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Etat de la prison de Nouméa: des détenus réclament une indemnisation


Etat de la prison de Nouméa: des détenus réclament une indemnisation
NOUMEA, 9 mars 2012 (AFP) - Une centaine de détenus de la prison du Camp Est en Nouvelle-Calédonie vont réclamer à l'Etat une indemnisation financière, pour dédommagement de leurs épouvantables conditions de détention dans un établissement qui n'est pas aux normes, a déclaré leur avocate vendredi à l'AFP.

"Il y a en tout une centaine de dossiers, préparés avec l'aide de l'OIP (Observatoire international des prisons) et la Ligue des droits de l'homme en Nouvelle-Calédonie", a indiqué Cécile Moresco, avocate des détenus.

Le référé devant le tribunal administratif, une procédure d'urgence, devrait être examiné dans les prochaines semaines et doit permettre aux plaignants d'obtenir des indemnités car cette prison n'est pas aux normes, a-t-elle ajouté.

Le dossier contiendra les témoignages des détenus, dont l'AFP a obtenu des extraits.

"On est enfermé 23 heures sur 24, on sort deux fois 30 minutes par jour pour une promenade", déclare un prisonnier, évoquant la présence de rats et cafards dans une cellule où sont entassées 6 personnes.

Les "douches" dans les WC à la turque, la chaleur caniculaire, les maladies, les bagarres et les repas "dans des barquettes en plastique dont des morceaux cassés sont mélangés à la bouffe" font également partie des sujets de doléances.

"Un handicapé amputé d'une jambe est resté sept mois dans une cellule de six. Comment pouvait-il faire pour aller aux toilettes ?", demande encore un détenu.

"Les gens sont fous au sortir du Camp Est. Ils finissent après à l'asile", ajoute un autre. La prison, qui date du bagne, abrite 471 prisonniers pour 226 places.

Le mois dernier, la Cour de cassation a débouté un déténu qui l'avait saisie d'une demande de remise en liberté au motif de "traitement dégradant". L'avocat général de la Cour avait pourtant qualifié le Camp Est de "bagne post-colonial".

Un recours devant la Cour Européenne des droits de l'homme va maintenant être déposé pour obtenir la "condamnation de la France pour traitement inhumain et dégradant", a indiqué Cécile Moresco.

Lundi, le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie a annoncé le choix du site pour la construction d'une nouvelle prison, à la périphérie de Nouméa, "d'ici six à huit ans".

En attendant, un plan de rénovation a été lancé au Camp Est. La LDHNC et certains élus locaux dénoncent toutefois son déplacement ainsi que "les blocages de la mairie de Nouméa", qui veut "rendre aux Calédoniens la belle plage" le long de l'actuel Camp Est.

cw/cgd/ed

Rédigé par AFP le Jeudi 8 Mars 2012 à 21:37 | Lu 1536 fois