Etre exposée à des pesticides enceinte réduirait le QI des enfants


WASHINGTON, 21 avril 2011 (AFP) - L'exposition d'une femme enceinte aux pesticides pourrait diminuer les capacités intellectuelles de l'enfant qu'elle porte, selon les résultats concordant de trois études distinctes publiées jeudi aux Etats-Unis.

Ces recherches, deux conduites avec des habitants de New York et une sur des populations rurales en Californie, se sont étendues sur près d'une dizaine d'années et concernent en tout plus de mille enfants de moins de neuf ans.

Publiées dans la revue Environmental Health Perspectives, elles étudient l'impact de pesticides aux phosphates (organophosphates), communément utilisés dans les cultures de fruits et légumes.

En Californie (ouest), les chercheurs de Berkeley ont "découvert que chaque fois qu'on multiplie par dix la quantité d'organophosphates, pendant une grossesse, le quotient intellectuel baisse de 5,5 points en moyenne chez les enfants de sept ans". Cette recherche a porté sur 392 enfants.

La différence demeure, selon les chercheurs, après la prise en compte d'autres facteurs comme l'éducation, le revenu du foyer, ou l'exposition à d'autres produits chimiques dans l'environnement.

Des chercheurs du centre hospitalier Mount Sinaï à New York ont de leur côté mesuré l'impact des pesticides aux phosphates sur 400 femmes et leurs enfants depuis 1998. Ils assurent que "l'exposition aux organophosphates a des conséquences négatives" sur les capacités sensorielles (non verbales) à résoudre des problèmes chez les enfants entre six et neuf ans.

Ils expliquent également qu'environ un tiers des mères objet de l'étude étaient porteuses d'un gène qui les rend moins aptes à métaboliser des pesticides. Le lien avec le quotient intellectuel n'a été observé que chez les enfants de ces dernières.

La troisième étude, menée par des chercheurs de Columbia university (New York, est), se concentre sur un organophosphate appelé chlorpyrifos et qui était utilisé contre les insectes nuisibles jusqu'à son interdiction en 2001.

Dans l'échantillon de 265 enfants issus des minorités nés avant l'interdiction, les 25% dont les mères ont été les plus exposées à ce pesticide pendant leurs grossesses ont des capacités intellectuelles réduites (- 2,7 points de QI) et mémorielles diminuées (- 5,5 points aux tests de mémoire).

"Ces pertes du fonctionnement cognitif à sept ans pourraient avoir des conséquences sur les résultats scolaires", estime la responsable de l'étude Virginie Rauh.

"Les problèmes de mémoire pourraient gêner la compréhension d'un texte écrit et l'acquisition des apprentissages académiques même si l'intelligence reste dans la moyenne", poursuit la chercheuse spécialisée dans les effets de l'environnement sur la santé des enfants.

L'utilisation de pesticides aux phosphates a baissé de plus de 50% entre 2001 et 2009, selon les chercheurs de Berkeley. Mais deux d'entre eux, le diazinon (interdit en usage domestique depuis 2004) et le chlorpyrifos continuent d'être employés en agriculture.

Une exposition à ces pesticides vient essentiellement de leur dépôt sur les fruits et légumes. Les experts recommandent de les rincer et les essuyer pour retirer tout résidu.

ksh/lum/js/rap

Rédigé par Na M le Jeudi 21 Avril 2011 à 05:01 | Lu 340 fois