Tahiti Infos

Eric Tibusch: une inspiration polynésienne pour une ligne haute-couture


A l’âge de 5 ans, Eric Tibusch, alors basé à Tahiti, confectionnait déjà des robes de Barbie pour sa cousine qu’il envoyait par colis en France. Aujourd’hui, le passionné de stylisme et de mode qui a travaillé aux côtés de Jean-Paul Gaultier est devenu un couturier de renommée presque mondiale, et dirige sa propre maison de haute-couture, Eric Tibusch, Paris Couture. Toujours prêt à relever des challenges, il se lance cette année dans le prêt-à-porter hommes et femmes, un nouveau domaine dans lequel les éléments de la perle et de la nacre polynésiennes, qui l'inspiraient déjà en haute-couture, resteront omniprésents…Le couturier reviendra en fin d'année sur le Fenua.
 

 
 

Eric Tibusch présentait en janvier 2012 sa 12 ème collection de Haute Couture
Eric Tibusch présentait en janvier 2012 sa 12 ème collection de Haute Couture
Pourriez-vous nous décrire votre parcours ?
 
Je vais avoir 40 ans cette année et j'ai lancé ma maison de couture à 34 ans, donc en 2006. Mon cœur a toujours été partagé entre la Corse et la Polynésie car ma maman est de Corse et mon père, un allemand, avait été muté à Tahiti, où j’ai vécu de 3 à 11 ans.  
J’ai toujours gardé des images des femmes de Tahiti qui étaient très belles en tête donc mon inspiration vient vraiment de ces moments d'enfance. J’ai été béni par ce coté féminin et jetais aussi très proche de ma mère mais ce n’est qu'à l'occasion de mon initiation chez Gaultier que j’ai eu cette révélation de ma passion pour la haute-couture.
 
Que pensez-vous de votre ascension plutôt rapide dans le monde de la mode ?
 
J’ai eu beaucoup de chance et les 8 ans pendant lesquelles j’ai travaillé chez Jean-Paul Gaultier valent bien mieux que n’importe quel diplôme. Il m'a permis de me spécialiser dans la haute-couture, puis en travaillant chez Under Cover, Number 9, et d'autres j'ai appris ddifférentes manières de travailler. Avec Henri Joli, qui vient des Vanuatu et que j’avais rencontré à Paris, nous sommes devenus partenaires et il m'a suivi dans le lancement de Paris Couture.
J’ai fais ma première collection en juillet 2006. Elle s’appelait « bonheur » et c’était un hommage à ma maman et aux années passées avec elle dans la Valée de Tipaerui, à Tahiti. Depuis j’ai fais 12 collections. Aujourd’hui je fais de la joaillerie et on vient de se lancer dans le prêt à porter.
 

Modele tailleur avec top en nacre de sa première collection en 2006
Modele tailleur avec top en nacre de sa première collection en 2006
La crise économique vous a-t-elle affecté ?
 
Non, la haute-couture ne connait pas la crise. Les gens très riches font un peu plus attention mais ils ne se privent pas et dieu merci car cela permet quand même à tout un art de continuer. On peut même dire que nous sommes en plein développent puisque nous allons déménager de notre bureau dans le 20ème arrondissement pour s’installer dans le centre de Paris.
Bien sûr c’est toujours très dur de démarrer une collection, car il y a déjà des créateurs confirmés dans le domaine et il faut apporter quelque chose de nouveau, mais nous avons réussi.
On est même très content car beaucoup de femmes différentes s’intéressent à nous. Notre première collection de prêt-à-porter que nous avons lancé en janvier est déjà en exposition dans une très belle boutique dans un hôtel de luxe de Tokyo.
 
Quel élément « nouveau » avez-vous, et continuez-vous, d'apporter ?
 
Peut être un peu plus de féminité différente, moins outrageuse mais plus assouvie. Nous représentons une femme qui sait déjà ce qu’elle veut, qui est vraie, et qui veut plaire à l’homme qu’elle aime.
Dans mes collections de haute-couture les éléments polynésiens sont aussi toujours très présents et dans le prêt-à-porter nous y incorporons aussi la perle et la nacre, dans nos broderies, dans nos vêtements. Mais ce sont des éléments qui restent récurrents chaque année car j’aime faire un mélange de culture et la Polynésie restera toujours dans mon cœur et toujours dans mon travail.

Quel est votre plus gros challenge du moment ?
 
C’est conquérir le marché du prêt-à-porter et le joaillerie qui sont en plein développement. En Juin, nous allons présenter la première collection aux acheteurs et peut être  organiser un défilé à Paris en octobre.
 

Cohérence entre les collections Hommes et Femmes
Cohérence entre les collections Hommes et Femmes
Comment s’est faite la création de votre ligne homme de prêt-à-porter ?
 
Très naturellement. La ligne homme, je l’ai faite pour moi, pour une raison au départ purement égoïste. J’ai voulu créer les produits que j’avais envie de porter  et que je ne trouvais pas.  Ce sont des ensembles très chics, très élégants, sans surcharge. Mais ça plait aux autres hommes, il y en a qui se reconnaissent, ce qui est très flatteur. Je garde tout de même une certaine cohérence entre mes collections hommes et femmes.
 
Vous avez mentionné l’importance de votre passé polynésien, comptez-vous un jour revenir sur le Fenua ?
 
Avec Henri nous comptons faire un petit tour du monde au mois d’août et passer par Tahiti.  Ce sera un grand voyage, nous passerons par l’Asie, par Tokyo, puis nous irons à Noumea, aux Vanuatu, à Bora Bora et évidemment Tahiti où nous rencontrerons de vieux amis.
 
Avez-vous d’autres projets que vous comptez concrétiser un peu plus tard?
 
Eh bien nous aurons bientôt une nouvelle addresse au cœur de Paris. On a déjà commencé à créer notre collection haute-couture de 2013 et nous avons une ligne de sacs de voyages et sacs à main hommes et femmes en préparation, pour développer la maison.
Je travaille aussi sur un modèle de robe qui pourrait aller à toutes les femmes, quelque soit leur taille ou leur forme. C’est important pour moi car j’aime travailler avec de vraies femmes mais malheureusement avec les corps d’anorexiques qu’on voit souvent la féminité s’en va. Donc j’essaie d’apporter un langage différent, de mettre en valeur les rondeurs de façon harmonieuse.

Eric Tibusch: une inspiration polynésienne pour une ligne haute-couture

le Lundi 6 Février 2012 à 13:27 | Lu 2677 fois