Et si on comptait trèfles et pâquerettes qui poussent sur nos trottoirs?


PARIS, 28 avril 2011 (AFP) - Après les oiseaux, papillons ou escargots, les Français vont être invités à scruter les plantes sauvages qui s'immiscent aux creux des trottoirs ou des murs de leurs villes, et ainsi aider les scientifiques à décrypter les ressorts de la biodiversité.

Déjà 10.000 "observateurs naturalistes volontaires" ont participé à Vigie-Nature, programme de recherche coordonné par le Muséum national d'histoire naturelle.

Au départ, en 1989, il s'agissait d'observer les oiseaux. Puis, il a été proposé de recenser les papillons et les escargots dans les jardins, enregistrer les ultra-sons émis par les chauve-souris, compter les bourdons, ou encore prendre en photo les insectes pollinisateurs.

De la "science participative" pour "mieux comprendre l'évolution et la dynamique de la biodiversité", qui traverse une crise sans précédent, a expliqué jeudi le directeur-général du Muséum, Thomas Grenon, lors d'une conférence de presse à Paris.

C'est ainsi que l'on sait que l'escargot Petit-Gris s'accommode fort bien de l'urbanisation, ou encore que les papillons sont plus abondants dans un jardin où on s'est abstenu d'anéantir orties et lierre sauvage.

L'Europe compte déjà 600 réseaux et 100.000 volontaires de ce type.

L'objectif est double, explique M. Grenon. D'abord, refamiliariser les urbains avec la nature. "La perte de connaissance est liée à cette perte d'intérêt", estime-t-il.

Et offrir un précieux contingent de petites mains pour les scientifiques qui peinent à rassembler les données dont ils ont besoin pour comprendre le vivant.

Pour les animaux et les plantes, "on a besoin d'observatoires humains et les professionnels ne sont pas suffisants", souligne Denis Couvet, professeur au Muséum et directeur du Centre de recherches pour le baguage des populations d'oiseaux.

En 2011, c'est le programme "Sauvages dans ma rue" qui est lancé, et qui ne s'adressera dans un premier temps qu'aux Franciliens, avant d'être généralisé.

Il s'agit de "comprendre le fonctionnement de la biodiversité en milieu urbain" où elle est malmenée car "les populations de plantes sont plutôt petites et déconnectées des unes et des autres", explique Nathalie Machon, professeur au Muséum et coordinatrice de l'observatoire.

D'où l'importance de comprendre le rôle des "micro-espaces intersticiels" que sont les trottoirs, les pieds d'arbres ou encore les fissures des murs, où les plantes sauvages arrivent à se faire une place et qui sont autant de relais pour assurer la continuité entre les populations.

Chacun pourra donc choisir une rue dans sa ville, noter ce qui y pousse sur une fiche et l'envoyer à l'observatoire sur le site www.sauvagesdemarue.fr.

Mais s'il est facile de reconnaître un trèfle ou une paquerette, il est moins évident de savoir qu'on a affaire à une potentille rampante ou à de la sagine couchée.

D'où la parution le 12 mai d'un guide, qui répertorie 127 espèces, et permettra de les repérer par couleur ou encore grâce à la forme des feuilles.

A ceux qui font la grimace quand on leur parle de "science participative", le président du Muséum national d'histoire naturelle, Gilles Boeuf, répond que "depuis le 16è siècle, les ecclésiastiques, les instituteurs, les médecins ont fait des cahiers de naturalistes".

"Ce n'est pas du tout une pseudo science et ça peut donner des résultats excellents", assure-t-il.

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Rédigé par Par Claire SNEGAROFF le Vendredi 29 Avril 2011 à 06:32 | Lu 435 fois