Exercice cyclone à Papeete : des familles évacuées à Tipaerui


Les maisons du quartier Vaimora 4 coteau concernées ce lundi matin par une évacuation dans le cadre d'un exercice d'alerte cyclonique.
PAPEETE, le 27 octobre 2014. En avant-première de la saison cyclonique 2014-2015 qui débute officiellement ce samedi 1er novembre, la ville de Papeete organisait ce lundi matin un exercice d'évacuation dans le quartier de Tipaerui. Pas facile de s'imaginer en pleine "alerte rouge" cyclone quand le ciel est bleu azur et que le soleil brille sans partage. Mais c'est précisément dans ces conditions optimales qu'il faut répéter les gestes utiles à connaître pour être paré à toute éventualité lorsque vent et pluies diluviennes menacent directement la vie des habitants.

L'exercice d'évacuation organisé ce lundi à Tipaerui ne concernait qu'une toute petite zone de la vallée, le quartier de Vaimora 4 dont les maisons, à flanc de montagne, serrées le long d'une servitude uniquement piétonne et très abrupte, est très exposé au risque cyclonique. "Nous ne visons dans cet exercice que quelques maisons de Vaimora 4 coteau regroupant moins d'une quarantaine de personnes. En situation réelle, nous procéderions à l'évacuation de tout le quartier Vaimora car les maisons sont menacées par des risques de glissement de terrain ou d'éboulement. Ce site est particulièrement dangereux lors des gros épisodes pluvieux. Il vaut mieux préparer la population à cette nécessité" indique Roméo Le Gayic, conseiller municipal de Papeete en charge du centre d'hébergement de Pinai où les personnes évacuées doivent trouver refuge.

A Vaimora, ces maisons "provisoires" à l'origine, ont été construites sans permis, au temps des appels de main d'œuvre pour le CEP (Centre d'expérimentation du Pacifique) : elles sont toujours occupées, en dépit des risques naturels identifiés depuis. La résorption de l'habitat insalubre est une opération très longue à mener pour la municipalité et a débuté d'abord par le quartier Mamao. Certains habitants, les plus jeunes particulièrement, ne se plient pas de bonne grâce aux ordres d'évacuation de la police municipale. Ils ignorent visiblement les risques qu'ils encourent dans ces maisons accrochées aux flancs de la montagne : ils suivent néanmoins, à pied, l'ordre de rassemblement jusqu'à la maison de quartier Pinai.

Pour les quelques pères de famille nombreuse, présents dans les habitations au moment où l'ordre d'évacuation est lancé, cette mesure est pourtant la bonne. "Là haut c'est dangereux pendant les passages de cyclone. On le sait, il y a des risques de glissement. En cas de problème, c'est mieux de savoir que les choses sont prévues et qu'on a un point de ralliement" explique Andrew. A ses côtés, un autre père de famille est rassuré : "c'est bien de savoir qu'on s'occupe de nous s'il y a un cyclone. Moi, je suis prêt à prendre les papiers importants et à descendre me mettre à l'abri avec toute la famille le temps qu'il faut, quelques heures ou quelques jours".

Sous le préau de la Maison de quartier Pinai, ils ne sont qu'une dizaine à avoir été évacués ce lundi matin. L'exercice s'arrêtera là. Dans la réalité, après le rassemblement sous le préau de la Maison de quartier, chaque famille se verrait attribuer une salle de classe de l'école toute proche, le temps de laisser passer la tempête. Il faut prévoir les ravitaillements en eau et en nourriture. "Tout le matériel est rassemblé à la mairie et prêt à être dispatché là où les besoins sont recensés" explique encore Roméo Le Gayic.

A quelques mètres à peine de ces évacués "pour de faux" rassemblés sous le préau de la Maison de quartier Pinai, vivent justement des familles sinistrées par le cyclone Oli. En 2010, ces cinq familles du coteau de Puanea (Tipaerui) avaient perdu leur maison en raison d'un glissement de terrain, et restent en attente d'une solution pérenne de relogement. Aussi, quatre ans plus tard, elles occupent toujours les locaux de la Maison de quartier où avaient trouvé refuge au passage du cyclone jusqu'à une vingtaine de familles venues de différentes zones de la vallée de Tipaerui. Que l'on fasse mine de l'ignorer ou non alors que la saison démarre samedi prochain (jusqu'en avril), le risque cyclonique est bien réel à Tahiti. A Papeete sont particulièrement concernés les quartiers de Taunoa en raison du risque de submersion du littoral, les vallées de Titioro et Tipaerui pour les glissements de terrain. Un risque que les autorités ne veulent pas traiter à la légère.


Sous le préau de la maison de quartier Pinai, les pompiers et des responsables de la mairie de Papeete accueillent les "sinistrés".

Ce mardi, les Tuamotu sont en alerte cyclonique rouge pour un exercice


Un autre exercice cyclonique, de grande ampleur, est organisé ce mardi par les services de l'Etat. Le scénario prévoit le passage d'un cyclone nommé Kaimani qui s'éloigne de Tahiti après être passé à travers les Iles sous Le Vent. A Tahiti, les services concernés par cet exercice –essentiellement les acteurs de la coordination des secours- seront en phase "violette" du plan cyclone de la Polynésie française, c'est-à-dire la phase de sauvegarde durant laquelle la population doit rester à l'écoute des messages des autorités après le passage du cyclone. En revanche, la trajectoire du cyclone est orientée vers les Tuamotu : l'archipel va donc basculer en phase "rouge" avec confinement de la population dans la journée. L'exercice prévu pour tester la coordination des secours va démarrer sur le lancement des opérations de reconnaissance à Tahiti avec des informations affluent des Iles sous le Vent. Les autorités devront gérer particulièrement durant cet exercice la partie anticipation avec la préparation des Tuamotu à l'arrivée du cyclone.

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 27 Octobre 2014 à 18:02 | Lu 804 fois