“Enfin on va voir quelque chose de concret”. Le projet de loi sur le cannabis fait son retour à l'assemblée


Le projet de loi relatif à la réglementation de cannabis dépourvu de propriétés stupéfiantes est examiné ce mardi lors de la Commission santé et des solidarités à l'assemblée. Crédit photo : Archives TI.
Tahiti, le 3 juin 2024 - Le projet de loi relatif “à la réglementation du cannabis dépourvu de propriétés stupéfiantes (avec un taux de THC de maximum 0,3%)” doit être examiné ce mardi à l'assemblée en Commission de la santé et des solidarités. Un texte de loi qui a le mérite d'exister, mais qui reste “incomplet” pour Karl Anihia, le président de Tahiti Herb Culture.
 
“Enfin on va voir quelque chose de concret. Je milite depuis dix ans, et c'est bien, car c'est un premier pas. Ce n'est pas parfait, car le texte est encore incomplet, mais on est heureux”, a confié à Tahiti Infos, Karl Anihia, le président de Tahiti Herb Culture. La veille du passage en Commission de la santé et des solidarités du projet de loi du Pays “de réglementation du cannabis dépourvu de propriétés stupéfiantes (taux de THC de maximum 0,3%, ndlr)” tant attendu, le président de THC reste donc sur sa faim vis-à-vis de ce texte.
 
D'autant qu'il nous explique ne pas avoir été consulté ni sollicité lors des auditions de la semaine dernière, contrairement à ce que lui aurait promis le président. “Je vais être présent demain (ce mardi, NDLR) lors de la commission, car j'aimerais entendre les questions des élus”, nous explique-t-il, avant de critiquer le gouvernement. “Au gouvernement, il y a beaucoup d'incompétence et d'incohérence. Ils font l'amalgame sur tout : l'usage récréatif avec le CBD et le thérapeutique...”
 
CBD et chanvre sous contrôle...
 
Mais alors, que prévoit réellement ce texte de loi, dont le Cesec s'était déjà emparé en concluant à un vote positif pour le cannabis thérapeutique et non “pour tout le reste” ? Eh bien tout d'abord, il y a l'importation et la cession de semences de cannabis, uniquement destinées à la culture. “L’agrément pour l’importation et la cession de semences de cannabis sera délivré par arrêté du président de la Polynésie française (...) En outre, chaque importation doit faire l’objet également d’une autorisation par arrêté du président”, précise d'ailleurs le projet de loi. Concernant la culture de cannabis dépourvu de propriétés stupéfiantes, là encore le texte le permettra, sous réserve d'autorisation spécifique délivrée par arrêté. Des agents du Pays seront bien sûr chargés du maintien et du respect de la réglementation en vigueur.
 
Avec cette loi, le Pays ouvre donc la voie au juteux business du CBD, qui pourrait créer une vague d'ouverture de commerces spécialisés au Fenua. “J'ai d'ailleurs une grosse filière française qui m'a déjà contacté et qui souhaite ouvrir des magasins ici”, révèle Karl Anihia.
 
... Le thérapeutique dans le flou
 
Pour le cannabis thérapeutique, par contre, le projet de loi ne prévoit que l'importation de certains médicaments contenant du cannabis ou des cannabinoïdes. Des médicaments qui, dans les pays les autorisant, sont très encadrés et distribués par les pharmacies pour des maladies très spécifiques et listées. Mais d'après le président de THC, le gouvernement polynésien naviguerait à vue sur ce sujet. “Ils n'ont pas su répondre quand je leur ai demandé quels médicaments et pour quelles pathologies. La seule réponse de Moetai Brotherson a été de me dire que des médicaments à base de THC seront bien disponibles d'ici la fin de l'année.”

Rédigé par Thibault Segalard le Lundi 3 Juin 2024 à 16:02 | Lu 2834 fois