Guayaquil, Equateur | AFP | vendredi 01/02/2024 - A Guayaquil, l'une des villes les plus violentes d'Amérique latine, où les rares parcs sont de précieuses oasis, les arbres flétris ont perdu leurs feuilles et font grise mine. La faute à la cochenille - appelée aussi poux de plantes -, un insecte vorace qui dévore les espèces endémiques.
Sa prolifération menacerait même désormais des cultures emblématiques comme la banane, dont l'Equateur est le premier exportateur mondial.
Les majestueux samans, les ceibos rougeoyants et les florescents guayacans -essentiels pour lutter contre l'érosion des sols- sont quelques-uns des spécimens touchés par cet insecte parasite blanchâtre, semblable à des flocons de neige, qui se loge dans les branches.
Natif et habitant du grand port du sud-ouest de l'Equateur, John Garcia se souvient que jusqu'en 2019, il pouvait profiter d'une ombre naturelle en se promenant dans le jardin de la Citadelle Kennedy, dans le nord de la ville surnommée "la perle du Pacifique".
"Maintenant, c'est un parc mort. Ici, il y avait de la faune, des oiseaux, beaucoup d'iguanes", raconte à l'AFP ce photographe de 61 ans, fin observateur de la faune et flore locale.
"Un problème grave"
Selon la municipalité, la cochenille (Maconillicococcus hibiscus) "a attaqué il y a 10 ans en Colombie" et "est maintenant très présente dans notre pays". Sa propagation a été facilitée par la pandémie de Covid-19 qui a frappé la cité de plein fouet et paralysé toute action publique.
Dans l'agglomération de trois millions d'habitants, le long des rives du fleuve Guayas et de ses affluents, épicentre du narcotrafic qui gangrène le pays, les rares espaces verts sont appréciés pour leur fraicheur et comme de fragiles îlots de loisirs au milieu d'un quotidien de violences entre gangs.
Il y a encore quelques années, les grandes avenues étaient parsemées d'arbres verdoyants. Beaucoup aujourd'hui sont morts, asséchés, troncs pelés qui n'attendent plus que d'être tronçonnés.
Face à l'épidémie, le maire Aquiles Alvarez promettait en juillet "un plan d'action complet", parlant "d'un problème grave et regrettable".
"On ne sait toujours pas en quoi consiste ce plan", s'étonnait mi-janvier le quotidien Primicias. Les chiffres de la municipalité datant de 2022 parlaient d'une contagion étendue à 903 parcs et espaces verts, selon la presse.
La direction de l'environnement de la mairie affirme avoir traité 2.900 arbres à ce jour selon un protocole phytosanitaire et d'endothérapie, et promis d'en replanter 2.000 autres.
"Nous travaillons dur pour récupérer les arbres malades, c'est un processus lent", se défend le chef de ce département, Adrian Zambrano, selon lequel les résultats "ont été positifs à 80%" et l'épidémie devrait être contrôlée totalement d'ici deux ans.
Alarmées, des associations de quartier s'efforcent cependant de lutter contre le fléau. Dans le secteur privilégié de Samborondon, des femmes se réunissent ainsi pour nettoyer et traiter la végétation malade.
Solution Coccinelle
"Si nous ne prenons pas les choses en main, les prochains arbres à mourir seront les oliviers noirs", met en garde Maria Fernanda Baquerizo, représentante du club de jardinage du lotissement Castelago.
Ces dix femmes ont été formées par une université locale (UESS) pour lutter contre l'infestation sans avoir recours à des produits chimiques, avec l'injection directement dans le tronc de traitements phytosanitaires.
Pour le photographe Garcia, la cochenille provoque un effet de chaîne qui affecte les écosystèmes environnants. L'entomologiste Miriam Arias, de l'UEES, met en garde contre l'impact de la cochenille sur les exploitations de bananes, produit phare de l'économie équatorienne.
Une fois contaminés, les régimes sont rejetés "parce qu'aucune cochenille, ni morte ni vivante (...) ne peut être expédiée vers un pays étranger", explique-t-elle.
Le risque est que la propagation du poux ravageur soit d'origine anthropique. "Une seule feuille infectée porte jusqu'à 500 oeufs, elle peut se coller à nos vêtements et peut être facilement transportée", détaille Mme Arias.
En 2021, d'autres espèces de cochenilles invasives ont été découvertes en Équateur qui ont été contrôlées avec le même protocole qui a permis d'éviter leur prolifération en Colombie.
Le remède: la coccinelle Novius punicus, un insecte qui s'attaque au ravageur.
"Ces cochenilles n'ont jamais été contrôlées avec succès à l'aide d'insecticides, où que ce soit dans le monde, c'est un échec", souligne Mme Arias. "La meilleure lutte est biologique, grâce à l'élevage et au lâcher de coccinelles" mais aussi de guêpes.
