa position : “Depuis longtemps, nous mettons en garde contre les convoitises concernant ces fonds marins. Aujourd'hui, on n'a pas les technologies pour les exploiter de manière saine. Donc il ne faut pas le faire. Il ne faut pas le faire parce que ce serait détruire l'océan et détruire la vie. Donc toutes les initiatives qui vont dans le sens d'un moratoire nous paraissent pertinentes.”
“On ne peut pas dire qu'on n'exploitera jamais”
Alors comment concilier ces deux positions du parti indépendantiste a priori formellement opposées ? “Parce que la science et la technologie évoluent”, se défend Moetai Brotherson. “Dans 30 ou 50 ans, nos enfants qui sont tous des génies auront peut-être trouvé et développé les technologies qui permettent ces exploitations. Je dis peut-être parce qu'on n'en sait rien.” Les 75 000 milliards de dollars US avancés par Oscar Temaru ne seraient donc pas certains ? “Oscar Temaru parle de la souveraineté sur ces ressources, il n'exprime pas sa volonté d'aller exploiter”, tente de justifier Moetai Brotherson, avant de préciser que le parti indépendantiste n'exclut effectivement pas une exploitation future de ces ressources minières des grands fonds marins. “La philosophie du Tavini, c'est de dire qu'on ne peut pas dire qu'on n'exploitera jamais”, résume le député. Mais avant de conclure en revenant fermement sur son opposition actuelle à ce type de projet : “On n'est pas le parti qui a lutté contre les essais nucléaires pour demain aller saccager l'océan”.