Euromillions: s'approprier sa fortune prend du temps...et vous, que feriez-vous?


PARIS, 12 mai 2011 (AFP) - Gagner une forte somme d'argent à l'Euromillions est un "bouleversement", et s'approprier sa fortune "prend du temps" et varie en fonction de facteurs sociaux, environnementaux, relationnels et familiaux, révèle une étude psycho-sociologique réalisée pour la Française des Jeux.

"A priori, les futurs gagnants ne sont pas préparés au gain. C'est un vrai bouleversement", d'autant que la majorité des gagnants viennent d'un milieu populaire. Ils "n'ont pas de relation historique à l'argent" et devront "se reconstruire", a expliqué lors d'une conférence de presse Ana Bauer, psycho-sociologue et auteur d'une étude qualitative sur 15 gagnants.

C'est un processus "long et complexe", "vrai chemin personnel" qui dépend de l'origine sociale, de l'environnement, du contexte familial et relationnel, et des "ressources de chacun", analyse la chercheuse.

"Mais il y a des étapes vers l'appropriation du gain qu'on peut considérer comme universelles", ajoute-t-elle: "sidération" (juste après l'annonce), qui dure quelques jours, "déni" (besoin de se raccrocher à ce qu'on était auparavant et faire "comme si de rien n'était"), angoisses liées d'abord à l'obtention du chèque, puis à la manière de dépenser son argent et de l'annoncer à ses proches.

Le gagnant va temporiser, prendre conscience de son gain, et "élaborer un nouveau projet de vie". Processus qui dure en moyenne trois ans, selon Brigitte Roth, responsable du service relation gagnants à la Française des jeux.

On ne devient pas heureux en faisant fortune, analyse Mme Bauer. "Tous nous disent qu'ils étaient déjà heureux avant. Mais ils découvrent de nouveaux espaces de bonheurs et de libertés".

A partir d'entretiens au domicile des 15 gagnants, qui avaient tous gagné plus de 10 millions d'euros, Ana Bauer a établi six "profils types".

Les "fidèles au racines" ont une "attitude très sécuritaire" vis-à-vis de l'argent, et leurs dépenses se focalisent sur la maison et la voiture.

Les "aspirants hédonistes" viennent du même milieu souvent populaire et gardent une "attitude sécuritaire", mais revendiquent le droit au plaisir et "se lâchent un peu plus" sur les dépenses (grands hôtels, restaurants, etc.).

Les "hédonistes" n'ont aucune retenue ni culpabilité avec l'argent, qu'ils dépensent pour "s'offrir tous les plaisirs".

Les "gourmets", d'origine souvent modeste mais qui ont eu des opportunités d'études et de métiers épanouissants, profitent de leur gain pour "optimiser leur qualité de vie", préfèrant le raffinement à la consommation tous azimuts.

Les "explorateurs", exclusivement des cadres, se concentrent davantage sur les biens immatériels (voyage...)

Les "entrepreneurs", souvent d'origine modeste, veulent "devenir quelqu'un et accroître leur leadership".

caz/gg/cgd

Rédigé par AFP le Mardi 5 Juillet 2011 à 06:00 | Lu 1220 fois