Evasan à Ahe: La petite Vaihia est bien au chaud


La petite Vaihia est bien au chaud dans sa couveuse mais son pronostic vital est réservé. A côté d’elle, Irene, sa maman, est allongée sur une civière. La nuit a été longue… très longue. Récit.


Lundi 18 juin, 23 heures, suite à une demande de concours formulée par le Haut Commissariat, le Centre Opérationnel du Taaone (COT) appelle le commandant de bord d’alerte de l’Escadron de Transport Outre Mer « Maine ». Il s’agit de réaliser au plus vite une mission d’évacuation sanitaire (EVASAN) sur Ahe, atoll dont la piste n’est pas éclairée de nuit. Une femme enceinte d’environ 7 mois est sur le point d’accoucher. Selon le médecin régulateur, la situation est urgente. Rapidement, la décision est prise de faire décoller un avion de l’armée de l’air de type Casa. Cet appareil est capable d’atterrir sur des pistes courtes et éclairées de manière sommaire. En outre, sa soute lui permet d’emporter sans difficultés l’équipe médicale du SMUR composée d’un médecin, d’une sage femme, d’une infirmière, de leur matériel ainsi que d’une couveuse.

Vers minuit et demi, les mécaniciens de l’armée de l’air terminent l’inspection technique de l’appareil et l’équipage règle les dernières formalités. L’avion décolle de Faa’a vers une heure du matin, soit deux heures seulement après la décision d’intervention. L’atterrissage à Ahe est prévu une heure et demi plus tard. Pourtant, tout ne va pas se dérouler comme prévu… Quelques minutes avant l’heure d’arrivée, le contrôle aérien prévient l’équipage que le balisage sommaire n’est en place. Etant donné l’urgence de la situation, le commandant de bord décide de poursuivre jusqu’à la piste pour évaluer la faisabilité d’un atterrissage en mode dégradé. Mais il faut se rendre à l’évidence, la piste est plongée dans l’obscurité la plus totale, d’autant qu’il s’agit d’une nuit sans lune. L’atterrissage est impossible.

Devant les risques pour l’équipage, les passagers du SMUR et l’appareil, en liaison avec le personnel médical, le COT décide de faire faire demi tour à l’avion, mais la mission n’est pas abandonnée. Dès son retour à Faa’a vers quatre heures, l’avion fait le plein de kérosène puis redécolle au plus vite afin de se poser dès les premières lueurs du jour sur Ahe…
Au bilan, le Casa atterrit vers 6 heures du matin sur la piste d’Ahe. Quelques minutes après la naissance de Vaihia… La petite fille est immédiatement prise en charge par l’équipe médicale du SMUR. Les premiers soins effectués, Vaihia et sa maman sont transportés à bord de l’aéronef pour être hospitalisées au Taaone.
Une mission d’EVASAN difficile qui aura duré près de neuf heures.



Encadré :
Le « 6 balises » : une spécificité de l’armée de l’air
Les Casa 235 de l’ETOM sont capables de se poser, de nuit, sur des terrains éclairés de façon sommaire. En fait, il s’agit de 6 lampes positionnées à des endroits bien précis. Grâce à ces références visuelles, l’équipage est en mesure d’identifier la position de la piste mais aussi de matérialiser un plan de descente permettant d’y atterrir en sécurité. A ce jour, une vingtaine de terrains ont été équipés en Polynésie.


Photos : DR






Rédigé par fapf.defense le Mardi 19 Juin 2012 à 17:33 | Lu 1939 fois