Épidémie papoue de choléra : MSF confirme trois cent morts


PORT-MORESBY, vendredi 10 décembre 2010 (Flash d'Océanie) – L’organisation non gouvernementale Médecins sans Frontières (MSF) a confirmé jeudi les estimations de trois cent victimes de l’épidémie de choléra qui touche depuis deux mois la petite île papoue de Daru (Sud-ouest de l’archipel).
L’ONG, qui s’attend à un bilan beaucoup plus sévère au cours des semaines à venir, confirme ainsi les estimations des services locaux de santé, mais aussi des équipes internationales venues notamment d’Australie et de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui sont sur place depuis novembre 2010 pur tenter d’endiguer l’épidémie.
Hernan del Valle, chef de la mission MSF à Daru, a déclaré à Radio New Zealand International, une nouvelle fois attribué la progression jusqu’ici non réfrénée de la maladie aux difficultés de transports et de voies d’accès aux villages les plus reculés de cette île, où les systèmes de veille sanitaire sont inexistants.
Une équipe est en voie de constitution afin de se rendre dans les endroits les plus isolés de la province occidentale, y compris ceux situés dans les environs de la rivière Fly, où se trouve aussi le site d’exploitation de l’importante mine de cuivre d’OK Tedi.
Le ministère papou de la santé a pour sa part, en milieu de semaine, lui aussi porté le bilan provisoire des victimes à plus de trois cent et estimé le nombre de cas de choléra à près de trois mille.
En début de semaine, les autorités sanitaires de Daru évoquaient « entre deux et trois cent morts » et plus de deux mille cas.
Depuis mi-novembre 2010, les bilans officiels concernant cette épidémie, sur cette île du Sud-ouest de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et toute proche de la pointe extrême Nord de l’Australie, outre le Détroit de Torrès, faisaient déjà état d’une trentaine de morts (dont la plupart sont des enfants décédés de suites d’une déshydratation).
Mais ils ne concernaient que les informations recueillies sur place, à l’hôpital même de Daru, sans tenter de connaître la situation dans les villages.
Le quotidien papou Post Courier publiait notamment à l’époque le témoignage d’un prêtre sur place, le père Vinod D’Mello, qui évoquait déjà ses pires craintes concernant « une centaine de morts », une projection dont il expliquait l’ordre de grandeur justement par la difficulté pour les services sanitaires déployés de contacter des populations parfois très isolées.
Ces nouvelles estimations s’appuient notamment sur les chiffres collectés à distance et souvent par téléphone ou par radio HF par les services de santé, pour les régions les plus inaccessibles de cette province de l’Ouest de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, toute proche de l’Australie.
Selon ces sources, alors que le nombre de victimes de la maladie au centre hospitalier de Daru dépasse à peine la trentaine, le reste a été signalé dans les villages les plus reculés et les plus difficiles d’accès de la région, en raison de l’absence de routes ou de pistes.
La semaine dernière, le gouvernement papou a nommé au poste de coordinateur des services sanitaires et de la réponse à l’épidémie dans cette région le Dr Sibak Biep, qui avait déjà fait ses preuves depuis l’an dernier lors de précédentes épidémies dans d’autres régions de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Combinaison de moyens : Australie, OMS, Papouasie-Nouvelle-Guinée

Fin novembre 2010, Kevin Rudd, ministre australien des affaires étrangères, a annoncé une intensification de l’aide australienne en faveur des populations touchées par l’épidémie et une mobilisation de moyens humains et matériels en supplément de ceux déjà déployés dans le cadre d’un effort tripartite Australie/Papouasie-Nouvelle-Guinée/Organisation Mondiale de la Santé et dont l’objet initial était d’évaluer sur place la situation.
Le nouveau paquet comprend des experts médicaux et épidémiologies, ainsi que d’importants stocks de liquides de réhydratation, à administrer soit par voie intraveineuses (perfusions, mille litres), soit par voie orale (douze cent doses).
Cinquante mille tablettes de purification d’eau et huit cent conteneurs de dix litres d’eau potable font aussi partie de ce stock.

Sensibilisation à l’hygiène

Concernant un volet dédié à l’information et à la sensibilisation des populations, mille posters sont aussi envoyés sur Daru, afin de faire passer un message axé sur le respect de règle hygiéniques de base (se laver les mains, faire bouillir systématiquement l’eau avant de la consommer).
Depuis le début d’une épidémie, dans d’autres provinces papoues (celles de Morobé, Madang, Sépik oriental et occidental, Hauts-Plateaux du Sud et dans la capitale Port-Moresby) mi-2009, l’Australie avait aussi mobilisé des moyens importants (qu’elle évalue à 1,7 millions de ses dollars, soit 1,2 millions d’euros).
Ces précédentes épidémies, désormais largement maîtrisée, auraient fait une quarantaine de victimes.
Elles avaient suscité en septembre 2009 la déclaration d’un état d’urgence sanitaire national, du fait de la combinaison de cette maladie avec d’autres épidémies (de grippe saisonnière et de dysenterie).
« Quiconque visite ces zones affectées doit observer des précautions hygiéniques strictes, y compris se laver les mains soigneusement et fréquemment. Nous recommandons aussi de ne boire que de l’eau provenant de sources connues (comme l’eau en bouteille, l’eau chlorée ou bouillie), d’éviter les glaçons et la nourriture crue ou insuffisamment cuite », avertissait le gouvernement australien dans la dernière version mise à jour de ses conseils aux voyageurs.
Depuis début novembre 2010, la majorité des victimes a succombé à des symptômes similaires à ceux de la diarrhée, entraînant une déshydratation.
Dans un premier temps, le gouvernement australien avait d’abord décidé de restreindre jusqu’à nouvel ordre les facilités de déplacement des personnes de part et d’autres du Détroit de Torrès.
Ces restrictions viennent suspendre les dispositions particulières accordées aux populations situées de part et d’autre de ce bras de mer, dans le cadre d’un traité bilatéral de libre circulation des personnes entre l’Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Tout comme lors de précédentes vagues de l’épidémie qui ont touché plusieurs provinces plus au Nord de l’île principale, la qualité de l’eau potable accessible au public serait une des causes les plus probables de transmission de cette maladie.

Aide à la lutte contre l’épidémie haïtienne aussi

Par ailleurs, mardi 7 décembre 2010, le gouvernement australien, par la voix de son ministre des affaires étrangères Kevin Rudd, a annoncé qu’il se joignait aux efforts de la communauté internationale pour lutter contre une autre épidémie de choléra : celle qui frappe Haïti et qui aurait fait ces dernières semaines plus de dix sept cent morts depuis la déclaration de l’épidémie, le 21 octobre 2010.
La contribution australienne, qui passera par le fonds de solidarité des Nations-Unies en faveur d’Haïti, a été portée à un million de dollars australiens (740.000 euros), soit à peu près le même montant que Canberra consacré à l’épidémie papoue.

pad

Rédigé par PaD le Jeudi 9 Décembre 2010 à 21:19 | Lu 1164 fois