Energie: le Medef défend gaz de schiste et nucléaire dans le débat national


PARIS, 24 avr 2013 (AFP) - La patronne du Medef Laurence Parisot a plaidé mercredi en faveur d'une "énergie peu chère" en France, en appelant notamment à rechercher, et si possible à exploiter, le gaz de schiste dans le sous-sol français et à "préserver les atouts du nucléaire".

L'organisation patronale, qui présentait à la presse ses propositions pour le débat national sur la "transition énergétique" mis en place par le gouvernement, a plaidé la "prudence" pour éviter l'envol de la facture énergétique des entreprises déjà "exsangues et à bout de souffle".

"On me demande souvent: comment réindustrialiser la France? Au-delà du pacte de compétitivité, que je salue, il y a une réponse très simple: explorons et exploitons dans notre pays les gaz de schiste", a déclaré Mme Parisot.

"La réindustrialisation dans ces cas là pourraient intervenir très rapidement", a-t-elle affirmé, dénonçant "un débat interdit" sur le gaz de schiste. "Nous on dit: +il faut en parler+".

"Pour avoir les mêmes chances que les entreprises allemandes, nous devons traiter la question de la dette et du déficit. Pour avoir la même chance que les entreprises américaines, nous devons traiter la question du gaz de schiste", a-t-elle dit.

Autre accent mis par le Medef, "préserver les atouts du nucléaire", par exemple en matière de changement climatique et de prix compétitif de l'électricité.

"Une transition énergétique à l'allemande" avec sortie du nucléaire et investissements très importants dans le solaire et l'éolien, "n'est pas nécessaire à nos yeux et surtout on n'a pas les moyens de se la payer", a estimé Jean-Pierre Clamadieu, président du chimiste Solvay et responsable au Medef, citant les "1.000 milliards d'euros" consacrés par l'Allemagne d'ici 2030.

Mme Parisot a qualifié d'"aberration" la fermeture anticipée de la centrale nucléaire alsacienne de Fessenheim, plaisantant en évoquant "la solidarité Medef-CGT totale" contre l'arrêt prévu par le gouvernement d'ici 2017.

Dans une liste en sept points présentée mercredi, le Medef appelle également à développer l'efficacité énergétique "la plus rentable" et à développer les énergies renouvelables, "à des conditions économiques raisonnables" selon M. Clamadieu.

Réagissant à ces propos, la ministre de l'Energie et de l'Ecologie Delphine Batho a proposé "un débat public" à Mme Parisot, estimant que le débat sur les gaz de schiste n'était pas du tout "interdit ou tabou".

Sur les gaz de schiste, "il y a une limite au marché: sacrifier l'eau, la terre, l'air à des profits immédiats, sacrifier ce qui est un patrimoine collectif, ce n'est pas la bonne logique et la bonne réponse aux difficultés économiques que nous connaissons", a estimé la ministre sur France Info.

"Il y a des alternatives pour répondre aux problèmes de compétitivité économique", a-t-elle estimé, citant "la croissance verte" ou l'efficacité énergétique "qui peut nous faire gagner des milliards d'euros".

La Fondation Nicolas Hulot (FNH) a quant à elle dénoncé une vision "caricaturale" de l'organisation patronale.

"Il est temps que le Medef évolue sur ces questions, accepte enfin de voir les bénéfices économiques de la transition énergétique car les travaux en cours dans le débat montrent clairement que leur position est dépassée", a déclaré à l'AFP son porte-parole Mathieu Orphelin.

Le "Parlement" du débat sur la transition énergétique se réunit jeudi, pour la première fois en présence de la presse, afin de discuter de scénarios réalisés par des groupes de travail, notamment sur l'évolution de la demande d'énergie.

Rédigé par () le Mercredi 24 Avril 2013 à 06:23 | Lu 263 fois