Evrard Chaussoy se renouvelle hors cadre


Raiatea, le 24 janvier 2024 – Le peintre Evrard Chaussoy expose à la galerie Winkler sur le thème “Empreinte” du 8 au 20 février. Une exposition différente de ce qu’il propose habituellement et qui marque son renouveau. Il revient avec nous sur son séjour en résidence à la cité internationale des arts à Paris en fin d’année dernière, et nous explique comment cela a influé sur sa démarche artistique.
 
L’artiste Evrard Chaussoy présentera son exposition Empreinte du 8 au 20 février à la galerie Winkler. En résidence à la cité des Arts de Paris en fin d’année dernière, c’est stimulé et nourri de belles expériences que l’artiste a préparé cette nouvelle exposition. “J’ai un public qui me suit, qui est habitué à ce que je fais. Donc cette exposition est faite comme une transition.” En effet, il explique avoir mis à profit les techniques qu’il à pu développer en métropole. “J’ai fait un travail d’introspection pour chercher les sujets qui, inconsciemment, étaient abordés dans mes tableaux. Deux choses revenaient souvent : L’environnement et la culture.”
 
Ainsi, de sujets qui le motivent, ces éléments sont désormais la source même de ses œuvres. “J’avais conscience qu’il fallait que mes intentions dépassent mes œuvres, mais je n’avais pas compris qu’il fallait que je pousse le bouchon un peu plus loin. Pour cette expo, c’est peut-être même encore un peu timide.”
 
Le concept développé pour l’exposition Empreinte est donc l’effacement de la culture et de la nature face à la modernisation. “C’est manifesté par une empreinte que je viens faire sur ma toile, avec cette méthode traditionnelle woodblock, que je viens ensuite altérer de différentes façons. C’est un jeu de couches. C’est une gestuelle traditionnelle mise en confrontation avec une gestuelle plus contemporaine.”


Environ 25 œuvres composent son exposition et pour l’occasion, Evrard Chaussoy a développé des châssis spécialement. “Pour sortir du classique ; sortir du cadre”. Leur forme particulière rend d’ailleurs hommage au pareo. Cette nouvelle démarche artistique n’est pas anodine pour le peintre : “En changeant de style, c’est une prise de risque, les gens pourraient ne pas aimer. Je suis impatient de voir ce que le public pensera.”
 
Nouveau regard après sa résidence d’artistes
 
Evrard Chaussoy fait partie de la poignée de Polynésiens sélectionnés pour une résidence d’artistes à la Cité internationale des arts, à Paris d’août à novembre derniers.  La Cité internationale des arts accueille 325 artistes de disciplines différentes et issus du monde entier. Pour le peintre de Raiatea, l’expérience a été forte : “Chacun a un atelier studio. Parfois tu rencontres des gens qui défendent des causes tellement grandes, c’est inspirant de discuter avec eux.” Outre ces échanges stimulants avec les autres créateurs, la cité a organisé plusieurs ateliers sur les questions techniques et pratiques des artistes. Ce séjour de quatre mois a été pour lui l’opportunité d’explorer l’abstrait, l’art contemporain, qui reste encore très marginal au Fenua. “C’est quelque chose que je ne comprenais pas forcément, pour moi c’étaient juste des tâches. Mais ça à tellement de l’ampleur à l’étranger, il y a forcément quelque chose derrière. Ma démarche était donc d’explorer ce côté.” Pour cela, le peintre a visité plusieurs musées et galeries, et échangé avec beaucoup d’artistes et de galeristes. En piochant un peu à droite à gauche, il s’en est fait sa propre idée : “J’ai le sentiment qu’il faut avoir un message global, et dans cette quête, chaque œuvre produite n’est qu’un fragment, un témoignage de ce message. L’équilibre est différent.”
 
Au delà de cette démarche, il explique avoir changé de vision sur le milieu artistique de Paris, “malgré l’image qu’on s’en fait, du fait que ce soit inaccessible pour nous” : “Eh bien ce n’est pas vraiment ça. J’ai eu beaucoup de belles opportunités. J’ai rencontré de grosses stars de l’art, jamais de mon vivant je n’aurais imaginé une chose pareille.” Enjoué, il partage cette anecdote : “En juin, j’étais au Japon, et j’admirais les œuvres d’un artiste que j’aime beaucoup, Lee Ufan. Et lors de mon séjour à Paris, j’ai eu la chance de lui serrer la main !”
 
Renforcé par toutes ces expériences, il encourage vivement les artistes du Fenua à candidater pour les prochaines éditions du programme.


Rédigé par V.Leroi le Jeudi 25 Janvier 2024 à 17:42 | Lu 2472 fois