Entreprises, ministères : traitement spécial pour les déchets confidentiels


LA COURNEUVE, 7 juil 2012 - Des poubelles à l'allure de coffre-fort, un camion-broyeur digne d'un film d'espionnage, le tout sur un site hautement sécurisé : les entreprises sont de plus en plus nombreuses à accorder un traitement particulier à leurs déchets confidentiels.

Paprec, à travers son activité "Confidentialys" et Veolia propreté avec "Motus" font partie des leaders sur le marché français.

La première est passée de 664 clients en 2009 à 899 en 2011, pour un chiffre d'affaires passé de 3,8 millions d'euros à 5,1 millions.

Parmi leurs clients, Veolia Propreté et Paprec citent des banques, des assurances, mais aussi des ministères. "Il y a aussi bien de très petites entreprises que de grosses firmes", explique à l'AFP Olivier Lebouc, directeur d'agence régionale à Veolia Propreté.

Tous attendent une sécurité maximale pour la destruction de certains de leurs déchets.

Les laboratoires pharmaceutiques, la recherche industrielle, "deux industries où il y a eu beaucoup de fuites", font également partie "de nos gros clients", explique Yves Lorieux, directeur de Confidentialys, qui compte sept agences en France.

"Parce que certains documents ne sont pas à mettre entre toutes les mains!", écrit Veolia Propreté sur sa brochure publicitaire, avec, en fond, un homme qui prend en photo des documents sur un bureau.

Le plus grand site Paprec se trouve à La Courneuve en Seine-Saint-Denis ; près de 7.000 tonnes de papier en sont sortis en 2011. Les listes électorales des primaires du parti socialiste y ont été broyées, de même que des documents de cabinets ministériels, en particulier lors du récent changement de gouvernement.

"On garantit une destruction selon un processus normé", explique M. Lorieux.

Un camion de l'entreprise, tracé par un GPS, collecte les déchets confidentiels chez le client, souvent enfermés dans des poubelles sécurisées. Puis ils sont ramenés à l'agence, sur le site de destruction hautement sécurisé.

Certains clients assistent à la destruction depuis une salle vitrée installée au-dessus des lignes de broyage des déchets.

Un camion-broyeur, notamment un mystérieux gros engin noir, peut également aller chez le client détruire sur place papiers et autres objets.

Finalement, les documents deviennent des confettis, pressés dans des balles de plus d'une tonne, qui sont envoyées dans des entreprises de recyclage.

"Avant, il y a avait moins de vigilance dans la destruction. Le chauffeur se permettait une pause à la station-service", explique une salariée de Docapost BPO-Extelia, entreprise qui fait détruire par Paprec des millions de chèques en fin de vie, pour éviter les fraudes.

"Certains utilisent des broyeuses dans leur entreprise, mais le risque, c'est que le jour où on n'a pas le temps, le document passe à la poubelle normale", lâche Yves Lorieux. "On a tous entendu parler d'informations confidentielles dans la presse...", poursuit-il.

Même si "c'est un marché qui se développe", "la destruction confidentielle reste embryonnaire en France, contrairement aux pays de l'Europe du nord", dit-il.

M. Lebouc, de Veolia propreté, explique que "le nombre de clients qui s'intéressent au traitement confidentiel augmente". Aujourd'hui, "20% des documents que (Veolia Propreté) recycle sont détruits au titre des déchets confidentiels", loin derrière la Grande-Bretagne. "Seule une réglementation précise pourrait faire progresser ce pourcentage", estime-t-il.


Par Caroline TAIX

Rédigé par AFP le Vendredi 6 Juillet 2012 à 22:59 | Lu 575 fois