Mais les municipalités "ne le font pas, elles préfèrent fumiger la nuit et empoisonner les gens", accuse-t-elle. Sa collègue Natalia Molina prévient à son tour : "La propagation de ce ravageur va atteindre des cultures commercialement importantes".
Sa prolifération menacerait même désormais des cultures emblématiques comme la banane, dont l'Equateur est le premier exportateur mondial.
Les majestueux samans, les ceibos rougeoyants et les florescents guayacans -essentiels pour lutter contre l'érosion des sols- sont quelques-uns des spécimens touchés par cet insecte parasite blanchâtre, semblable à des flocons de neige, qui se loge dans les branches.
Natif et habitant du grand port du sud-ouest de l'Equateur, John Garcia se souvient que jusqu'en 2019, il pouvait profiter d'une ombre naturelle en se promenant dans le jardin de la Citadelle Kennedy, dans le nord de la ville surnommée "la perle du Pacifique".
"Maintenant, c'est un parc mort. Ici, il y avait de la faune, des oiseaux, beaucoup d'iguanes", raconte à l'AFP ce photographe de 61 ans, fin observateur de la faune et flore locale.
"Un problème grave"
Selon la municipalité, la cochenille (Maconillicococcus hibiscus) "a attaqué il y a 10 ans en Colombie" et "est maintenant très présente dans notre pays". Sa propagation a été facilitée par la pandémie de Covid-19 qui a frappé la cité de plein fouet et paralysé toute action publique.
Dans l'agglomération de trois millions d'habitants, le long des rives du fleuve Guayas et de ses affluents, épicentre du narcotrafic qui gangrène le pays, les rares espaces verts sont appréciés pour leur fraicheur et comme de fragiles îlots de loisirs au milieu d'un quotidien de violences entre gangs.
Il y a encore quelques années, les grandes avenues étaient parsemées d'arbres verdoyants. Beaucoup aujourd'hui sont morts, asséchés, troncs pelés qui n'attendent plus que d'être tronçonnés.
Face à l'épidémie, le maire Aquiles Alvarez promettait en juillet "un plan d'action complet", parlant "d'un problème grave et regrettable".
"On ne sait toujours pas en quoi consiste ce plan", s'étonnait mi-janvier le quotidien Primicias. Les chiffres de la municipalité datant de 2022 parlaient d'une contagion étendue à 903 parcs et espaces verts, selon la presse.
La direction de l'environnement de la mairie affirme avoir traité 2.900 arbres à ce jour selon un protocole phytosanitaire et d'endothérapie, et promis d'en replanter 2.000 autres.
"Nous travaillons dur pour récupérer les arbres malades, c'est un processus lent", se défend le chef de ce département, Adrian Zambrano, selon lequel les résultats "ont été positifs à 80%" et l'épidémie devrait être contrôlée totalement d'ici deux ans.
Alarmées, des associations de quartier s'efforcent cependant de lutter contre le fléau. Dans le secteur privilégié de Samborondon, des femmes se réunissent ainsi pour nettoyer et traiter la végétation malade.
Solution Coccinelle
"Si nous ne prenons pas les choses en main, les prochains arbres à mourir seront les oliviers noirs", met en garde Maria Fernanda Baquerizo, représentante du club de jardinage du lotissement Castelago.
Ces dix femmes ont été formées par une université locale (UESS) pour lutter contre l'infestation sans avoir recours à des produits chimiques, avec l'injection directement dans le tronc de traitements phytosanitaires.
Pour le photographe Garcia, la cochenille provoque un effet de chaîne qui affecte les écosystèmes environnants. L'entomologiste Miriam Arias, de l'UEES, met en garde contre l'impact de la cochenille sur les exploitations de bananes, produit phare de l'économie équatorienne.
Une fois contaminés, les régimes sont rejetés "parce qu'aucune cochenille, ni morte ni vivante (...) ne peut être expédiée vers un pays étranger", explique-t-elle.
Le risque est que la propagation du poux ravageur soit d'origine anthropique. "Une seule feuille infectée porte jusqu'à 500 oeufs, elle peut se coller à nos vêtements et peut être facilement transportée", détaille Mme Arias.
En 2021, d'autres espèces de cochenilles invasives ont été découvertes en Équateur qui ont été contrôlées avec le même protocole qui a permis d'éviter leur prolifération en Colombie.
Le remède: la coccinelle Novius punicus, un insecte qui s'attaque au ravageur.
"Ces cochenilles n'ont jamais été contrôlées avec succès à l'aide d'insecticides, où que ce soit dans le monde, c'est un échec", souligne Mme Arias. "La meilleure lutte est biologique, grâce à l'élevage et au lâcher de coccinelles" mais aussi de guêpes.
Mais les municipalités "ne le font pas, elles préfèrent fumiger la nuit et empoisonner les gens", accuse-t-elle. Sa collègue Natalia Molina prévient à son tour : "La propagation de ce ravageur va atteindre des cultures commercialement importantes".